COMMENT REUSSIR SA THESE ? (3 étapes)

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Ce colloque s’est tenu le jeudi 25 novembre 2021 et était organisé par le Centre de recherches francophone en économie et gestion (CREFEGE) ainsi que par l’agence universitaire de la francophonie (AUF). Les actes de ce colloque seront publiés très prochainement par les comités d’organisation. Réussir sa thèse, vaste programme ! Réussir sa thèse, ce n’est pas seulement achever sa thèse. C’est aussi réussir à la soutenir, c’est rendre un travail de qualité qui sera validé à l’issue de la soutenance, c’est être en mesure de la terminer dans les délais impartis, mais c’est aussi avoir une expérience de recherche qui soit porteuse pour la suite de votre carrière. Réussir sa thèse, c’est sentir qu’on avance en dépit des doutes et de l’incertitude omniprésents, c’est voir clair dans sa thèse et organiser ses réflexions, c’est conduire des expériences, communiquer, analyser des résultats et synthétiser des données préalablement collectées. Réussir sa thèse, c’est une histoire d’équilibre entre réussite personnelle et réussite professionnelle. Alors, comment allier cette somme de paramètres pour mettre en œuvre sa réussite en thèse et en devenir l’acteur ? Pour le comprendre, il faut distinguer ce qui relève du domaine de recherche dans lequel la thèse s’inscrit, ce qui concerne l’élaboration de la thèse en elle-même, et ce qui est relatif au chercheur qui conduit la thèse. I. Définir et délimiter son sujet pendant la conduite des recherches 1. Rester maître de son sujet Réussir sa thèse, c’est d’abord faire une thèse qui sera porteuse. C’est faire une thèse qui vous permettra une poursuite de carrière dans votre domaine de recherche. Il faut donc penser votre sujet en ces termes et tenir ce cap tout au long des années doctorales : votre sujet d’étude va évoluer en fonction des résultats que vous aurez, et la difficulté est de toujours garder en tête les enjeux de votre projet doctoral. En première année, vous avez en tête des hypothèses qui peuvent s’avérer erronées par la suite. Par exemple, lorsque je préparais mon projet doctoral en histoire de l’art avec mon directeur de thèse, nous étions partis d’une question : pourquoi les artistes anglais ne sont pas venus s’installer en France au début du 20ème siècle, alors que les artistes du monde entier ont afflué par centaines : Picasso, Modigliani, Dali, Chagall ou Brancusi, tous ces artistes qui venaient de l’étranger ont laissé une empreinte durable sur le développement de l’art français et européen. Mais nous ne connaissions pas d’artiste anglais d’envergure et nous voulions comprendre pourquoi les Anglais n’étaient pas venus se mêler à la scène artistique parisienne. Après quelques semaines de recherche, j’avais un fichier Excel contenant plusieurs centaines de noms d’artistes anglais qui étaient venus exposer et vivre en France à cette période. Nos hypothèses de départ étaient donc erronées, les Anglais étaient bien présents, les questions devaient être reformulées et mon projet doctoral était complètement remis en question dès les premiers mois de la recherche. J’ai dû repenser mon sujet, et il est probable que vous ayez à en faire autant au cours de vos années de thèse. Les lignes des sujets de thèses bougent de façon conséquente en fonction des résultats, et les jeunes chercheurs peuvent avoir tendance à se laisser guider par ces résultats en oubliant en cours de route les enjeux qui sont ceux du projet doctoral. Ces enjeux ont en leur cœur l’idée centrale que la recherche doit se tenir sur les lignes du programme de laboratoire. Le sujet de la thèse doit être porteur pour une poursuite de carrière dans un domaine donné. Il faut, en dépit des résultats, toujours penser à la façon dont votre travail vous permettra d’évoluer par la suite. La thèse ne doit pas seulement vous permettre d’obtenir votre doctorat, elle doit aussi vous ouvrir des portes dans les équipes de recherche ou dans les entreprises, dans votre projet post-doctoral. Le doctorat en lui-même n’en fera rien ou si peu, et ce sont vos travaux de thèse qui seront au fondement de votre avenir professionnel. N’ayez donc pas peur de redéfinir votre sujet et de le porter le plus loin possible. Réussir sa thèse, c’est avoir à l’issue du doctorat une thèse qui sera à la fois le point de départ et le socle de votre poursuite de carrière – qu’elle soit académique ou non. Demandez-vous toujours où ces recherches vous conduisent. Cette capacité vous permettra d’ancrer votre recherche et de ne pas perdre le fil au cours des années doctorales. 2. Avoir une vision long terme Une difficulté majeure à laquelle sont confrontés les doctorants, c’est l’absence de vision long terme. Pendant la thèse, vous allez apprendre de nouvelles choses sur votre domaine de recherche, et vos résultats vont vous porter sans arrêt d’un point à un autre du terrain de votre recherche. Après quelques mois, les certitudes que vous aviez au démarrage peuvent être ébranlées, et il est courant dans ce cas d’avoir le sentiment de ne plus rien savoir, d’être perdu dans un territoire trop vaste et de perdre de vue la direction dans laquelle on va. C’est là, que vous serez vraiment en train de faire de la recherche. C’est lorsque vous dépasserez le stade de l’assimilation des sources et des connaissances préexistantes, pour vous aventurer dans l’inconnu des nouvelles hypothèses, et que vous seul devrez transformer en réponse organisée à la problématique posée. Cette phase va requérir d’avoir une vision long terme, c’est-à-dire la capacité à porter le regard au-delà de l’inconnu et d’avoir en tête ce que votre recherche peut apporter au domaine en question. C’est ce qui vous permettra de rester sur la ligne sans perdre de vue votre direction. Votre but, pendant la thèse, c’est de ne pas perdre pied dans ces différentes phases d’incertitude. Ne suivez pas votre sujet en terre inconnue. Votre rôle n’est pas de le suivre mais de le guider pour le conduire vers la sortie, jusqu’à son point d’aboutissement. Vous avez la carte, il vous faut définir le chemin et tracer un itinéraire pendant la conduite des recherches.

ÊTRE DOCTORANT SALARIÉ (3/3)

doctorant salarié

Pour lire le début de cet article en trois parties, c’est ici 👉 Partie 1 et Partie 2 3. Être doctorant salarié est votre capital a. C’est un indicateur Quand on est dedans, on peut avoir des difficultés à percevoir en quoi le fait d’être doctorant salarié est bénéfique. Personnellement, j’ai principalement vécu le fait d’être salariée comme un obstacle, comme une difficulté supplémentaire, un handicap. J’avais tort. On croit souvent aussi que le doctorat sera notre principale richesse quand on l’aura obtenu, que c’est sur lui qu’on pourra capitaliser. C’est faux, ce n’est pas le cas. Je peux vous le dire car j’ai connu les deux, j’ai été salariée pendant les quatre premières années et j’ai été financée pour ma dernière année. J’ai donc pu me consacrer entièrement à ma thèse pendant un an, et la dernière fut pire que les autres. Pire, mais vraiment pire que tout ce que j’avais déjà traversé réuni. C’est peut-être parce qu’une part de moi s’est relâchée, ou parce que le financement a exercé une pression que je n’avais pas anticipée. Peut-être un peu de tout cela. En tout cas, j’ai soutenu depuis deux ans et j’ai suffisamment de recul pour voir clairement ce que je n’étais pas capable de percevoir à l’époque. Je pense que ce fut une chance d’être salariée, parce que la somme des expériences m’apparaît aujourd’hui comme un ensemble cohérent et plus comme quelque chose de décousu. Je m’explique. Pendant ma thèse, j’étais concentrée sur l’obtention de mon doctorat. Toute ma vie s’est organisée en fonction de cet objectif. Je me suis parfois projetée dans d’autres activités, mais très vite mon esprit revenait sur le doctorat. Quand vous savez que la recherche n’est plus une voie pour vous parce qu’elle vous a trop abîmé, vous savez que vous allez la quitter mais quelque chose vous pousse à « aller au bout » avant – je ne m’explique pas ce phénomène, qui fait penser à des situations de relations toxiques. Du fait d’être concentrée sur l’objectif de la recherche, tout ce qui gravitait autour m’apparaissait comme des obstacles, des ralentisseurs, des boulets à mes chevilles. Je n’étais complètement investie dans aucun autre aspect de ma vie. C’est donc inconsciemment, sans réelle réflexion, que j’ai construit ces autres aspects de ma vie : ce job conviendra, ce repas fera l’affaire, ce gars sera très bien. L’inconsistance était généralisée, intrinsèque. Une fois la thèse terminée, tout le reste s’est terminé aussi à une vitesse déconcertante. Tout devient évident, vous voyez l’ensemble. Sans la thèse, vous vous demandez où est le problème. Vous êtes toujours dans une quête acharnée de solutions et vous vous rendez-compte qu’il n’y a plus lieu d’en chercher : le livre de problèmes est refermé, il n’y a plus qu’à aller jouer. Vous qui lisez ceci et qui êtes peut-être encore dans une spirale infernale, ces mots vous paraîtront sûrement bêtes ou effrayants, mais je vous assure que rien n’a été plus simple, plus évident. C’est pour cela que je vous inciterai toujours à faire une thèse si vous hésitez, et à l’achever si vous doutez. C’est pour cette sensation de libération totale que j’apparente à l’arrivée au sommet de la plus haute montagne. Si vous restez en bas et que votre regard est de ceux qui veulent porter plus loin, elle sera toujours une gêne ; si vous redescendez après avoir commencé l’ascension, je me dis que cela revient presque au même – mais je me trompe peut-être. En tout cas, tout change à l’arrivée et comme pour tout sportif qui vient de se surpasser, la phase d’analyse commence. Vous avez maintenant le temps de penser à ce que vous avez mis en place pour atteindre votre objectif et vous percevez tous les liens, toutes les relations entre vos actions. Dans le cas du doctorat salarié, ces expériences professionnelles qui vous ont servi d’outils, deviennent des éléments indissociables de votre réussite. Pour rien au monde vous ne les échangeriez, les mettriez de côté ou les planqueriez, pour rien au monde vous ne les rangeriez au fond d’un tiroir. Vous comprenez pleinement leur intérêt, leur valeur, et vous n’allez plus nulle part sans eux. Pendant le doctorat, j’ai fait toutes sortes de jobs, du Mc Do à l’enseignement supérieur et des gardes d’enfants à la recherche associée à l’université de Yale, dans cet ordre – parce que l’ordre compte. Ce que je n’ai pas voulu faire aussi, compte. Et ce qui compte par-dessus tout, c’est que tous les jobs que vous avez faits, valorisants ou pas, vous informent de la même manière sur ce que vous voulez vraiment faire à partir de maintenant. Tout ce que vous avez fait possède un dénominateur commun que vous ne perceviez pas avant parce qu’il y avait la priorité d’atteindre le haut de la montagne. Une fois en haut, tout se replace sans hiérarchie aucune. C’est pour cette raison que j’ai aimé l’après-thèse mais qu’elle m’a déconcertée aussi. Il n’y a plus rien d’inférieur car il n’y a plus de sommet. Vous vous demandez le plus simplement du monde ce que vous avez envie de faire – et des évidences comme celles-là méritent d’être vécues plutôt que sues, je vous assure. b. C’est votre plus grande force par la suite Faire un doctorat est un moyen de faire une carrière académique, et le doctorant salarié a souvent quelque chose en tête, quelque chose à atteindre par cette voie en particulier. Le doctorat est une possibilité pour qui veut changer de monde, changer de condition, changer d’identité ou de réalité. Aucun humain ayant le luxe de croire qu’un doctorat ne sert à rien – en SHS encore moins – parce qu’il ne permet pas de gagner plus d’argent ou d’atteindre un poste plus élevé, n’a saisi l’enjeu du doctorat pour le doctorant salarié. Quand vous serez docteur SHS, que vous aurez parlé aux clients du Mc Do, aux jeunes des cités, aux clients d’une banque, fait partie d’une équipe de commerciaux, fréquenté des chercheurs, des pontes, organisé

ÊTRE DOCTORANT SALARIÉ 2/3

doctorant salarié

Première partie de l’article 2. S’organiser quand on est doctorant salarié a) Avoir une stratégie de long terme S’organiser quand on est doctorant salarié, c’est le nerf de la guerre. Les doctorants salariés savent que la difficulté n’est pas seulement de mener de front leur thèse et leur travail, c’est qu’il faut remplacer le financement par des expériences valorisantes. Cela les rassure, d’abord, car cela compense. Il va sans dire qu’une thèse non financée est une thèse qui n’a pas fait ses preuves de rentabilité. Vous pouvez mettre n’importe quel discours et n’importe quelle expérience là-dessus, ce sera vrai dans l’esprit des gens jusqu’à la fin des temps. Par conséquent, le doctorant salarié va souvent chercher à accumuler les expériences. Plus la fin de la thèse approche, plus il est surchargé. Je pense que c’est une logique gagnante, que c’est ce qu’il faut faire pour optimiser ses chances dans la poursuite de carrière. Le problème, c’est que c’est surhumain de gérer une thèse, un emploi et différentes activités supplémentaires. S’organiser est une clé qui vous permettra de gérer au mieux l’anxiété qui peut survenir du fait de la surcharge de travail. Il faut une stratégie, et je ne parle pas d’un truc très compliqué. Il s’agit juste d’être au clair avec vous-même sur les actions à mener, de sorte à éviter les réflexions dans l’urgence et les mauvaises décisions – celles qui sont prises selon les émotions ou la fatigue du moment. Pour ma part, j’ai commencé mon doctorat en étant surveillante dans un internat. Cela me permettait de travailler la nuit, d’être payée pour être présente et dormir sur place. C’est vraiment le meilleur job que je pourrais conseiller aux doctorants non-financés, même si je sais que c’est facile à dire. À l’époque, je venais de me séparer et ce job m’a rendu service car il comblait un certain vide, une certaine réalité. Je me suis remise de cette rupture à la vitesse de l’éclair grâce à ce planning qui était particulier, mais je ne pense pas que j’aurais fait ce job si j’avais été en couple ou en famille. À temps plein, ce job représentait trois ou quatre nuits par semaine. Il fallait arriver à 18 heures, surveiller le réfectoire pendant que les jeunes dînaient puis les surveiller durant la soirée. À partir de 20 heures 30, c’était très calme. Ma collègue était doctorante aussi, ce fut ma chance. On a passé nos soirées à discuter de tout ce qui nous occupait et nous avions de bonnes relations avec les jeunes. C’était un travail relativement agréable et on pouvait travailler un peu le soir si on le souhaitait. On se couchait quand on voulait et on se levait vers 6 heures pour se préparer. Il fallait encore surveiller le petit déjeuner et nous quittions l’établissement à 8 heures du matin. La plupart du temps, après le travail je rentrais chez moi travailler sur ma thèse ou j’allais le faire à l’université. La difficulté quand je rentrais chez moi était de ne pas aller me recoucher ou de laisser filer la matinée, et la difficulté quand j’allais à l’université était de ne pas être tentée de rentrer après le déjeuner. Même si nous pouvions dormir à l’internat, ce n’était pas comme être chez soi. Les moments de calme arrivaient tard dans la soirée, au réveil il fallait être opérationnel et dormir hors de chez soi n’est jamais aussi reposant que de le faire à la maison. C’est un travail qui use énormément. Le fait d’être sans cesse dans l’alternance entre l’internat et la recherche était compliqué, c’était deux modes différents et on passait souvent deux à trois jours sans rentrer à la maison, donc sans se relâcher vraiment. Ajouter à cet emploi du temps strict entre le lycée et la thèse, la préparation d’une intervention en colloque ou une première publication, puis des heures d’enseignement – jusqu’à 15 heures par semaine –, puis l’organisation de colloques, et le temps passé comme représentante des doctorants ou à chercher des financements, serait devenu ingérable si je n’avais su renoncer temporairement à mon travail de thèse. J’étais parfois si épuisée et surchargée que l’idée de me rendre au lycée me donnait la nausée, alors j’appelais et je disais que j’étais souffrante. Quand on fait cela, on croit qu’on ment et on culpabilise énormément. On se dit qu’on ne sera jamais à la hauteur, qu’on n’arrive pas à gérer, mais avec le recul je pense au contraire que c’est la seule manière de réussir. C’est une façon d’être à la hauteur. Toutes les fois où je me suis forcée à me rendre au travail ou à bosser sur ma thèse alors que l’idée même de le faire me donnait la nausée, je l’ai payé dix fois le prix par la suite. Quand votre corps vous envoie ce signal, c’est qu’il faut s’arrêter. C’est que c’est vital, c’est pour vous préserver. J’ai fait l’erreur de percevoir mon corps comme un obstacle, mon mental tenait mieux. J’avais la volonté mais le reste ne suivait pas et cela m’énervait donc je faisais du sport pour me renforcer. Quelle erreur. Je me suis littéralement détruite. Je luttais en me disant que mon corps se remettrait, comme si l’esprit et le corps avaient la même vocation au lieu d’être complémentaires. C’est comme ça que j’ai fini hospitalisée. Mon corps pouvait marcher en effet, mais mon esprit était brûlé, à l’état de cendres. Écoutez votre corps, il a toujours raison. Respectez vos temps de pause, même quand vous avez ce sentiment d’effusion qu’on connaît tous en recherche. Ce sentiment d’effusion précède souvent les pires moments d’abattement, c’est un leurre de l’esprit. Vous êtes comme un enfant épuisé, vous courrez partout avec enthousiasme. Méfiez-vous de ces sensations-là. Faites un calendrier pour l’année, soyez large avec des longues plages pour faire les plus petites choses. Prévoyez des pauses dans les journées, prévoyez des congés, protégez vos weekends comme si votre vie en dépendait, car c’est le cas. Vous devez principalement

ÊTRE DOCTORANT SALARIÉ (1/3)

doctorant salarié

En France, être doctorant salarié est courant dans les domaines des sciences humaines et sociales. C’est courant parce que les financements sont rares dans ces domaines et que les hautes études en sciences humaines et sociales permettent à ceux qui les mènent de travailler de manière autonome, en dehors des laboratoires. La plupart des doctorants salariés sont donc souvent ceux qui mènent des hautes études en sciences humaines et sociales. J’ai fait partie de ces doctorants salariés, vous le savez et vous avez été nombreux depuis le début de mes activités à me demander d’évoquer ce sujet du point de vue de mon expérience : comment j’ai fait, comment je me suis organisée, quels conseils je pourrais donner par exemple. Je m’attelle aujourd’hui à le faire, mais c’est l’article le plus difficile que j’aie eu à écrire jusqu’ici car il y a beaucoup de choses que j’ai envie de dire aux doctorants salariés, et parce que le fait de l’avoir été fait écho à l’expérience la plus éprouvante de ma vie – pas parce qu’être doctorante ou être salariée a été difficile en soi, mais parce que les deux activités menées ensemble ont eu des effets dévastateurs dans ma vie. Loin de moi pourtant l’idée d’écrire un article misérabiliste dans lequel j’aurais pour vocation de victimiser les doctorants salariés. Je l’écris pour celles et ceux qui sont concernés par cette situation, et non pour les représenter auprès de celles et ceux qui ne le sont pas. 1. « L’enfer, c’est les autres » a) Le statut de doctorant salarié Le statut de doctorant salarié en lui-même fait émerger des sentiments, des états et des situations contradictoires. J’ai moins souffert de ce statut à l’université qu’ailleurs, et en haut de la longue liste des paradoxes qu’il faut porter en tant que doctorant salarié, le décalage entre le niveau d’études qu’on a et le fait d’avoir le plus souvent un job alimentaire par ailleurs est ce qui est le plus difficile à gérer. C’est l’aspect social. On a beau savoir que les deux ne sont pas corrélés dans cette situation spécifique, il n’est pas simple de s’en convaincre dans les nombreux moments de doutes. Au-delà du fait que le job qu’on a généralement ne nous satisfait pas, qu’il rémunère peu et qu’il nous prend une énergie folle, il représente aussi un risque sur le long terme : là où chacun commencerait à exercer sur un poste qualifié après l’obtention d’un master, le doctorant salarié reste souvent sur des jobs alimentaires qui présentent l’avantage de requérir peu d’investissement personnel.  Lorsqu’on est en troisième, quatrième, cinquième année de thèse voire plus, la difficulté à gérer la situation augmente car la précarité s’installe et qu’on se surcharge pour compenser tout ce que l’absence de financement implique. L’entourage comprend de moins en moins la situation et on a de plus en plus de mal à répondre aux questions de manière convaincante. Le statut à la maison est celui du loser de service qui ne sait pas gérer son temps et qui n’a rien compris aux règles du marché du travail, qui stagne pendant que les autres avancent, et notre estime de nous-même s’amoindrit. Pour moi c’est cela, qui a été le plus difficile à gérer quand j’étais doctorante salariée. C’est cette chute progressive de mon statut de doctorante prometteuse à doctorante travailleuse, puis de doctorante précaire à doctorante loseuse. Il y a un moment où quelque chose bascule autour de vous et qui finit par vous percuter de plein fouet : c’est l’image que vous renvoyez, qui va devenir votre identité. Le piège s’est refermé et c’est trop tard. b) Conseils pour gérer ce statut au sein de votre entourage Le premier conseil que je voudrais donner aux doctorants qui se préparent au doctorat non-financé, c’est donc d’être extrêmement vigilant au sujet de l’entourage. Le piège majeur c’est de croire que le statut de doctorant salarié s’assume grâce à une conviction profonde. Le piège va venir de l’extérieur pour altérer cette conviction profonde, il ne viendra pas de vous au départ. C’est votre entourage qu’il faut prévenir, c’est lui qu’il faut préparer car c’est lui qui va s’inquiéter le premier. Votre priorité est de garder les doutes des autres sous contrôle. – Pour le cercle familial, amical et amoureux : Préparez vos proches. Dites-leur que ce sera très long, que ce sera très compliqué, que c’est un travail de longue haleine et que vous allez douter. Noircissez le tableau si besoin, préparez-les au pire s’il le faut et dites à vos proches que vous aurez besoin d’eux pour ne pas être tenté d’abandonner. Dites-leur que vous comptez sur eux, que leur rôle sera déterminant pour vous et pour votre réussite, parce que c’est vrai. On a souvent tendance à préserver les autres des risques qu’on prend, mais je crois qu’il vaut mieux les préparer au pire pour qu’ils s’attendent aux difficultés et qu’ils aient le réflexe de vous soutenir au lieu de chercher à vous montrer le pire comme si vous ne le voyiez pas. Dites-leur que vous avez peur d’échouer, ils vous diront que c’est impossible. Dites-leur que vous êtes sûrs de réussir, ils trouveront cela suspect et ils auront raison car ils savent que personne ne l’est jamais. Plus vous tenterez de les préserver, plus ils croiront que vous êtes inconscients de la situation et quand vous finirez par leur parler de vos doutes, ils profiteront de ce moment de lucidité pour vous convaincre de tout arrêter. Parlez-en ouvertement tout de suite, avant même votre inscription. – Pour le travail et les acteurs de votre quotidien : Maintenant, vos proches ne sont pas les seuls à faire partie de votre entourage. Ils s’inquiéteront et pourront mépriser votre projet mais ils ne vous mépriseront pas. Le mépris, vous le ressentirez pourtant : au travail par exemple, on vous fera des reproches. Job alimentaire ou pas, vous ne vous investirez pas complètement car votre thèse sera votre priorité, mais vos collègues et supérieurs n’auront que faire de votre situation. Ils vous jugeront sur

LA PEUR DE PARLER EN PUBLIC EN DOCTORAT : COMMENT LA SURMONTER ET ÊTRE ENFIN VOUS-MÊME EN RECHERCHE ?

peur de parler en public en doctorat

La peur de parler en public, c’est la grande peur de l’humanité. C’est une peur que la conscience collective place au-dessus de la peur de mourir. Et ce qu’il y a de fou en doctorat, c’est que les grandes peurs de l’humanité que vous allez devoir affronter ne seront que des crédits doctoraux à valider. Des crédits secondaires, en plus. Le doctorat, ce n’est pas parler en public. Le doctorat c’est la thèse. Mais la thèse est ponctuelle, vous ne la ferez qu’une seule fois. Parler en public, c’est tout au long de votre carrière que vous allez devoir le faire. Pourtant, combien d’entre nous avons songé à cet aspect avant de nous inscrire en doctorat ? Qui a anticipé cette expérience et s’est dit « cela ne me fait pas peur » ? Personne. Soit on n’a pas conscience que la validation du diplôme requiert plusieurs communications, soit on pense que le plus difficile n’est pas de parler mais d’acquérir les connaissances pour être en mesure de le faire. 1. Pourquoi vous n’êtes pas prêt ? Si vous êtes démunis quand le moment fatidique arrive, c’est parce que le contexte de la prise de parole en doctorat est spécifique. Le déni de la prise de parole en public commence avec l’idée qu’on a du métier de chercheur avant de le devenir, et se prolonge jusqu’au dernier moment parce que dans le contexte du doctorat, le fait de parler en public n’est qu’un détail dissimulé dans un recoin de votre projection. D’une part, réussir à parler en public en recherche c’est d’abord réussir à se faire une place d’intervenant. Avoir le droit de parole en colloque est une réussite en soi. Être en position de parler en recherche, c’est avoir acquis le consentement de ses pairs avant même la prise de parole. Réussir à impacter un auditoire pendant un colloque, c’est complètement secondaire. D’autre part, tout chercheur qui s’imagine parler en public un jour se projette toujours à l’aise dans sa parole. Il pense que le doctorat fera de lui un expert et il perçoit les autres chercheurs qui ont la parole comme des experts. Tout doctorant qui se prépare à intervenir en colloque aura le réflexe premier de travailler son expertise, avant de travailler sa prise de parole. Il ne questionne pas la corrélation, il pense que la qualité de la parole découlera naturellement de la qualité du travail. Donc il travaille. Il polit son expertise. Il rédige souvent sa communication comme il rédige un article. Quand il se relit, il concentre son attention sur les faits dont il parle et non sur son langage ou sur l’enchaînement des phrases. Quand il s’imagine en train de faire son intervention, il se met à la place du public qui va entendre les faits scientifiques dont il s’apprête à parler. L’image qu’un doctorant a de sa première intervention est souvent une image projetée depuis le public, et non depuis le pupitre. Il ne voit pas le public, il se perçoit lui-même pour estimer le niveau de respectabilité qu’il renvoie et anticiper la façon dont le public va le juger. C’est tout simplement la pire manière de se préparer à la prise de parole comme c’est la pire manière d’aborder tout avancement important dans la vie : vouloir coller à une image. 2. Pourquoi l’expérience n’engendre pas de réelle aisance ? Faire mentalement face au public lorsqu’on se prépare à une intervention orale, c’est un signe de maturité en recherche. En sortant de votre première prise de parole, vous avez compris comment mieux vous préparer aux prochaines. Par exemple, si vous écrivez votre communication comme vous écrivez un article, vous êtes condamnés à lire. Regarder le public sera impossible sous peine de vous perdre, vous ne ferez jamais passer d’idée forte et il n’y aura jamais d’émulation scientifique en colloque. En somme, vous ne collerez jamais à l’image. Vous le savez, vous l’avez normalement compris tout de suite. Le problème, c’est que cela ne brisera pas le besoin de coller à l’image. Cela va seulement amener une longue phase d’ajustements et de compromis dont beaucoup de chercheurs n’arriveront plus à sortir. Par exemple, vous allez envisager votre communication sous forme de prise de notes. Vous allez donc toujours écrire l’article, puis le transformer en notes – c’est d’autant plus confortable qu’en recherche, on vous fait souvent miroiter une publication après l’intervention. Les chercheurs plus avancés utilisent des variantes : ils écrivent l’article puis ils préparent des slides sur lesquelles ils s’appuient pour enchaîner leurs idées comme dans l’article. J’ai toujours admiré ceux qui arrivent à faire cela, et j’ai fini par réussir à le faire moi aussi. À partir de là, j’ai commencé à viser le niveau du dessus en voulant ressembler à ceux qui arrivent sans notes et sans diaporama – ces héros qui se passent quasiment de préparation – et j’ai fini par réussir à le faire moi aussi. Avec quelques années de pratique, vous finirez effectivement par coller à l’image et que vous l’admettiez ou non, vous saurez à ce moment-là que vous avez fait fausse route. Déjà, parce que ce niveau ne s’atteint qu’au prix d’efforts incommensurables. Pour arriver à ce résultat, il faut se faire une violence telle qu’on se perd et c’est d’autant plus pervers qu’en fin de compte, personne ne va reconnaître le sacrifice que vous avez fait de vous-même. Logique, votre aisance est si naturelle. Ceci est d’autant plus difficile à identifier que l’université d’aujourd’hui est bien souvent un monde d’apparences. Si personne n’a le sentiment d’atteindre la moindre victoire ou la moindre reconnaissance, c’est simplement que chacun s’applique à produire et à cultiver une image. L’université piège les chercheurs par l’image qu’elle renvoie et à laquelle ils veulent à tout prix coller. 3. Vaincre la peur de parler en public Si vous voulez être à l’aise dans votre prise de parole, il n’y a qu’une seule solution : cessez de vous forcer à être qui vous n’êtes pas. En l’occurrence, si la peur de parler en public est la plus grande de

COMMENT FAIRE UN DOCTORAT ?

comment faire un doctorat

Comment faire un doctorat ? C’est une question que vous êtes nombreuses et nombreux à vous poser lorsque vous êtes au tout début de vos démarches. En fait, cette question sous-tend beaucoup d’autres questions : quel niveau faut-il avoir pour faire un doctorat ? Comment s’inscrire, faut-il obligatoirement avoir un master, et avec quel master peut-on faire un doctorat ? Enfin, quelles sont les démarches à entreprendre pour s’inscrire en doctorat ? On en parle en détails dans cet article. 1. Les prérequis au doctorat  Quel diplôme faut-il avoir pour accéder au doctorat ? Si tu commences à envisager de faire un doctorat, c’est que tu t’interroges sur ce que tu dois faire pour accéder à ce niveau d’études. Et là, que tu sois au lycée, en master ou que tu sois un professionnel depuis plusieurs années, il est bon de faire le point. La première chose à savoir, c’est qu’il faut un niveau d’étude à Bac +5 pour avoir une chance d’intégrer le doctorat. Ce niveau peut être atteint avec l’obtention d’un master ou d’un niveau équivalent. Si vous voulez faire de la recherche, privilégiez le master de recherche dans votre discipline au moment de faire votre choix. Un master of science (MSc), un diplôme d’ingénieur ou une validation des acquis de l’expérience (VAE) vous ouvriront également les portes du doctorat. D’ailleurs, il est tout à fait possible d’obtenir un doctorat par la voie de la VAE. Bien entendu, il faut connaître les bases de la recherche et l’avoir déjà pratiquée avant de se lancer dans un doctorat. C’est pourquoi accéder au doctorat avec un master professionnel sera loin d’être automatique et il faudra bien souvent, selon les disciplines, passer par une demande d’équivalence auprès des universités. C’est à cette étape que vous devrez justifier d’une expérience significative de la recherche, avant de commencer toute démarche d’inscription en doctorat. Ai-je le niveau pour entreprendre un doctorat ? Maintenant, vous avez beau être titulaires d’un master, vous vous demandez souvent si vous avez vraiment le niveau pour entreprendre un doctorat. C’est légitime, parce qu’il ne suffit pas d’avoir un master pour réussir en doctorat. Avoir un master n’est qu’un prérequis, pas une garantie de réussite. Deux choses sont à distinguer : avoir le niveau pour s’inscrire en doctorat, et avoir le niveau pour réussir le doctorat. La question de l’inscription sera vite résolue puisqu’il faut généralement miser sur une mention TB au master pour être en mesure de s’inscrire. En général, une mention B peut passer également si la note obtenue pour le mémoire de recherche était supérieure ou égale à 16/20. C’est pourquoi les relevés de notes sont souvent demandés aux candidats. En conclusion, si vous êtes titulaires d’un master de recherche avec mention B ou TB, l’administration doctorale ne vous refusera pas au moment de l’inscription. Avoir le niveau pour réussir en doctorat est une autre problématique. Elle est beaucoup plus complexe et c’est souvent là que vos doutes s’engouffrent. « Qui suis-je pour prétendre devenir docteur ? », « suis-je capable de faire un doctorat ? » sont des questions que vous me posez souvent. À cela je n’ai qu’une seule réponse : avez-vous envie de faire un doctorat ? Si la réponse est oui, et que vous avez obtenu les notes requises en master, alors vous pouvez entreprendre un doctorat. Le réussir sera un très grand challenge, et ne vous attendez pas à vivre sur le flot d’un long fleuve tranquille. Le parcours sera semé d’embûches, ce sera difficile. Vous allez doubler votre temps d’études, un doctorat durant généralement plus de trois ans (3-4 ans en moyenne pour les sciences appliquées, 5-6 ans en moyenne pour les sciences humaines et sociales). Vous allez évoluer, mûrir, vieillir, pendant ces années d’études, vos priorités vos changer et vous ne vivrez pas le doctorat comme vous avez vécu votre master. Mais réussir le doctorat les amis, c’est quelque chose qui change votre vie. Alors si vous avez envie de le faire, ne vous privez pas. Ne laissez personne vous dire que vous n’en êtes pas capables ou que vous n’avez pas le niveau. Si une école doctorale accepte votre inscription, alors vous entrez en lice pour réussir le doctorat. Le reste ne dépend que de vous et de ce que vous mettrez en place pour réussir. 2. La phase intermédiaire : comment faire un doctorat concrètement ? Faire le point sur son sujet de recherche Si vous êtes sûrs de vouloir entreprendre un doctorat, il ne vous reste plus qu’à vous lancer. Mais par où on commence ? La première chose qu’il faut comprendre à ce stade, c’est qu’une inscription en doctorat ne se fait pas comme une inscription en licence ou en master : il s’agit d’une formation individuelle, et non d’une formation collective. Le projet que vous voulez mener n’existe pas encore, c’est à vous de le créer. Par exemple, si vous avez un master de recherche en histoire de l’art contemporain et que vous voulez faire un doctorat, vous devez trouver un Professeur des universités qui peut vous encadrer pour la recherche que vous proposez. Cette recherche n’a jamais été faite, forcément. C’est pourquoi la logique veut qu’aucune formation ne vous permette d’acquérir des connaissances et des compétences dans ce domaine, et que vous deviez créer ce projet. L’inscription en doctorat n’est qu’un support administratif, pas une formation à proprement parler. C’est d’ailleurs pourquoi vous ne serez plus considéré comme étudiant, mais comme doctorant. Votre recherche doit donc être inédite et il vous revient de vous assurer que le projet de recherche que vous proposez n’a jamais été réalisé auparavant : ce que vous allez découvrir grâce à vos recherches, personne ne l’a jamais découvert avant vous et personne n’est en train de le chercher dans le cadre d’une recherche doctorale. En principe, l’idée de votre sujet de mémoire de master vous avait déjà été soufflée par un maître de conférence ou un Professeur qui savait que ce domaine était à défricher. Il vous a encadré et vous a attribué une note après la soutenance de master. Si cette note était excellente, pourquoi ne pas commencer

COMMENT RÉUSSIR SA PREMIÈRE ANNÉE DE DOCTORAT ? 6 CHOSES À FAIRE PENDANT LA PREMIERE ANNEE DE THÈSE

Ça y est, tu es enfin inscrit en première année de thèse. Tu as passé l’épreuve de la recherche de directeur, de la validation de ton projet de thèse par un laboratoire et une école doctorale, et tu as même réussi la délicate étape de l’inscription administrative. Ouf ! Bienvenue en doctorat. À présent, tu es officiellement chercheur. Junior certes, mais tout de même. N’en avais-tu pas rêvé pendant des mois, peut-être même des années ? Avant toute chose, chères doctorantes et chers doctorants, assurez-vous d’avoir pris le temps de vous poser et de songer à ce nouveau statut. C’est une nouvelle aventure qui commence, et je vous souhaite d’en apprécier chaque étape. Maintenant que vous avez dignement fêté ça, il va falloir s’y mettre. Mais par où on commence en doctorat ? Quelles sont les premières choses à faire en première année de thèse, comment réussir à faire ses premiers pas dans la recherche et surtout, comment réussir sa première année de doctorat ? Du haut de mon humble expérience de docteure, je t’indique ici mes six conseils pour bien démarrer, t’échauffer et t’organiser comme il faut. 1. Pose-toi et prends un stylo Non, mon premier conseil n’est pas de te ruer à la bibliothèque ou d’écrire un mail à ton encadrant pour lui demander ce qu’il faut faire. Mon premier conseil c’est de te poser, de prendre un carnet ou un fichier texte et de prendre le temps de réfléchir à une chose : qu’as-tu prévu pour prendre soin de toi durant ces années de thèse ? Le doctorat est éprouvant, on te l’a sûrement dit. Ce n’est pas un mythe, même si la plupart des gens qui vont te répéter que le doctorat ne te permettra pas de faire une carrière académique mènent eux-mêmes une carrière académique. Même si aujourd’hui tu te sens prêt et que tu penses être bien armé, même si tu es déterminé et que tu sens au fond de toi que tu es capable de réussir, suivre ce premier conseil ne peut que t’être bénéfique. L’idée, c’est que le doctorat va te mettre à l’épreuve. La question, c’est comment penses-tu gérer ces épreuves ? Prends le temps de te poser cette question, en gardant en tête que les années à venir vont t’éprouver aux niveaux physique et psychologique. Aimes-tu le sport ? Si oui, as-tu pris le temps de t’inscrire dans un club ou à l’université pour le semestre ou l’année ? Si ce n’est pas déjà fait, commence par cela et bloque des créneaux dans ton agenda. Es-tu bien installé dans ton logement ? As-tu un espace de travail agréable ? Vis-tu près de tes amis, de ta famille ? Si ce n’est pas le cas et que tu viens de t’installer dans une nouvelle ville pour être proche de ton laboratoire, prends le temps de programmer des sorties et de faire en sorte de t’intégrer dans un groupe. Ce peut-être au club ou à la salle de sport, mais aussi au labo ou via des évènements culturels, des groupes Facebook ou tout ce qui te passe par la tête. Pense juste à tes loisirs, à ce qui va t’aérer l’esprit. Si tu as envie de tester de nouvelles activités, c’est vraiment le moment de te lancer. 2. Connais-toi toi-même Non, ceci n’est pas un article de développement personnel. Si tu ne connais pas les accords toltèques, je n’ai aucun doute sur le fait que tu découvres bientôt par toi-même l’existence de ce livre. En attendant, prends simplement le temps de t’interroger sur ta façon de travailler : es-tu quelqu’un de régulier, de scolaire, ou es-tu plutôt du genre à réviser la veille des examens et à te perdre dans des livres qui n’ont rien à voir avec ce que tu es censé étudier ? En doctorat, tout est possible. Tu peux désormais être pleinement la personne que tu es au travail, nul ne viendra te dire comment tu dois t’organiser et travailler. Si tu es en doctorat, c’est forcément que tes méthodes ont fonctionné jusque-là, mais peut-être as-tu été forcé de te faire violence pour être à la hauteur dans tes études supérieures. Désormais, l’une des premières choses à faire c’est de te poser les bonnes questions à ce sujet. Quelles sont tes forces et tes points faibles dans les études ? Où aimes-tu travailler ? Es-tu autonome ? Es-tu en bonne santé, ou des paramètres sont à prendre en compte concernant ta santé physique et/ou mentale ? Quels sont tes besoins en règle générale ? Que tu aimes faire la fête et sortir tous les weekends, ou que tu aies besoin de voir tes parents trois fois par semaine, pas de problème. Mais assume dès maintenant ces aspects de ta vie et organise-toi en fonction de ces besoins, de tes tendances, afin de ne manquer de rien et de te sentir bien dans ta vie quotidienne. Le plus important en doctorat, c’est de garder ton équilibre et de trouver ton rythme de travail. Peu importe celui des autres. Trouve ton rythme et place-toi au centre de tes préoccupations, c’est la clé de ta future réussite. 3. Maintenant, place à la recherche Non, ce n’est toujours pas le moment de te ruer à la bibliothèque. Prends un moment, toujours à la maison ou dans ton lieu de travail préféré, pour poser tes objectifs : quels sont tes objectifs de recherche pour cette année ? Sans objectif, pas de réussite. Liste ce que tu souhaites avoir terminé à la fin de ta première année. Cela te permettra, le moment venu, d’être serein bien qu’il reste tant à faire. Ensuite, demande-toi quelles sont les spécificités de ton sujet de thèse et de ton domaine de recherche. En général, on commence par lire toute la bibliographie et établir un état de la recherche – en théorie, c’est déjà fait mais en pratique, c’est souvent la première chose à faire en début de parcours. Oui, tu as une idée assez précise des ouvrages fondamentaux, tu connais les noms des chercheurs importants, mais as-tu vraiment lu cette bibliographie ? Tu as peut-être fait illusion quand tu

POURQUOI FAIRE UNE THÈSE DE DOCTORAT ?

Pourquoi faire une thèse de doctorat ? Certains d’entre vous le savent, faire une thèse de doctorat peut se révéler être extrêmement difficile. Mais pourquoi ? Je me suis souvent posée cette question avant et pendant mon parcours doctoral : pourquoi serait-ce si difficile ? En ce qui me concerne, je pensais être bien armée. Le master de recherche s’est déroulé sans encombre, mes notes étaient excellentes et en dehors de quelques problématiques liées à la découverte de la recherche dans ma discipline, j’ai eu le sentiment que ma poursuite d’études était enfin devenue facile. J’étais pourtant salariée depuis mon entrée en licence, et la question des études supérieures avait toujours été épineuse. Pendant ma deuxième année de master, je commençais à être à l’aise avec le fait de jongler entre les études et mon job. J’avais réussi beaucoup plus facilement qu’en licence à gérer ce statut d’étudiante salariée, et c’est dans ce contexte que l’idée de faire un doctorat a commencé à se dessiner. C’était ambitieux, mais je ne voyais pas pourquoi ce serait plus difficile que de faire un master : je n’aurais plus cours, et j’allais peut-être même pouvoir échanger mon job d’étudiante contre des missions à l’université, et progressivement, grâce à mon expérience et à mon diplôme, j’allais peut-être pouvoir devenir chercheuse ! Cela me paraissait être à ma portée, donc j’ai tenté l’expérience et j’ai effectivement soutenu ma thèse et obtenu mon doctorat. Mais ce ne fut pas plus facile qu’en master, ce ne fut même pas aussi facile. Ce fut extrêmement difficile, et je ne pensais même pas avoir en moi de telles ressources. Si j’avais su combien j’allais souffrir, je ne sais pas si je l’aurais fait. Je suis quelqu’un qui a besoin de voir et de vivre pour croire, pour savoir, donc j’y serais peut-être allée pour comprendre mais pas pour réussir, car je ne m’en serais pas cru capable. Aujourd’hui, je sais et si j’en parle, ce n’est pas pour dire à qui veut l’entendre que ce sera trop difficile ou que cela ne vaut pas le coup. Non ! Je suis là parce que grâce à cette expérience, j’ai découvert ma vocation et que j’ai à cœur aujourd’hui d’être votre balise, d’être la personne dont j’aurais eu besoin pour moins souffrir durant mon propre parcours doctoral. Faire une thèse de doctorat est une opportunité unique dans la vie. L’entreprendre et aller jusqu’au bout peut changer votre vie. Si vous êtes actuellement en pleine réflexion et que vous vous demandez pourquoi faire une thèse de doctorat, c’est que vous êtes déjà sur la bonne voie. Dans cet article, je voudrais vous expliquer pourquoi et vous apporter quelques pistes de réflexion pour faire le bon choix. 1. Il n’y a pas de mauvaise raison d’entreprendre un doctorat Nous avons coutume de trouver çà et là un grand nombre de vérités sur le doctorat, toujours les mêmes. L’une des plus répandues, c’est qu’il y aurait de bonnes et de mauvaises raisons de faire un doctorat. Cette hypothèse sous-tend qu’il ne vaut mieux pas vous lancer dans une thèse si vous le faites pour de mauvaises raisons, et ces mauvaises raisons sont souvent les mêmes : vouloir traîner à la fac par peur du marché de l’emploi, viser plus haut sur le marché de l’emploi, gagner de l’argent plus vite, avoir le titre de docteur ou encore faire un doctorat sur le conseil de l’entourage (professeurs, famille, professionnels du secteur). Je pense au contraire qu’il n’y a pas de mauvaise raison d’entreprendre un doctorat, en particulier parce qu’on est rarement conscient au départ des véritables raisons qui nous poussent vers cette voie. D’abord, les mauvaises raisons évoquées sont très réductrices, et ce n’est pas parce que l’une d’elles vous pousse à entreprendre un doctorat que vous êtes sur la mauvaise voie. Je pense notamment aux doctorants SHS, pour qui le doctorat est la voie privilégiée après l’obtention d’un master de recherche et qui pourraient se sentir concernés par l’idée qu’ils entreprennent un doctorat parce que l’accès à l’emploi aurait été trop délicat avec ce type de master. Je pense aussi à tous ceux qui ont été poussés par leur entourage, ce dernier pouvant être un excellent vecteur au démarrage. Et pourquoi ne le serait-il pas ? Pourquoi ne pas écouter un Professeur, un ami ou une famille qui croit en vous et vous soutient ? Et pourquoi ne pas écouter la petite voix au fond de vous, qui vous souffle qu’être docteur vous rendrait tellement fier de vous-même ? Pourquoi ne serait-ce pas un excellent point de départ ? N’est-ce pas cela, l’intuition ? Retenez ceci : si vos résultats vous le permettent, que l’administration doctorale vous le permet, et que vous en avez envie, je ne vois pas pourquoi il y aurait de bonne ou de mauvaise raison de vous inscrire en doctorat et de faire une thèse durant les prochaines années. D’ailleurs, certains ne savent pas vraiment pourquoi ils se lancent dans un projet doctoral. Et alors ? Les questions arriveront et elles vont vous challenger, elles vont vous obliger à découvrir vos raisons et par la même occasion, à découvrir qui vous êtes, ce que vous voulez et ce que vous êtes prêts à donner pour l’obtenir. Elles vont tester votre motivation, elles vont vous forcer à répondre. Et c’est là, souvent, que vous comprenez le cheminement qui vous a poussé vers cette voie. Vous pouvez donc vous inscrire pour une raison identifiée, ou une raison commode, et comprendre par la suite que les raisons profondes étaient ailleurs. J’en connais même qui ont pleinement compris pourquoi ils avaient fait un doctorat après l’obtention de ce dernier : j’en fais partie, et je n’ai pas honte de le dire. Si vous avez une stratégie précise dans la vie, tant mieux. À tous les autres je dis : « C’est sur vous que je mise. » 2. La valeur ajoutée du doctorat sur le marché de l’emploi On le sait, obtenir un doctorat ne permet pas, généralement, de compenser des années d’expérience en entreprise. C’est pourquoi, l’idée

FAIRE UNE THÈSE SANS FINANCEMENT : QUEL EST LE PRIX À PAYER ?

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Faire une thèse sans financement, est-ce possible ? Vous êtes nombreux à me poser la question et à me solliciter pour être orientés dans vos démarches. Vous êtes aussi très nombreux à vous être lancés dans l’aventure doctorale sans financement, car c’est encore possible dans certains domaines. Malheureusement, l’expérience a tourné au cauchemar, et vous me sollicitez souvent pour partager ce cauchemar avec moi – généralement sans savoir exactement ce que vous cherchez à travers cette démarche, ni ce que vous attendez de moi. Et peut-être est-ce de ma faute. Peut-être que je n’ai pas encore été assez claire sur ma démarche, et j’ai envie de prendre le temps aujourd’hui d’aborder ces différentes questions avec vous. 1. Faire une thèse sans financement : est-ce possible ? Faire un doctorat sans financement, c’est encore possible aujourd’hui notamment dans le domaine des sciences humaines et sociales. Généralement, c’est beaucoup moins le cas dans le domaine des sciences appliquées, et ce n’est pas seulement parce que les financements sont moins rares, même si on a tendance à l’oublier. En fait, c’est surtout parce qu’un doctorat en sciences appliquées ne requiert pas du tout le même mode de travail, ni le même rythme de travail qu’en sciences humaines, et il est souvent plus difficile de s’éloigner du laboratoire lorsqu’on travaille en microbiologie que quand on analyse une question philosophique. Par conséquent, il est possible pour certains doctorants de travailler en même temps qu’ils préparent leur doctorat, alors que ce n’est pas possible pour d’autres notamment parce qu’ils doivent respecter les horaires d’ouverture du laboratoire pour pratiquer des expériences avec un matériel spécifique qu’ils n’ont pas à la maison, ou parce qu’ils travaillent en équipe. Le doctorant en philosophie a moins de contraintes de temps et de lieu, il peut travailler tard le soir s’il le souhaite et il peut travailler en partie de chez lui. C’est pourquoi de nombreux doctorants se lancent dans l’aventure alors qu’ils n’ont pas de financement, mais qu’ils ont un emploi principal qui leur permet de subvenir à leurs charges. Théoriquement, il est donc possible de mener à bien son doctorat en philosophie, en arts visuels, en sociologie ou en littérature comparée sans financement à proprement parler, c’est-à-dire sans bourse, sans contrat doctoral et sans contrat avec une autre institution ou avec une entreprise (CIFRE). Et c’est tant mieux, dans un sens, parce que certains chercheurs ont pu de cette façon contribuer à la recherche académique alors qu’ils n’avaient pas de financement. C’est tant mieux, parce que de cette façon des chercheurs ont pu valider le grade universitaire le plus élevé et obtenir leur doctorat alors qu’ils n’avaient pas de financement : personne ne leur avait donné les moyens de le faire, mais ils l’ont fait et cela a parfois changé le cours de leur vie. Dans tous les cas, cela leur a permis de faire ce qu’ils avaient l’envie et la force de faire. 2. Quand l’expérience doctorale tourne au cauchemar Malheureusement, et vous êtes nombreux à le savoir, l’expérience doctorale peut tourner au cauchemar – que vous soyez financés ou non, d’ailleurs. Mais la souffrance des non-financés est très spécifique parce qu’elle dévore de l’intérieur les doctorants qui commencent à douter face à l’ampleur de leur tâche. Un doctorant non-financé aborde le doctorat avec beaucoup plus de fraîcheur qu’un doctorant financé qui va tout de suite prendre au sérieux l’entité qui le finance et se consacrer pleinement à sa recherche. Un doctorant non-financé ne fait pas cela. Il a un travail par ailleurs, sa hiérarchie est ailleurs, son énergie part ailleurs, le cadre spatio-temporel d’une majeure partie de son travail est ailleurs. Il fait son doctorat pour des raisons qui lui sont propres : il peut le faire par passion, et c’est souvent dans un esprit de persévérance qu’il s’est préparé à l’expérience du doctorat. Il sait que ce sera dur, mais il le fait quand même parce qu’il sait que c’est sa seule chance de vivre un jour de sa recherche. Mais que se passe-t-il pour le doctorant non financé à l’université ? Il a les mêmes échéances que le doctorant financé, qui lui dispose de tout son temps de travail pour avancer dans ses recherches ; il a les mêmes contraintes que le doctorant financé, il a le même calendrier, il a les mêmes preuves à faire chaque année auprès de son directeur, la même pression de son laboratoire et de son école doctorale. Est-ce normal ? Oui, même si ce n’est pas logique a priori. Ce qui est sûr, c’est que les doctorants non-financés oublient souvent d’anticiper ces questions-là. Quand on n’est pas financé, on aborde le doctorat en se disant qu’on fera de nôtre mieux, qu’on avancera à notre rythme, qu’on fera le maximum, et pour ce qui est des résultats, on se dit qu’on verra bien. On pense à la difficulté du niveau requis en doctorat, du temps de prolongement des études et de la situation de précarité qui l’accompagne, mais on ne pense pas qu’on devra rendre autant de comptes, on ne pense pas qu’on sera jugés de la même manière qu’on soit financé ou non, on ne pense pas qu’on devra se comporter comme des chercheurs alors qu’on est enseignant du secondaire, instit, vendeur, serveur, nounou, entrepreneur ou commercial. Et cette division du travail qui en fait s’accumule, et ces casquettes qu’on porte qui se multiplient au lieu de se compléter pour s’enrichir, elles conduisent au burn-out. Elles conduisent inévitablement à la question du sens, et de sens il n’y a plus quand il s’agit de se dédoubler dans des vies professionnelles qui ne sont pas connectées, qui ne se rejoignent pas mais qui attendent de nous toujours plus, pour moins de bénéfice. Faire un doctorat sans financement est possible les amis, mais il vous faut comprendre qu’une des difficultés majeures que vous rencontrerez, c’est que vous allez aborder ce projet comme un étudiant salarié, et c’est vraiment la pire erreur que vous puissiez faire. Vous serez en fait dans deux vies professionnelles distinctes. Vous ne serez plus

ENSEIGNER PENDANT LA THÈSE : COMMENT TROUVER DES COURS, COMMENT ÇA SE PASSE ET COMMENT S’ORGANISER ?

Enseigner pendant la thèse, vous êtes nombreux à y penser, notamment dans l’optique de poursuivre après le doctorat vers une carrière académique. Vous êtes nombreux également à me solliciter à ce sujet, car vous savez que j’ai enseigné durant les cinq années de mon doctorat, alors j’ai décidé de prendre le temps de vous raconter comment ça s’est passé pour moi. Gardez néanmoins à l’esprit qu’il n’y a pas qu’un seul chemin possible pour enseigner et que toutes les expériences sont différentes. C’est pourquoi je vous livre ici, en plus de mon expérience personnelle, toutes les clés auxquelles je pense pour trouver des heures de cours, organiser votre temps et gérer la préparation de vos cours – comment ça se passe et quel temps de préparation prévoir. 1. Enseigner pendant la thèse : trouver des cours Pendant ma thèse, j’ai eu la chance d’être sollicitée pour prendre en charge un cours alors que je ne cherchais pas encore à enseigner : je ne me sentais pas prête, je n’envisageais pas encore de faire une carrière académique, et une carrière dans l’enseignement ne me tentait pas du tout. À l’époque, je travaillais comme assistante d’éducation dans des établissements scolaires depuis six ans pour financer mes études supérieures ; j’étais donc au contact d’enseignants du secondaire depuis de nombreuses années et je dois dire que ces contacts ne m’avaient jamais donné envie d’enseigner – c’était même plutôt le contraire. Malheureusement, mes contrats annuels avec l’Éducation Nationale ne pouvaient pas être renouvelés plus de six ans, donc j’allais me retrouver au chômage à la fin de ma première année de doctorat. Cette année-là, j’ai donc activé mon réseau pour trouver un emploi, et je pense que c’est la première fois que j’ai pris conscience que l’essentiel de mon réseau était constitué d’enseignants : du côté de l’université comme du côté de mon job étudiant et de ma vie personnelle, j’étais entourée de professeurs et de futurs professeurs. D’ailleurs, ma première opportunité d’enseignement s’est présentée lors d’une soirée privée chez mon voisin, qui était maître de conférences à l’université catholique de Lille. Il me proposait des cours à l’université depuis deux ans, mais j’avais toujours refusé car je ne m’en sentais pas capable. Je me sentais inférieure aux enseignants du secondaire comme à ceux que j’avais à la fac, et je me sentais encore trop immature dans mon apprentissage pour aller « donner des leçons » à des étudiants. Cette fois, le chômage me guettait et d’ailleurs à l’époque, je ne pensais pas avoir droit à des allocations de chômage parce que je pensais être toujours considérée comme étudiante alors que j’étais doctorante – je ferai une vidéo à ce sujet à l’occasion (c’est fait ! voici la vidéo), mais j’en profite pour vous dire en toutes lettres ici que tout doctorant ayant été salarié en France a bien droit au chômage. L’ANCMSP a consacré un article très complet à ce sujet https://ancmsp.com/2012/09/30/chomage-et-fin-de-these-jeunes-chercheurs-faites-valoir-vos-droits/ Donc, dans la peur de me retrouver sans revenus, j’ai accepté la proposition de mon voisin de prendre les cours qu’il me proposait pour la rentrée suivante. Ce que je cherche à vous dire ici, c’est que si vous pensez que l’enseignement n’est pas pour vous et que, comme moi, vous ne vous sentez pas capables d’enseigner, ou pas à la hauteur, pas prêt, pas légitime, il y a de fortes chances que l’enseignement lui-même vous détrompe. Ce que je veux dire, c’est que dès le départ j’ai abordé mes cours à ma manière : humblement, forcément, mais sans la pression de faire une carrière académique, donc sans me soucier du conformisme. Je le faisais pour avoir un emploi, pas pour l’amour de l’enseignement ou dans l’espoir d’être gardée, et je pense que c’est grâce à cet état d’esprit que mon envie réelle d’enseigner et de faire une carrière académique a commencé à se dessiner, qu’elle a pu naître. Je vous rassure, si vous n’avez pas de voisin maître de conférence qui croit en vous et vous propose des cours depuis des années, il y a d’autres moyens de trouver des heures : si vous n’êtes pas sous contrat doctoral avec des heures attribuées, parlez à votre directeur de votre envie d’enseigner. Il gardera peut-être une oreille ouverte et vous préviendra s’il entend quelque chose. Évidemment, ne comptez pas que là-dessus. Si vous êtes en fin de doctorat, vous pouvez faire des candidatures pour devenir ATER – le directeur doit attester que vous allez soutenir votre thèse dans l’année. Personnellement, j’ai fait plusieurs candidatures dans ma dernière année de doctorat et j’ai trouvé ce processus horrible, parce que j’ai eu le sentiment de devoir rentrer dans une case préconçue ; on vous demande d’aller sur un poste d’enseignement et de recherche en vous disant d’avance ce que vous devrez enseigner et chercher, ce qui n’est pas logique dans le cadre d’un doctorat : cela suppose que ça cadre parfaitement avec votre sujet de recherche, ce qui n’est pas possible puisque ce dernier se doit d’être novateur et que vous en êtes a priori le seul expert. Comment un poste d’enseignement et de recherche pré-existant pourrait cadrer avec un projet doctoral ? Pour moi, c’est un non-sens mais passons. Pour postuler, il faut créer un compte sur le portail Galaxie puis télécharger les documents à fournir pour la constitution de votre dossier. Ensuite, vous recevrez un mail pour télécharger votre dossier de candidature et vous l’envoyez après l’avoir complété. Vous pouvez aussi parfois postuler à un ATER sans passer par Galaxie, certaines universités faisant parfois leur propre recrutement. Si vous n’avez aucune réponse après la date indiquée sur le dossier, c’est peut-être que votre candidature n’a pas été retenue, mais pensez à checker régulièrement le portail Galaxie car il se peut qu’ils ne vous préviennent même pas que votre candidature est retenue (oui, c’est du vécu). Si vous n’êtes ni sous contrat doctoral, ni en fin de thèse, il reste l’option des vacations. Attention néanmoins : être vacataire de l’enseignement supérieur n’est qu’un statut, vous n’aurez pas nécessairement de contrat de travail.