HAUSSE DU SALAIRE DES DOCTORANTS EN 2023 ?

salaire des doctorants

C’est un sujet brûlant cette semaine. Après le cri d’alarme de Maëlle, qui a vu sa bourse fondre comme les glaciers de l’Arctique, la pauvreté étudiante est mise à l’honneur. L’occasion de relayer l’excellente nouvelle annoncée par notre ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche à la rentrée : « L’ensemble des doctorants » verra son salaire augmenter d’environ 200 € par mois à partir de janvier 2023[1]. Ah oui ? C’est marrant parce que, dans le même temps, je sais que des milliers de doctorants se sont reconnus dans le témoignage de Maëlle : Ils vivent la même chose. Alors, ces milliers de « thésards » qui vivent sous le seuil de pauvreté en France, verront-ils vraiment leur salaire augmenter de 200 € par mois ? Bien sûr que non. Pourquoi ? Il est grand temps qu’on en parle. 1. Le salaire des doctorants en France  En France, les doctorants ne sont pas tous logés à la même enseigne : certains font leur thèse sous contrat de recherche, d’autres la mènent en entreprise, d’autres grâce à des bourses de recherche, et certains font leur thèse sans aucun financement. Tous travaillent, tous préparent une thèse de doctorat et tous obtiennent un diplôme identique. Alors, pourquoi « l’ensemble des doctorants » ne va pas voir son niveau de vie augmenter en janvier 2023 ? Tout simplement parce que, contrairement à ce qu’annonce le gouvernement, ce n’est pas « l’ensemble des doctorants » qui verra son salaire augmenter en 2023. C’est « l’ensemble des doctorants » contractuels. Ce dont parle la ministre Sylvie Retailleau, quand elle évoque la hausse du salaire « des doctorants » en 2023, c’est seulement de la part des doctorants qui bénéficient d’un contrat doctoral (soit 34,6 % des doctorants en 2022[2]). En soi, l’augmentation du salaire des doctorants sous contrat doctoral est une bonne nouvelle. Ce qui me dérange profondément, c’est l’amalgame qui est fait dans le relai de cette information – et par le gouvernement lui-même dans la formulation de l’annonce[3]. On laisse entendre que « les doctorants » perçoivent un salaire pendant le doctorat, alors que plus d’un quart d’entre eux n’a aucune source de financement ou finance ses travaux de recherche en exerçant une activité salariée en dehors de l’université (respectivement 9,3 % et 16,5% en 2022[4]). C’est énorme : presque 20 000 doctorants mènent des projets de recherche de haut niveau et alimentent la recherche française sur leurs propres deniers, sans le moindre soutien financier. Cette réalité-là, personne n’en parle, tout simplement parce que le doctorat est méconnu en France et parce qu’il y a tellement de disparités entre les différents statuts qu’on peut le dire tout net : personne ne comprend rien à l’organisation de la recherche doctorale française. C’est à se demander si même nos ministres en comprennent les enjeux, et si les jeunes chercheurs non-concernés par cette réforme sont réellement considérés comme tels par leur gouvernement. Mais qu’attendre d’autre de la part d’une ministre qui a elle-même bénéficié d’un contrat doctoral pour mener sa recherche en physique, après une trajectoire d’élite en études supérieures[5] ? C’est là où je veux en venir. 2. Doctorants précaires, prenez votre place ! Si vous n’êtes pas concernés par la réforme du salaire des doctorants en 2023, c’est que vous bénéficiez d’un autre type de financement ou que vous n’avez pas de financement. Il y a donc des alternatives au contrat doctoral pour devenir doctorant, et si le sujet vous intéresse, je vous renvoie notamment vers cet article. Mais je veux m’adresser aujourd’hui aux doctorants qui sont sans financement de recherche actuellement et que le gouvernement continue d’ignorer, réforme après réforme : Prenez votre place. Ce n’est pas parce que le gouvernement vous comptabilise, qu’il vous considère et qu’il vous reconnaît. Vous en avez régulièrement la preuve, le sentiment. La grande majorité des docteurs qui n’ont pas bénéficié d’un financement pour mener leurs travaux de recherche ne seront jamais considérés et reconnus dans leur domaine. Or, combien parmi vous savent comment se démarquer pour obtenir un contrat de recherche ? Combien ont connaissance des différentes possibilités de financements ? Qui savait précisément ce qui distingue ces derniers, et comment les trouver ? La plupart des doctorants qui mènent de front une thèse non-financée ne sont pas informés. Ils répondent : « parce que ce sujet m’intéresse » lorsqu’on leur demande pourquoi ils font une thèse. Ils « travaillent par passion ». Cela signifie qu’ils se seraient battus pour un contrat de recherche si ce dernier leur avait été imposé : pour suivre leur passion, ils auraient forcément cherché. Et ? Ils se seraient alors heurtés à une forte sélectivité, qui est à l’œuvre à l’université mais qui ne dit pas son nom. 3. Qu’est-ce qui rendrait vraiment les doctorants plus riches ? Ce qui rendrait les doctorants vraiment plus « riches », ce serait d’accéder à un certain savoir ; à certaines connaissances et à certaines compétences. Ce qui nous distingue de l’élite française, ce n’est pas notre diplôme. Ce n’est pas un niveau d’études. C’est un comportement. Et pour nous, il ne s’agira pas de reproduire mais bien d’innover. Ce qui vous rendra plus riches, vous, les étudiants précaires qui souhaitez vous lancer en doctorat, c’est d’abord de comprendre le fonctionnement de la recherche en France. C’est de comprendre réellement les enjeux d’une inscription en doctorat, et de vous éviter de tomber dans le piège tendu par les élites : le doctorat non financé n’ouvre aucune porte après un master. Vous ne serez jamais mentionné, ni par le gouvernement, ni par l’université. Prenez votre place ! Vous l’aurez si vous intégrez le fonctionnement réel du monde académique, et par cela j’entends : Pour aller vers votre vision, vous avez besoin de visibilité. Si vous faites partie des étudiants auquel le gouvernement ne pense que lorsqu’un buzz l’y oblige, prenez le pouvoir : utilisez le savoir que l’université ne vous délivre pas. Si vous faites partie des doctorants que le gouvernement ne mentionne pas, changez de cap : l’enjeu pour vous n’est pas de donner toujours plus à l’université, mais de faire toujours plus pour votre carrière en recherche. Démarquez-vous et pour cela : innovez ! [1] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/projet-de-loi-de-finances-2023, consulté le 3 novembre 2022. [2] https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/T744/le_doctorat_et_les_docteurs/, consulté le 3

QU’EST-CE QUE LE FINANCEMENT DOCTORAL ? 4 idées reçues sur le financement en doctorat

financement doctoral

La question du financement doctoral est centrale en doctorat. Pourtant, elle n’est pas claire dans l’esprit des candidats au doctorat, qui pensent souvent : Que le financement n’est pas toujours obligatoire Qu’on peut financer sa thèse en travaillant Que seules les écoles doctorales peuvent accorder un financement doctoral Que le financement doctoral doit être trouvé avant la première inscription Or, il convient de nuancer et de préciser certaines de ces croyances. 1. Le financement n’est pas toujours obligatoire Le financement est toujours obligatoire : l’école doctorale et le laboratoire vous demanderont systématiquement quelle est votre source de revenu pour mener la recherche, et cette partie doit apparaître dans le projet doctoral. Par contre, si le financement de recherche est nécessaire dans toutes les disciplines : Il est obligatoire dans tous les domaines des sciences appliquées. Il n’est pas obligatoire dans certaines disciplines des sciences humaines et sociales (SHS). Les financements de recherche étant rares dans des disciplines comme le droit, l’histoire, les arts et le patrimoine, la littérature, la philosophie ou la psychologie, certains laboratoires autorisent les doctorants à s’inscrire en attendant l’obtention éventuelle d’un financement de recherche. Cela ne retire en rien la nécessité de faire financer sa recherche doctorale par une université ou par une entreprise par exemple. Pourquoi ? Parce que le doctorat est une formation professionnelle directement connectée à des besoins concrets. Une thèse qui n’est pas financée est jugée trop éloignée des besoins réels dans un domaine donné – et c’est hélas trop souvent le cas. Or, si le projet ne fait pas ses preuves en ce sens, l’insertion professionnelle est extrêmement compliquée – généralement impossible – à la sortie du doctorat. Pensez donc toujours au financement de votre recherche : qui pourrait la financer ? Qui serait intéressé par cette recherche ? À qui peut-elle servir ? Ces trois questions doivent être au centre de vos préoccupations avant l’entrée en doctorat. Elles sont au cœur du projet doctoral. 2. On peut financer sa thèse en travaillant Oui, lorsque le financement de recherche n’est pas obligatoire pour l’inscription en première année. Si votre laboratoire et votre école doctorale vous ont donné l’accord pour vous inscrire sans financement de recherche, vous allez certainement travailler pour financer votre recherche. Il faudra en tout cas justifier d’un revenu, avec pièces justificatives à l’appui. Vous pouvez donc être salarié. MAIS Attention à ne pas tomber dans le piège le plus courant : travailler en dehors du domaine professionnel que vous visez à l’issue du doctorat. On fait trop souvent l’erreur – je l’ai moi-même commise – de financer son travail de recherche comme on finançait ses études jusque-là, avec un job étudiant. Ou alors, dans le cas des reconversions professionnelles, on tend à rester sur un poste le temps de faire la thèse, en espérant ensuite changer de travail. Évitez absolument cela. Pourquoi ? Parce que l’obtention du doctorat ne vous permettra pas de faire cette transition. Le plus important pour un futur employeur n’est pas dans le diplôme du doctorat, mais dans le mode de financement du doctorat. Aucun recruteur en France ne vous recrutera sur la seule base du diplôme, mais sur vos expériences professionnelles en lien avec ce diplôme – le doctorat étant une formation professionnelle. Par conséquent, si vous êtes salarié : Travaillez dans le domaine que vous visez : l’éducation, le sport, la culture, les lettres, ont des marchés professionnels associés – les écoles, les associations, les mairies, les musées, les galeries, les maisons d’édition, les librairies, etc. Trouvez quelque chose qui soit en rapport direct avec l’univers que vous ciblez. Tenez compte du fait qu’un doctorant salarié va prolonger la durée du doctorat de manière conséquente – 5 ans en moyenne sont nécessaires au lieu de 3. Or, le maximum est désormais de 6 ans : tout doctorant inscrit après 2016 est tenu de terminer sa thèse dans un délai maximum de 6 ans. Il ne sera pas possible de vous inscrire en 7ème année. Cherchez tout de même, sans relâche et tout au long du doctorat, un financement de recherche. Ce dernier est le meilleur moyen d’avoir des perspectives sérieuses à la sortie du doctorat, car c’est ce financement qui donnera la meilleure crédibilité à vos travaux de recherche – et donc, à votre expertise. 3. Seules les écoles doctorales peuvent accorder un financement doctoral Non, vous pouvez obtenir d’autres types de financements. Les financements de recherche de l’école doctorale (les contrats doctoraux) sont délivrés par les universités et permettent à une poignée de doctorants d’être rémunérés pour mener leur recherche doctorale. Mais si vous n’obtenez pas ce type de contrat, vous pouvez vous tourner vers d’autres types de financements. Par exemple : Le contrat d’organisme de recherche vous permet d’être rémunéré par votre centre de recherche de rattachement (le CNRS ou le Cnes par exemple) ; Le financement CIFRE vous permet d’être rémunéré par l’ANRT via une structure ou une entreprise partenaires ; Les bourses de recherche vous permettent de bénéficier d’un financement de recherche offert par un ministère, un organisme ou une fondation ; Les contrats de recherche vous permettent de percevoir une rémunération en intégrant un projet de recherche directement lié à votre projet doctoral. Il existe d’autres types de financements doctoraux, notamment lorsque vous êtes étudiant étranger en France (par vos pays d’origine par exemple) ou lorsque vous faites le doctorat en co-tutelle (avec le pays partenaire notamment). 4. Le financement doctoral doit être trouvé avant la première inscription C’est le cas uniquement lorsque le financement doctoral est obligatoire à la première inscription (en sciences appliquées et dans certaines disciplines des SHS). Par contre, lorsque le financement de recherche n’est pas obligatoire pour s’inscrire, vous pouvez – et vous devez – en chercher un jusqu’au bout. Il est très rare, mais possible, d’obtenir un contrat doctoral en deuxième année de doctorat. Il est également possible d’intégrer un projet de recherche ou d’obtenir une bourse de recherche au cours des années doctorales : il existe des bourses spécifiques pour terminer une thèse, des bourses pour financer six mois à l’étranger, ou dans un centre spécifique. Et puis, il

LE DOCTORAT : COMMENT ÇA SE PASSE ? Quels changements en doctorat ?

changements en doctorat

Qu’est-ce qui change, en doctorat ? Difficile à imaginer, n’est-ce pas ? Après un master, ou après avoir effectué un parcours professionnel de quelques années, vous avez décidé de sauter le pas et de vous inscrire en doctorat. Quel ne fut pas votre étonnement lorsque, d’emblée, l’administration doctorale vous a mis au diapason ! Comment cela, il faut un directeur de thèse, un projet doctoral ou un financement pour s’inscrire ? « Que nenni, ma bonne dame ! Personne ne m’a prévenu ! » Bon. Il est possible qu’à présent, vous vous posiez quelques questions sur le doctorat, sur le statut de doctorant, ou tout simplement sur le déroulement de la formation doctorale. Et vous avez raison ! En doctorat, beaucoup de choses vont changer. Et comme une personne avertie en vaut deux, le mieux est de tout vous dire dès maintenant. 1. Le statut de doctorant En doctorat, vous devenez « doctorant ». Vous le verrez au cours du parcours, certaines personnes continueront de vous appeler « étudiant » pendant que d’autres promouvront le statut de doctorant comme étant bien distinct de celui d’étudiant. Je fais partie de ces dernières. Un doctorant n’est pas un « étudiant en thèse ». Cette formule ne veut d’ailleurs rien dire : comment appellerait-on alors un « étudiant en mémoire » ? Un doctorant n’est plus un étudiant parce que la formation doctorale est une formation professionnelle, et des plus singulières : il n’y a aucun équivalent. Selon les textes, la formation doctorale est « une formation à et par la recherche ». Pour le dire vulgairement, vous êtes un apprenti chercheur. Mais dans les faits, vous êtes un jeune chercheur et mieux vaut comprendre très vite ce que cela implique. 2. Le fonctionnement par semestres, les cours, les examens En doctorat, le calendrier ne fonctionne plus vraiment par semestres, comme c’était le cas en licence et en master. Il n’y a plus de cours, et donc plus d’examens de fin de semestre. En doctorat, vous avez toujours des crédits à valider : la majeure partie de ces crédits concerne la thèse de doctorat, mais beaucoup d’autres crédits seront obligatoires. Ces crédits, vous les obtiendrez en suivant des formations doctorales. Vous pouvez en consulter le catalogue sur le site des écoles doctorales. Chaque école propose un large panel de formations, allant de l’approfondissement en langue étrangères aux ateliers d’écriture scientifique, à l’apprentissage d’outils de recherche ou de logiciels. D’autres crédits seront obtenus par la publication d’articles scientifiques dans des revues spécialisées, et à la communication en colloques ou en journée d’études. Chaque école doctorale a ses propres règles en matière de formations et d’acquis spécifiques, même si c’est globalement assez proche d’une école à une autre. Vous pouvez choisir le moment où vous ferez vos formations doctorales. Vous pouvez très bien n’en valider aucune la première année, puis tout valider pendant la deuxième ou la troisième année. Le mieux est de commencer à vous former dès la première année. En revanche, vous devrez présenter chaque année l’avancement de vos travaux devant un comité. Ce comité vous autorisera à vous réinscrire si votre avancement est satisfaisant. C’est ainsi que vous « validerez » vos années doctorales. Tous les ans, vous devrez vous réinscrire. 3. Le rattachement à une école doctorale et à un laboratoire En doctorat, vous ne serez plus rattaché à une UFR comme en licence et en master. Vous serez rattaché à un laboratoire et à une école doctorale. De manière très schématique, vous pouvez rapprocher ce fonctionnement à une formation en alternance : le doctorat étant une formation professionnelle, vous serez rattaché à la fois à l’école (doctorale) et à un lieu professionnel (le laboratoire). L’école doctorale s’occupe de tout ce qui concerne votre dossier administratif et les formations doctorales. Au laboratoire, vous pourrez également suivre quelques formations spécifiques à votre discipline de recherche et vous serez intégré à une équipe de recherche. Ces deux entités sont complémentaires au cours de votre formation, et vous proposeront chacune d’acquérir des compétences spécifiques en recherche. 4. La relation avec le directeur ou la directrice de recherche En master, vous aviez déjà un directeur ou une directrice de recherche. En doctorat, ce sera toujours le cas mais désormais, vous ne serez plus dans une relation aussi “binaire” avec votre encadrant. D’autres chercheurs seront à vos côtés : il s’agit des chercheurs qui composent le comité de suivi de thèse. Vous devrez tenir informé ce comité de votre avancement chaque année, et chacun des membres donnera un avis favorable ou défavorable à votre réinscription en doctorat. Ce comité est là pour vous aider, vous écouter et vous orienter en cas de problème avec votre directeur : il peut arriver que ce dernier ne soit pas suffisamment présent, ou qu’il soit trop présent, et que d’une manière ou d’une autre, des problèmes relationnels s’installent entre vous. C’est pour briser cette relation binaire entre le doctorant et son directeur que le comité de suivi a été mis en place en 2016. Certaines écoles doctorales laissent à leurs doctorants le choix total ou partiel des membres de ce comité. Il est alors extrêmement important que vous fassiez ce choix en conscience : vous pouvez souvent choisir au moins un membre, et ce dernier ne doit pas obligatoirement être HDR. Il peut s’agir d’un maître de conférences que vous avez apprécié durant vos études supérieures, ou d’un chercheur avec qui vous aviez sympathisé pendant la phase où vous cherchiez un directeur. Quoi qu’il en soit, choisissez chacun des membres avec soin, car c’est vers eux que vous devrez vous tourner en premier lieu en cas de problème. Vous l’aurez donc compris, beaucoup de choses vont changer en doctorat ! Votre statut, mais aussi vos occupations, vos responsabilités et votre rythme de travail seront très différents. Ne vous laissez pas surprendre par ces nouveautés, prenez votre place en doctorat et comprenez dès que possible que vos choix en doctorat détermineront votre avenir professionnel ! Besoin d’être accompagné pour réussir à entrer en doctorat ? Rejoignez le programme « Lauréats » !

CE QUI CHANGERA TA VIE EN DOCTORAT | Gérer le temps, l’attente et l’incertitude en doctorat

incertitude en doctorat

La réputation du doctorat le précède : il est difficile à obtenir. Les candidats à l’inscription en doctorat l’entendent, les doctorants le savent et les docteurs le disent, l’expérience doctorale est difficile voire douloureuse. Et c’est vrai. Mais qui vous dit comment bien vivre le doctorat ? Est-ce possible ? Oui, à condition de prendre du recul et de se décentrer au quotidien. 1. Qu’est-ce qui est si difficile en doctorat ? Lorsqu’on se sent en difficulté, on lutte. On résiste. Face à la notion d’obstacle, la plupart des doctorants procrastinent et finissent par agir dans la douleur. C’est ce que j’ai longtemps fait, et cette dynamique s’est insinuée jusque dans les plus petites actions du quotidien. Cet ouvrage n’est plus disponible, j’avais besoin de cette référence, je n’avance plus. Ma directrice n’a pas répondu à mon mail, j’ai besoin de sa réponse, je n’avance plus. J’ai envoyé une candidature à un financement, j’attends la réponse, je n’avance plus. J’ai commandé du matériel pour mener une expérience, il est en chemin, je n’avance plus. Je n’ai pas de financement de recherche, mon contrat de travail se termine, je n’avance plus. Cette liste pourrait s’éterniser mais je crois que vous voyez de quoi je parle. D’ailleurs, je sais que vous êtes nombreux à rechercher des hacks pour vous organiser en doctorat et être plus productif en thèse. Mais pourquoi faites-vous cela ? Parce que les doctorants culpabilisent lorsqu’ils n’avancent plus. Quand cela vous arrive, vous pensez que c’est de votre faute : manque de travail, manque d’organisation, manque de rigueur, trop peu d’acquis, lacunes. Et cette culpabilité nourrit votre sentiment de ne pas être à la hauteur. Elle fait grandir le syndrome de l’imposteur, et vous met en échec. Ce qui peut changer votre vie en doctorat, c’est d’identifier et de comprendre ce mécanisme. C’est de comprendre qu’un rythme décousu est normal, intrinsèque à la recherche. Il est vécu par l’ensemble des doctorants, dans toutes les disciplines de recherche. Ce qui peut tout changer, ce n’est pas d’observer ou de résoudre un phénomène isolé ; c’est de comprendre les dynamiques entre les phénomènes. C’est de voir comment un phénomène impacte les autres. Alors, commencez par vous-même. Pour exceller en recherche, il ne s’agit pas de travailler plus mais de travailler mieux. Un manque de travail se résout par un travail plus soutenu, n’est-ce pas ? Pourtant, travailler plus en recherche ne résout pas votre problème initial. Pourquoi ? Parce que votre problème n’est pas la procrastination. Votre problème, c’est que l’attente et l’incertitude intrinsèques à la recherche soient pour vous des obstacles. C’est cela qui vous ralentit et engendre la procrastination. Votre vie doctorale changera lorsque vous accepterez l’incertitude que l’expérience doctorale place au centre de votre vie. Car c’est bien l’incertitude qui est insupportable en doctorat. C’est l’incertitude qui s’immisce et grandit dans l’expérience doctorale. Cette incertitude en doctorat, qui se cache dans la recherche et se prolonge dans ces pauses qui vous empêchent d’avancer, rend le travail d’autant plus difficile qu’elle devient centrale et commence à se répercuter sur tous les aspects de votre vie. Avez-vous remarqué comment cette incertitude se déplace en vous ? Elle vient par les questions de recherche et soudain, elle s’applique à toute votre vie. Où ce doctorat va-t-il me mener ? Comment me projeter dans ma vie personnelle pendant le doctorat ? Que faire après la thèse ? Comment valoriser mon expérience alors que j’ai perdu toute confiance en l’avenir ? Et là, c’est l’engrenage. L’incertitude est en train de vous dévorer. 2. Comment reprendre le dessus et gérer l’incertitude en doctorat ? En recherche, il est normal d’être confronté en permanence à ce qu’on ignore. C’est nécessaire. Il n’y a aucune corrélation entre l’incertitude et le manque de travail. L’attente fait partie de votre travail et lorsque vous attendez quelque chose en recherche, vous travaillez. Alors, tout l’enjeu est de savoir gérer cette attente et cette incertitude en doctorat. Bien sûr, à partir d’aujourd’hui, vous ne culpabiliserez plus jamais pendant le trajet d’un ouvrage, la réception de matériel ou la réponse de l’encadrant. Non, ce ne sera plus jamais un sujet pour vous. Vous ne perdrez plus jamais d’énergie à culpabiliser pour cela. Vous ne vous sentirez plus jamais en échec pendant ce temps-là. D’emblée, vous allez gagner du temps. Vous allez remonter en énergie. Vous allez vous démarquer. À partir de maintenant, vous aurez une routine personnelle pour les moments d’attente. Tous ces temps morts où il vous faut prendre votre mal en patience, vous savez maintenant quoi faire. Quelle est votre routine ? Est-ce que vous profitez de ce temps mort pour rédiger une partie de votre thèse ? Ou bien, ne serait-ce pas le moment idéal pour prendre quelques jours de congés et vous reposer sans la moindre culpabilité ? Ou alors, n’en profiteriez-vous pas pour lire cette monographie qui traîne sur votre bureau depuis quinze jours ? Mais encore, n’est-ce pas le moment d’aller voir l’actualité de la recherche ? De consulter les appels à contribution de votre discipline histoire de repérer d’éventuelles opportunités de publier ou de communiquer ? Depuis combien de temps n’avez-vous pas flâné sur les offres de financements, les appels à projet ? Envie de nouveauté ? Pourquoi ne pas organiser votre première journée d’études ? C’est le moment d’inviter des personnalités de la recherche à discuter autour d’un thème. Le plus réjouissant, c’est que vous avez le choix de ce thème. Si vous aviez huit personnalités de la recherche dans votre discipline et que vous aviez la possibilité, aujourd’hui, de les faire discuter autour d’un thème, quel serait-il ? Et si, pour changer d’horizon, vous préfériez prendre ce temps pour aller respirer en formation doctorale ? Ce n’est jamais le moment, d’après de nombreux doctorants. Vous, vous savez que les formations doctorales vous font un bien fou. Elles vous permettent de prendre du recul dans les périodes compliquées, de rencontrer des chercheurs d’autres disciplines, d’apprendre des choses que vous ne saviez pas, et d’avoir des idées que vous n’aviez jamais eues. 3. La réussite est un état d’esprit Vous venez de transformer un obstacle en force.

Comment créer le projet de thèse ? Choisir un sujet et rédiger le projet doctoral en 3 étapes

projet de thèse

« Comment faire financer mon projet de thèse ? » « Comment trouver un directeur de thèse qui accepte mon projet doctoral ? » Si vous vous posez ces questions, c’est que vous avez rédigé un projet de thèse et que vous cherchez à concrétiser ce projet. C’est normal. Le problème ? Vous fonctionnez en partie à l’envers. Être autonome et suffisamment averti sur un sujet pour être en mesure de rédiger un projet doctoral seul, c’est une très bonne chose. Ce qui tourne à l’envers, c’est que vous procédez par étape, de manière chronologique : Soutenance de mémoire (master) Rédaction d’un projet doctoral Envoi du projet pour trouver un directeur Recherche du financement pour le projet Et ça bloque. Ça bloque soit à l’étape 3, soit à l’étape 4. Sachez que si ça bloque, c’est normal. Si ça ne bloque pas, ça bloquera forcément plus tard – et trop souvent, ça bloque trop tard. Alors, comment on fait ? 1. Le sujet de recherche n’est pas le projet de thèse  À ce stade, votre problème n’est pas de trouver un financement. Ce n’est pas non plus de trouver un directeur de thèse. Votre problème, c’est que vous avez écrit un projet doctoral sans tenir compte de votre directeur de thèse et sans tenir compte de votre financement. Mais comment tenir compte de ces deux paramètres dans un projet doctoral ? En écrivant un projet doctoral avec un directeur de thèse, en tenant compte des besoins de la recherche et du terrain socio-professionnel. Vous avez en tête un sujet de recherche. Ce sujet peut se décliner en plusieurs projets de thèse : il existe de nombreuses problématiques au cœur de votre sujet d’intérêt. Si votre objectif est bien de faire une carrière dans la recherche ou dans l’univers socio-professionnel auquel votre sujet est connecté, alors le but de votre projet doctoral est de choisir LA bonne problématique. La bonne problématique est celle qui va vous permettre de travailler sur ce sujet de recherche en doctorat et de faire une carrière par la suite. C’est pour cette raison que les laboratoires vous imposent d’être aligné avec leurs axes : vous devez a minima vous intéresser à l’actualité de la recherche. Mais cela ne suffit pas : 40 % des thèses en sciences humaines et sociales sont abandonnées faute d’accompagnement et de perspectives. Parmi les 60 % de doctorants qui soutiennent leur thèse, une large part est ensuite confrontée au chômage et à l’impasse : leurs projets de thèse n’étaient pas alignés avec l’univers professionnel auxquels ils étaient rattachés. Pour le dire vulgairement, ils n’intéressent personne. Ne vous faites pas avoir et ne vous faites aucune illusion : il en ira de même pour vous si vous n’intégrez pas la valorisation future du projet que vous êtes en train de construire. Ce n’est pas parce que vous êtes passionnés par votre sujet que vous devez l’aborder comme un loisir. Le doctorat est « une expérience professionnelle de recherche[1] », et c’est donc bien un projet professionnel que vous abordez. Penser votre sujet n’est pas difficile, au contraire. C’est votre premier challenge de recherche : trouver la bonne problématique, le bon angle sous lequel attaquer le sujet. C’est le cadrage de votre projet. 2. Bien cadrer son projet de thèse Au lieu de fonctionner de manière chronologique, vous devez mettre en place plusieurs actions en même temps. C’est-à-dire ? En fonctionnant de façon triangulaire : Vous avez une passion, un sujet de thèse en tête. Vous allez rédiger votre idée de façon structurée. Ensuite, quand vous aurez une connaissance suffisante sur le sujet sur lequel portera votre thèse, vous allez rechercher une problématique. C’est là que vous allez cesser d’écrire votre projet tout seul. Vous allez contacter les professionnels de la recherche et du secteur en question pour avoir des informations sur l’actualité de la recherche dans cette discipline et sur les besoins concrets dans ce domaine. Vous allez chercher à savoir quel genre d’étude serait utile sur ce sujet. Pour cela, demandez-vous à qui votre thèse serait utile. Qu’est-ce qu’une nouvelle étude dans cette discipline pourrait apporter, et pourquoi ? Quels sont les besoins des acteurs à l’heure actuelle ? Vous allez étudier les offres de financement dans votre discipline de recherche, pour comprendre ce qui est recherché et ce qu’est un projet de recherche susceptible d’être porteur. C’est ainsi que vous allez transformer votre idée initiale en projet de thèse convaincant, qui intègre les besoins et les acteurs, et le rendre porteur pour votre carrière. Vous allez donc procéder par triangulation, autant de temps que nécessaire, en revenant toujours à votre idée initiale : le but n’est pas de la perdre ou de la dénaturer, mais de l’adapter de sorte à ce que vous puissiez faire carrière dans ce domaine. 3. Et en sciences humaines et sociales ? « Je suis en histoire médiévale, je ne comprends pas ton raisonnement. » « Elle est marrante elle, en philosophie je fais comment ? » Vous faites exactement la même chose. Si vous ne comprenez pas le raisonnement, c’est probablement que vous n’avez pas encore identifié l’ensemble des acteurs qui gravitent autour de la recherche dans votre discipline. Commencez-donc par là : Où sont vos sources ? Ne cherchez pas un financement de votre région si vos sources et/ou votre terrain de recherche se trouvent dans une autre région. Les opportunités sont là où se trouvent vos sources: les régions ne financement pas des jeunes chercheurs, elles financent des projets. Quels laboratoires publics travaillent sur ce sujet ? Pourquoi ? Quelles autres institutions y travaillent, en France comme à l’étranger ? Pourquoi ? Quels sont leurs programmes actuels ? Qu’ont-ils financé récemment ? Que proposent les offres actuelles ? Quels évènements, colloques, expositions, congrès, ont été organisés récemment ? Pourquoi ? Il y a souvent un lien avec un fait d’actualité, une histoire, un anniversaire, une découverte, un changement, une ligne politique, une ligne diplomatique, etc. Identifiez le lien. Puis, posez-vous l’ensemble de ces questions et rédigez les réponses les plus exhaustives possible : A votre avis, qu’est-ce que votre thèse pourrait changer (dans le monde, dans la société, dans un groupe, dans la fiction en place dans le système actuel,

LA LETTRE DE MOTIVATION EN DOCTORAT : 3 conseils – S’inscrire en doctorat et rechercher un financement

lettre de motivation

Vous êtes de plus en plus nombreux à me demander des conseils et des modèles pour rédiger vos lettres de motivation en doctorat. La réponse que j’apporte est toujours la même : une bonne lettre de motivation ne peut pas provenir d’un modèle. Bien sûr, il existe plusieurs structures de lettres qui fonctionnent et vous permettent de démarrer. Mais en doctorat, il faut absolument comprendre que si votre but est de réussir – et non uniquement d’essayer – vos lettres vont devoir procéder d’un art que vous devez maîtriser. Cet art, on en apprend les bases et on l’affine dans le programme « Lauréats », le premier programme qui permet d’être accompagné dans le processus d’entrée en doctorat. En voici les principes généraux : 1. Créez des lettres de motivation uniques En doctorat, les lettres de motivation requises concernent le plus souvent l’inscription en doctorat (laboratoire et école doctorale demandent souvent une lettre de motivation lors de la première inscription) et la recherche de financement doctoral : contrat doctoral, convention CIFRE, bourses de recherche. Dans tous les cas, vous devez convaincre un interlocuteur haut placé de vous choisir parmi tous les autres candidats. Cela suppose que vous avez au moins l’une de ces qualités : vous êtes motivé, vous êtes compétent pour le poste, vous avez de l’expérience tant sur le domaine de recherche en question que dans le monde socio-professionnel, vous connaissez les attentes de la recherche et vous êtes prêt à vous y conformer. Alors, soumettre une lettre de motivation peu inspirée qui évoque vos réalisations et ressemble à toutes les lettres qu’on trouve sur les bureaux des RH, serait contraire à l’idée la plus haute qu’on se fait de la recherche : l’innovation. Je vous vois venir : « moi je veux faire de la recherche, pas devenir Baudelaire ! » Eh bien, détrompez-vous. Tout jeune chercheur se doit de maîtriser la mise en mot de ses idées. L’écriture est un aspect central du travail de recherche, et vous n’êtes pas sans savoir qu’un chercheur passe son temps à rédiger. La thèse d’abord, vous permettra de valider la majeure partie de vos crédits doctoraux. Elle devra respecter une structure logique et pertinente pour la démonstration en question. Ensuite, les publications des chercheurs doivent elles aussi respecter une structure propre, mais aussi un format imposé par les revues scientifiques dans tous les domaines de recherche. La contrainte du nombre de mots à ne pas dépasser est systématique et représente à elle seule un challenge énorme, même pour un chercheur qui maîtrise parfaitement son sujet. Enfin, la structure et le format à respecter sous-tendent une capacité à synthétiser les idées tout en cherchant le mot juste. Une prose obscure, une syntaxe non-maîtrisée, sont fatales en recherche. Quoi de pire pour la crédibilité d’un propos scientifique ? En recherche, tout commence et tout passe par la maîtrise de la langue et des idées. Une lettre de motivation convaincante requiert donc un travail de fond qui dépasse largement le seul contenu de la lettre. Elle doit être parfaitement structurée et respecter le format classique de la lettre de motivation, mais aussi se faire le vecteur le plus authentique de votre motivation. Vous devez trouver le moyen d’exprimer cette dernière et de la démontrer en seulement quelques lignes. C’est un exercice difficile qui demande de la pratique. Mais si vous y arrivez, vous aurez un avantage énorme sur tous vos concurrents et ce, quelle que soit la teneur de votre CV. C’est là toute la subtilité et toute la puissance d’une bonne lettre de motivation : si elle est excellente, elle parlera pour vous de votre expérience, de votre capacité à vous exprimer, à faire passer des idées, à convaincre, à travailler et même à inspirer votre interlocuteur. Dans un contexte où tous les CV sont excellents, cela fait une grande différence. 2. Intégrez votre interlocuteur dans vos lettres de motivation Une excellente lettre de motivation doit parler pour vous et non ne parler que de vous. L’une des erreurs les plus fatales dans une lettre de motivation est d’ignorer votre interlocuteur. Comme son nom l’indique, une lettre s’adresse à une personne – ou à un comité constitué de plusieurs personnes. De son côté, cet interlocuteur recherche une personne qualifiée avec qui travailler. Dans le cadre d’une inscription en doctorat, l’équipe de recherche en question ne vous cherche peut-être même pas et tout l’enjeu est de la convaincre de vous faire une place de doctorant. Penser à votre interlocuteur et l’inclure est donc fondamental : c’est le socle de tout travail d’équipe fécond. Avant de vous lancer dans la rédaction du listing de vos réalisations, posez-vous certaines questions : – De quoi a besoin mon interlocuteur ? – En quoi puis-je répondre à ce besoin ? – Qu’est-ce que notre collaboration pourrait nous apporter à chacun ? Répondre le plus précisément possible à ces trois questions vous permettra de trouver les arguments les plus percutants et vous évitera de ne produire qu’une longue liste de ce que vous pensez être vos meilleurs atouts. En réalité, votre meilleur atout en recherche est d’avoir la capacité à identifier un besoin et de répondre à des problématiques précises en proposant des solutions parfaitement adaptées. Par conséquent, sélectionnez parmi vos réalisations celles qui sont pertinentes au regard de l’offre de financement et/ou celles qui vont vraiment parler à votre interlocuteur, en fonction de ses besoins. Le but n’est pas de dire tout ce que vous avez fait jusque-là – c’est le rôle de votre CV. Votre objectif dans la lettre est plutôt de montrer que vous comprenez parfaitement ce qui est recherché et que vous avez ces compétences-là grâce à vos expériences passées. C’est aussi de vous illustrer dans l’idée que « tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Vous avez des atouts, mais vous avez aussi besoin de ce laboratoire et/ou de ce financement pour atteindre vos objectifs actuels. De même, le laboratoire ou l’institution qui propose le financement ont de nombreux atouts, mais ont besoin de jeunes chercheurs pour atteindre leurs propres objectifs. À vous de montrer subtilement en

FINANCER SA THÈSE AVEC UN FINANCEMENT DOCTORAL : VAINCRE LE SYNDROME DE L’IMPOSTEUR

financement doctoral

Vous le savez, l’un des plus grands défis des doctorants concerne le financement doctoral : comment faire sans, mais comment les trouver ? Comment postuler efficacement ? Comment savoir si on a le niveau, et comment gérer un refus ? Autant de questions qui restent souvent sans réponse, faute d’accompagnement adéquat durant le parcours doctoral… mais aussi faute d’un passage à l’action qui n’a pas toujours lieu du côté des doctorants – en particulier lorsque le financement doctoral n’est pas obligatoire. Alors, qu’en est-il exactement de ces financements et de la pression qui les accompagne, comment la gérer pour se dépasser en doctorat et enfin réussir à faire financer son projet ? Chercher un financement doctoral, une étape qui s’avère souvent intimidante Chercher un financement doctoral, cela suppose qu’on sache comment s’y prendre : où les trouver ? Qui les propose ? Comment cela fonctionne ? Qu’est-ce que c’est, exactement ? Sa fonction est plutôt claire dans les domaines des sciences appliquées, où le financement est requis à l’inscription en doctorat. En revanche, elle est beaucoup moins claire lorsqu’on s’engage sur une thèse en sociologie, en droit, en sciences de l’éducation, ou encore dans les domaines des arts et des lettres : ces thèses-là coûtent moins cher, c’est un fait. Il n’en demeure pas moins que les doctorants des sciences humaines et sociales qui se lancent dans la conduite d’une thèse sous-estiment largement le coût de leur projet lorsqu’ils démarrent. Quand on se renseigne, on s’aperçoit que la recherche d’un financement doctoral suppose aussi qu’on sache ce qui les différencie : contrat doctoral, convention CIFRE, bourse de recherche, prix, subvention de recherche, allocation de recherche… autant de termes qui font partie du jargon universitaire, mais qui ne sont pas tous d’actualité et qui ne renvoient pas du tout aux mêmes réalités. L’expérience doctorale et sa portée, ses perspectives, sont très différentes selon que le doctorat est mené sous contrat ou sous convention par exemple. Alors, choisir suppose souvent qu’on sache exactement où l’on va, une fois le doctorat en poche. Et cela est loin d’être une évidence pour tous les doctorants qui s’engagent : qu’ils soient jeunes titulaires de masters ou qu’ils soient professionnels en milieu ou en fin de carrière, les débouchés permis par le doctorat sont méconnus des candidats autant que des milieux socio-professionnels. C’est précisément là que se cache, dès l’entrée en doctorat, la plus grande faille des doctorants pendant le cursus. L’expérience doctorale étant unique, elle est souvent vécue comme une aventure. Peu de doctorants savent s’ils vont réussir leur doctorat. La majorité d’entre eux se demande si elle est vraiment à la hauteur, et le syndrome de l’imposteur en doctorat touche tous les doctorants à un moment ou à un autre du parcours. Alors, dites aux doctorants que le financement de leur thèse n’est pas obligatoire, et la grande majorité d’entre eux n’en cherchera pas. On l’observe dans le domaine des sciences humaines et sociales : les doctorants sont très souvent non-financés, et on sait combien les financements sont rares dans ce domaine. Mais ce qu’on sait moins, c’est que les doctorants qui ne cherchent pas de financements sont monnaie courante dans les laboratoires. La réalité, c’est que dans certaines disciplines des SHS, les doctorants ne sont pas souvent poussés à rechercher des financements doctoraux. Sous prétexte que ces derniers sont rares, la précarité des doctorants est un phénomène quasi-inévitable, voire acceptable. Pire, lorsque j’ai moi-même commencé à rechercher un financement à l’époque où j’étais doctorante, aucun chercheur ne m’y a encouragée. Les candidatures requièrent toujours des lettres de recommandation. Lorsque j’en demandais à mon directeur, il me répondait sans enthousiasme de ne pas me faire trop d’illusions. La sélectivité de ces financements le poussait à me dire cela, mais comment ne pas le prendre pour moi ? Comment ne pas penser que mon propre directeur ne croyait ni en mon projet, ni en ma capacité à décrocher un financement ? En avait-il la moindre idée ? Ce qui est sûr, c’est que je n’ai jamais songé à me mettre en colère pour cela. Si finalement, je n’avais jamais réussi à faire financer ma thèse, je n’aurais jamais compris d’où venait le problème et je n’aurais jamais été en capacité de faire le métier que je fais aujourd’hui. Comment passer à l’action et postuler à un financement doctoral ? Mais le fait est que j’y suis parvenue, et je n’ai pas fait les choses à moitié. Obtenir un financement d’un tel prestige pour une thèse d’histoire de l’art menée dans une fac de province a totalement transformé ma réalité, et ma perception de ce que je faisais comme du champ des possibles en doctorat. Avant d’obtenir ce financement doctoral, j’avais toujours pensé que la possibilité de mener un doctorat sans financement était une chance, une opportunité. Obliger les doctorants des sciences humaines à être financés pour pouvoir s’inscrire, je pensais que ce serait contraire à l’idée d’égalité des chances parce qu’à mon sens, il aurait fallu avoir des relations pour réussir un tel exploit. Or, l’égalité des chances n’est pas la même chose selon qu’on la pense dans le système scolaire ou qu’on la pense en dehors de ce système. Comprendre que le doctorat n’est pas qu’une poursuite d’études est l’une des clés, à mon avis, pour se lancer dans la recherche d’un financement doctoral lorsqu’il n’est pas obligatoire. Pourquoi ? Quand on s’inscrit en doctorat à l’issue d’un master de géographie, d’histoire de l’art ou de philosophie, on perçoit généralement le doctorat comme une poursuite d’études classique. Je pense que c’est un piège, et qu’il faut comprendre dès avant l’inscription que le doctorat est une expérience professionnelle. Cela n’est pas mon opinion, c’est un fait et l’Arrêté de 2016 fixant le cadre national de la formation doctorale est clair dès la première ligne de l’article 1 : « La formation doctorale est une formation à et par la recherche et une expérience professionnelle de recherche. Elle conduit à la production de connaissances nouvelles. » Les doctorants sont en quelque sorte des apprentis, rattachés à une école et à un laboratoire de recherche. Ils se forment

COMMENT RÉUSSIR SON INSCRIPTION EN DOCTORAT ? (1)

inscription en doctorat

Réussir son inscription en doctorat n’est pas synonyme de réussir à s’inscrire en doctorat. Et pour cause : s’inscrire en doctorat est un tel parcours du combattant, qu’un grand nombre de doctorants inscrits ont un sentiment diffus d’avoir raté leur inscription en doctorat, d’avoir raté quelque chose dès le démarrage. UNE INSCRIPTION EN DOCTORAT MAL PRÉPARÉE : LA CAUSE PRINCIPALE D’ÉCHEC ET D’ABANDON Aucune préparation à l’inscription en doctorat n’existe aujourd’hui dans l’enseignement supérieur. L’université n’enseigne pas à ses futurs chercheurs le fonctionnement de la recherche scientifique, ses rouages, ses enjeux. Même un doctorant qui est passé par le master de recherche n’a aucune idée de ce qu’est vraiment le doctorat, et ignore ce qui l’attend en période d’inscription. Personne ne lui a expliqué en profondeur ce que sont le parcours et le projet doctoraux, ni les enjeux de l’inscription en doctorat. Par conséquent, les aspirants au doctorat se retrouvent démunis au moment des inscriptions. Beaucoup pensent que l’inscription en doctorat se passe peu ou prou de la même manière qu’une inscription en licence ou en master. Or, il n’en est rien : le doctorat étant une formation individuelle et non collective, c’est au futur doctorant de préparer lui-même son inscription. Deux cas possibles : en sciences appliquées et le plus souvent en sciences de gestion, le doctorant doit obligatoirement rechercher un financement doctoral et passer les épreuves de sélection pour pouvoir s’inscrire en doctorat. En sciences humaines et sociales – et quelquefois en sciences de gestion, le projet de recherche doit être entièrement pensé en amont, être rédigé et validé par le(s) directeur(s) de thèse, puis par le laboratoire et par l’école doctorale, pour que l’inscription administrative soit ouverte. Ce processus n’exclut pas que les doctorants doivent rechercher un financement pour leur thèse, mais la plupart des doctorants en sciences humaines et sociales se lancent sans que leur recherche ne soit financée (ou finançable). C’est simple, personne n’informe les candidats au doctorat. Ils doivent se renseigner par eux-mêmes pour comprendre son fonctionnement, rechercher leur financement, passer les entretiens de sélection et/ou construire tant bien que mal, seuls, un projet doctoral qui puisse être accepté – et qui ne le sera, s’il n’est guère assorti d’un financement doctoral, que dans la négligence la plus totale de certains directeurs de recherche. Les conséquences d’un tel démarrage sont catastrophiques. Un nombre incalculable de thèses sont tout simplement abandonnées, dans le meilleur des cas. Les doctorants qui se sentent isolés depuis le démarrage subissent le plus souvent leur situation en thèse pendant toute la durée du doctorat, au point que certaines expériences deviennent traumatiques pour certains d’entre eux. Ce sentiment d’être seul dans ce parcours ne fait que croître du fait des innombrables responsabilités et devoirs qui incombent aux doctorants, dont ces derniers n’avaient que rarement conscience au moment où ils se sont engagés dans une inscription. Or, comment devenir acteur d’un parcours d’excellence lorsqu’on ignore tout du terrain sur lequel on s’engage ? LE DOCTORAT, UN PARCOURS QUI NE S’IMPROVISE PAS Le parcours doctoral est un parcours d’excellence. À ce titre, il doit être préparé durant le processus d’inscription, dont c’est la fonction. Tout l’enjeu de l’inscription en doctorat est de comprendre le fonctionnement du doctorat, de connaître ses instances à l’université et les rouages qui vont conduire jusqu’à la remise du diplôme. Or, les doctorants comprennent trop souvent sur le tard jusqu’aux rôles respectifs des laboratoires et des écoles doctorales. Ils perçoivent leur propre comité de suivi de thèse comme une menace, et craignent les entretiens annuels dont ils n’apprennent souvent l’existence qu’au cours de la première année de thèse. S’inscrire en doctorat, c’est faire connaissance avec son terrain de recherche, avec les institutions, les acteurs et les problématiques qui sont au cœur de tout programme de recherche. Ces programmes, qui en informe les doctorants à l’heure actuelle ? Qui leur en parle ? Qui leur explique l’importance des « axes », ces éléments clés dont les doctorants ignorent tout ? De très nombreux candidats au doctorat préparent chaque année, invariablement, un projet doctoral qu’ils envoient à tous les directeurs potentiels de leur discipline, dans toutes les universités. Et chaque année, 90 % de ces doctorants restent sans réponse en dépit de dizaines de mails envoyés, tels des bouteilles à la mer. Sur les 10 % restants, 9 auront des retours négatifs, sans comprendre où était le problème dans cette manière de procéder. Pour l’infime partie des doctorants ayant réussi à trouver un directeur de cette façon, le parcours s’annonce mal. L’inscription en doctorat se prépare et se doit d’être maîtrisée. Un directeur de thèse est une personne clé, centrale, dont le choix doit se faire selon des critères précis dont les futurs doctorants ignorent tout, là aussi. Logique : dans la plupart des cas, l’inscription est faite dans l’urgence et à l’aveugle, sans la stratégie requise pour que le doctorat se passe bien et permette aux doctorants d’être pleinement intégrés à des laboratoires. Improviser son inscription en doctorat, c’est avoir un directeur de thèse qu’on n’aura pas choisi, un laboratoire qui n’aura pas été choisi, c’est s’inscrire dans une école doctorale sans avoir la moindre idée de son existence jusqu’à l’inscription administrative, c’est écrire seul un projet de thèse sur lequel tout va reposer, y compris la future carrière. Et pourtant, quel directeur aura pris le temps d’expliquer à son doctorant l’enjeu et la portée du projet doctoral ? Qui lui dira qu’un projet rédigé seul, avant d’avoir eu le moindre échange avec des enseignants-chercheurs, est un projet doctoral dont les chances d’être financées sont proches de zéro ? Enfin, qui explique aux jeunes chercheurs qu’une thèse non-financée ne trouvera qu’une faible résonnance dans l’univers de la recherche scientifique, et ne permettra en aucun cas aux docteurs concernés de poursuivre une carrière qui soit à la hauteur de leur niveau d’études. LES CLÉS D’UNE INSCRIPTION EN DOCTORAT RÉUSSIE Une inscription en doctorat réussie a été préparée plusieurs mois à l’avance. Le jeune chercheur aura pris le temps de se renseigner en profondeur sur les instances doctorales de l’université et sur

COMMENT J’AI RATÉ MON INSCRIPTION EN DOCTORAT

inscription en doctorat

On peut être docteur et avoir raté son inscription en doctorat. C’est ce qui arrive d’ailleurs à un très grand nombre de doctorants chaque année, et en particulier à ceux qui s’inscrivent sans financement ou qui montent eux-mêmes leurs thèses CIFRE. Ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui s’inscrivent en postulant directement à une offre de financement. Pourquoi ? Parce que ces doctorants-là n’ont pas eu à monter leur projet doctoral eux-mêmes. Quand un doctorant s’inscrit en passant par cette voie, c’est l’équipe de recherche qui l’a recruté qui a élaboré le projet de thèse et s’occupe de trouver le financement. Dans tous les autres cas, l’inscription en doctorat est soit très facile, soit très compliquée : elle peut paraître facile aux doctorants qui gardent le même encadrant qu’en master et s’inscrivent sans financement, et elle peut être très compliquée pour tous les doctorants qui ont un projet mais qui doivent trouver eux-mêmes leur directeur de thèse et leur financement, lorsqu’il est obligatoire. Mon inscription en doctorat Pour moi, ce fut facile : mon directeur de mémoire en master était Professeur, j’ai obtenu d’excellents résultats et mon jury de soutenance m’a encouragée à poursuivre en doctorat. Le financement ? Pas nécessaire. Alors, l’idée a fait son chemin et j’ai rapidement décidé de m’inscrire en conservant mon statut de salariée. M’inscrire de cette manière a été une énorme erreur. Je n’avais aucune idée de ce dans quoi je m’engageais, de ce qu’était réellement le doctorat et de ce qui m’attendait dans les années à venir. Précarité d’abord, puis chômage et descente aux enfers. Quand je me suis inscrite en doctorat, je pensais que mon statut de doctorante et l’opportunité que j’avais de poursuivre en recherche me permettraient de me faire des contacts et de trouver plus facilement un emploi dans mon domaine – les métiers du patrimoine, l’univers des musées et des galeries d’art. Avec un master de recherche, le doctorat est apparu comme une suite logique, et je pensais pouvoir trouver rapidement un moyen plus porteur que mon job alimentaire pour le financer. Mais ce ne fut pas le cas, et tous les étudiants qui étaient sortis de masters professionnels dans mon domaine passaient devant moi pour les emplois sur le terrain que je visais. Pour remonter au-dessus du seuil de pauvreté, j’ai vite compris que la seule option était de terminer le doctorat, mais que cela ne suffirait pas. Il me fallait construire un pont entre le point où j’étais et celui que je visais. Ce pont, c’était une expérience professionnelle d’envergure à construire pierre par pierre pendant les années de thèse. Or, je n’avais aucun moyen de faire cela : par où commencer ? À qui m’adresser ? Comment valoriser ma recherche ? Qui pourrait en avoir besoin et serait intéressé ? Ce sont autant de questions que je n’avais pas anticipées jusque-là et qui auraient dû m’être posées dès avant mon inscription en doctorat. J’étais prise au piège. Comment je m’en suis sortie malgré une inscription en doctorat complètement ratée ? Je ne vais pas vous mentir, je m’en suis sortie par miracle. La première chance énorme que j’ai eue, c’est que mon voisin de palier était enseignant-chercheur à l’université privée d’à côté. Nous étions amis depuis son arrivée à Lille, quand j’étais en L3, et c’est lui qui m’a suggéré d’enseigner à l’université. C’est lui qui m’a poussée à me lancer, lui qui m’a indiqué comment faire, et finalement lui qui m’a permis d’obtenir mon tout premier cours à l’université. L’autre chance que j’ai eue dans ce parcours, c’est que l’un des jurés de ma soutenance de master était le directeur d’une revue très cotée dans mon domaine et il m’avait demandé un article scientifique sur mon sujet de mémoire. Ce double coup de chance cumulé à mes efforts pour prendre part à la vie du laboratoire m’ont permis d’obtenir une première version d’un CV académique assez correct dès la fin de ma deuxième année de thèse. Grâce à ces toutes premières lignes, d’autres sont venues s’ajouter lentement : un premier cours conduit souvent à d’autres cours l’année d’après, et il en va de même pour les premières publications. Malgré cela, la descente aux enfers a continué. Ce n’était pas suffisant. Pourquoi ? Parce qu’une thèse non-financée est une thèse dont la portée scientifique n’est pas démontrée. Cela, je l’ai compris à mes dépends et surtout, je l’ai compris beaucoup trop tard. À la fin de la deuxième année, j’ai commencé à postuler aux offres de financements qui étaient pertinentes. Ces candidatures m’ont quasiment pris toute l’année suivante, et toutes m’ont été refusées. Le cadrage ne collait pas tout à fait, j’étais sur un sujet de thèse qui était porteur dans mon domaine et qui correspondait à l’actualité de la recherche, mais la problématique sur laquelle je travaillais depuis deux ans m’enfermait désormais. Ce n’est que deux ans plus tard, après avoir déployé des efforts incommensurables pour continuer d’étoffer mon CV, que j’ai enfin réussi à obtenir un financement et à achever ma thèse en seulement quelques mois. Ce financement a tout changé : offert par l’université de Yale, toutes les portes de la recherche se sont soudain ouvertes et j’ai multiplié les responsabilités au sein de projets d’envergure, tant à l’université que dans le champ professionnel que je visais depuis des années. J’ai terminé et soutenu ma thèse dans un état d’épuisement très grave – deux hospitalisations de plusieurs semaines. Inscription en doctorat : faites-vous accompagner Si j’avais été accompagnée correctement lors de mon inscription, j’aurais évité le piège qui m’était tendu à l’université. C’était beaucoup trop simple, et j’aurais dû me renseigner. Je ne suis malheureusement pas la seule, et c’est quotidiennement que les doctorants en situation délicate ou souhaitant justement être accompagnés pour leur inscription en doctorat viennent vers moi en consultation. Et ce que je constate, c’est qu’aucune trajectoire n’est identique. Toutes les inscriptions sont spécifiques, ce qui fait que les doctorants et les futurs doctorants ne trouvent pas d’informations qui soient vraiment adaptées à leur situation. Comme eux, j’ignorais tout du monde