RÉUSSIR LES AUDITIONS POUR LES FINANCEMENTS DE THÈSES (GUIDE COMPLET)

auditions pour les financements de thèse

Ça y est ! Les préparations aux auditions pour les financements de recherche commencent ! Si tu es en plein dedans, cet article est pour toi. Aujourd’hui, on va parler exclusivement de la préparation à ces auditions tant redoutées, de sorte que tu aies tout ce qu’il te faut pour bien comprendre les enjeux et t’y préparer. Déjà, de quoi on parle ? Les auditions sont l’une des grandes étapes du recrutement des doctorants. En France comme à l’étranger, on ne recrute pas les jeunes chercheurs sur simple demande. Il faut le rappeler, car ce fait est loin d’être une évidence du côté des sciences humaines et sociales, où les étudiants pensent souvent s’inscrire en doctorat comme ils l’avaient fait en master. En fait, plus des trois quarts des doctorants inscrits en France sont rémunérés pour mener leur thèse – 77,8 % selon les derniers chiffres [1]. La première chose induite ici, c’est que le doctorat est une expérience professionnelle à aborder comme telle : si tu prépares une audition, tu te prépares en fait à une forme d’entretien d’embauche. Ah bon ? Eh oui, et on va prendre le temps d’en parler ici car c’est loin d’être clair pour les candidats auditionnés chaque année, et ce problème conduit à de cuisants échecs qui ne sont pas compris par les candidats. Je reviendrai ensuite sur les enjeux des auditions pour les financements de thèse, et on parlera du déroulé des épreuves ainsi que des auditions blanches que tu peux faire avec moi à l’agence.   L’audition, un entretien d’embauche ?   La grande majorité des financements de recherche sont des contrats de travail. Le contrat doctoral est le plus courant : 40,2 % des doctorants étaient sous contrat doctoral en 2021-22 [2]. Or, le contrat doctoral est un CDD de 3 ans. Ce n’est donc pas une bourse. Les thèses CIFRE représentent une autre part importante des financements : 10,3 % des doctorants étaient inscrits en CIFRE en 2021-22 [3]. Or, la CIFRE est un dispositif d’aide à l’embauche octroyée aux employeurs, et non une bourse octroyée aux doctorants. Parmi les autres financements de thèses, on trouve les contrats relevant des organismes de recherche comme les contrats CNRS (16,1 %), et les allocations régionales (6,3 %) qui couvrent une partie des salaires des doctorants sous contrat avec les universités [4]. Les bourses sont donc minoritaires, et si tu prépares une audition actuellement, c’est probablement pour décrocher un emploi, pas une bourse. Malheureusement, beaucoup de candidats font l’amalgame – logique, lorsque tant de directeurs et directrices de thèses continuent d’appeler les contrats doctoraux des « bourses ministérielles ». Les mots sont importants. Ici, ils te permettent de comprendre que bien au-delà d’être une formation, le doctorat est une expérience professionnelle à proprement parler. En contexte d’audition, le cadrage de ta prise de parole est impacté par cette information : on n’argumente pas de la même manière lorsqu’on croit demander une bourse ou lorsqu’on passe un entretien d’embauche, n’est-ce pas ? Les deux configurations placent les candidats dans deux postures très différentes. En premier lieu, tu dois donc absolument déterminer quel est le genre de contrat pour lequel tu postules : est-ce un contrat doctoral ? Est-ce une audition pour une CIFRE ? Un contrat d’organisme de recherche ? Ou une bourse ? En fonction de la réponse, tu en sauras davantage sur la posture à adopter. Si c’est un contrat, alors tu passes un entretien d’embauche et dans ce cas, pas question d’adopter la posture d’un étudiant qui sollicite une bourse sur critères sociaux, en insistant sur tes difficultés financières ! Pas question non plus d’insister sur tes résultats académiques comme si tu sollicitais une bourse d’excellence ! Ici, tu dois être professionnel(le) et comprendre que ton jury recherche un collaborateur ou une collaboratrice pour intégrer une équipe de recherche. C’est un emploi. Quels sont les enjeux des auditions pour les comités ?   Pour bien préparer ton audition, tu dois donc te mettre dans la peau des membres du jury. Ils cherchent à embaucher un doctorant pour l’une des équipes de recherche de l’université. Ce que tu dois garder en tête, c’est que les membres du jury ne seront probablement pas tous des chercheurs de ta discipline. Pourquoi ? Prenons l’exemple du concours du contrat doctoral : c’est simple, il est organisé par les écoles doctorales. Or, une école doctorale fédère les laboratoires de plusieurs disciplines. Ainsi, une école doctorale SHS fédère un laboratoire de psychologie, un laboratoire de sciences de l’éducation, un laboratoire d’histoire, un laboratoire de droit, etc.Les comités des auditions sont donc composés d’enseignants-chercheurs de différentes disciplines. Leur objectif n’est pas seulement de te questionner sur ton sujet – ce n’est pas un examen. Les objectifs premiers des membres du jury sont de s’assurer : (1) Que le projet de thèse est en parfaite adéquation avec le programme du laboratoire. Ils ne le connaissent pas forcément ! C’est donc à toi de le connaître, et d’être en mesure de dire dans quel axe du laboratoire ton projet s’inscrit, et d’expliquer en quoi ton projet est cohérent avec les orientations du laboratoire (tu trouveras cette information sur le site du laboratoire). (2) Que le projet de thèse est viable. Tu dois être capable d’argumenter autour de l’intérêt de ta question de recherche pour le domaine concerné (en recherche et en-dehors de la recherche). Quel sera l’impact de ton travail dans le secteur en question ? Qu’est-ce que ta thèse va permettre dans ce secteur ? (3) Que le candidat est le bon. Le projet peut être excellent et porteur, tu n’es pas forcément la bonne personne pour le mener à son terme en 3 ans. Tu dois être en capacité de montrer que tu es la meilleure personne pour ce projet – que tu l’aies créé ou que tu répondes à une offre sur un sujet précis. Au-delà du projet, tu dois montrer que tu es solide, que tu es professionnel(le) et que tu sais où tu

REPRENDRE CONSCIENCE DE SON TALENT EN DOCTORAT – PODCAST “CHERCHEUR, RÉVEILLE-TOI” EPISODE 1

REPRENDRE CONSCIENCE DE SON TALENT EN DOCTORAT

Le texte complet de l’épisode “REPRENDRE CONSCIENCE DE SON TALENT EN DOCTORAT” 👇 Bonjour et bienvenue dans le podcast « Chercheur, réveille-toi ! » ! Dans ce premier épisode, j’ai décidé de revenir rapidement sur mon parcours, à la fois pour me présenter et pour présenter l’essence des réflexions que je compte partager ici à compter d’aujourd’hui. Cette présentation, je vais l’aborder sous l’angle d’une erreur que j’ai commise en doctorat. C’est l’erreur qui, dans le long terme, m’a coûté ma santé et m’a envoyée deux fois à l’hôpital en dernière année de thèse. Mais c’est aussi l’erreur qui me permet aujourd’hui d’être totalement sereine dans mon activité professionnelle. Mon but n’est donc pas forcément que tu l’évites, mais que tu identifies plus tôt ce qui se joue pour beaucoup de jeunes chercheurs en doctorat – en particulier en SHS. Je vais aborder cela en quatre volets : d’abord, je vais revenir sur la manière dont j’ai abordé l’université puis le doctorat, avant d’aborder ce que l’université et le doctorat m’ont renvoyé de leur côté. Je vais parler ensuite de la façon dont j’ai rompu avec l’université, et je te livrerai enfin de manière plus directe une clé à utiliser de ton côté si tu vis une situation difficile en doctorat. Dans ce dernier volet, je t’inviterai à te poser un certain nombre de questions, et à faire un petit exercice qui pourrait bien changer le cours de ta carrière ! J’espère que tu es prêt(e), et je te souhaite une très belle écoute ! Aborder l’université et le doctorat Quand j’étais en licence, mes Professeurs me fascinaient. En histoire de l’art, c’est un monde à part dans lequel les Professeurs apparaissent comme de véritables sachants. Ils comprennent l’art, ils en parlent à longueur de journée, ils côtoient des gens intéressants et font des choses fascinantes comme des conférences, des vernissages ou des congrès. À l’époque, pas une once de mon âme n’envisageait d’atteindre un jour ce niveau. Moi, j’étais une étudiante paumée, habillée tout en noir, qui arrivait toujours en retard pour ne croiser personne et ne pas avoir à parler à qui que ce soit. Je travaillais en parallèle et ces études me faisaient galérer. À l’université, je ne tissais pas de relations, j’étais souvent absente – soit parce que je devais travailler, soit parce que j’étais trop fatiguée – et pour ces raisons, je me sentais en décalage avec mes camarades. J’étais loin de la maison. Je ne connaissais pas les codes de l’université, je ne savais pas qu’elle était beaucoup moins prestigieuse que les prépas et de toute façon, je me suis retrouvée là parce qu’avec mon Bac scientifique, je n’avais pas réussi à entrer en prépa d’école d’arts appliqués – j’avais été acceptée en prépa vétérinaire, qui était mon projet initial depuis l’enfance avant de changer complètement de projet au cours de mon année de terminale, suite à de graves problématiques familiales. Ce cursus à l’université était un donc choix par défaut pour moi, et un choix que je n’avais pas pu anticiper ou mûrir, c’était allé très vite. J’étais vraiment perdue et mon parcours en licence a été chaotique au début – j’ai d’ailleurs redoublé la deuxième année car je n’étais pas vraiment dedans. Les choses ont commencé à s’améliorer pendant mon année de redoublement, car j’avais validé plusieurs UE et j’avais déjà vu celles que je devais repasser. J’ai pu me poser un peu et le simple fait de « revoir » au lieu de découvrir totalement, m’a aidée à rebondir. En troisième année, j’étais enfin en piste et j’ai validé la licence avec une première mention. Petit à petit, je suis devenue un pur produit de l’université. Comme j’étais très précaire dès le départ, que j’étais seule, sans soutien parental et issue d’un milieu ouvrier, je collais en fait assez bien avec l’archétype de l’étudiante en fac de lettres. Dès lors que j’ai eu conscience de cela – consciente d’être à ma place en fait –, j’ai adhéré aux valeurs de cet univers et je me suis complètement identifiée au milieu universitaire. Mes études étaient la seule chose à laquelle me raccrocher pour espérer m’en sortir, et l’université était pour moi le seul lieu accessible pour ce faire. Vu ma situation, et vu combien j’en souffrais – parce que même si mes résultats étaient bons, j’étais dans un sentiment d’injustice en permanence – j’étais forcément contre les inégalités sociales, contre le capitalisme, contre ceux qui « profitent », contre les étudiants d’écoles de commerce, et contre toute forme de superficialité. Pour financer mes études, je n’envisageais pas une seconde de faire autre chose que de l’enseignement, de l’aide aux devoirs ou du soutien scolaire, et de l’accompagnement aux jeunes des quartiers où je vivais, moi aussi. C’est en baignant dans cet environnement, que j’ai créé ma zone de confort dans la précarité. J’ai travaillé comme une dingue pour relever mon niveau. Je voulais comprendre les discussions intellectuelles qui avaient cours sur des sujets qui m’étaient étrangers, autour de questions que je ne m’étais jamais posées. En master, je suis passée par une phase de mépris envers le manque de culture des autres, en m’appuyant sur eux pour me sentir un peu supérieure et pouvoir dire des phrases du genre : « attends, tu ne connais pas Pontormo ? » Voilà, je suis passée un peu par là. Puis, je suis entrée en doctorat. Pas un instant je n’ai envisagé de faire financer ma thèse. C’était trop compliqué et puis, il y avait des rumeurs sur les doctorants financés – c’étaient des chouchous, des privilégiés, des gens avec des passe-droits. Pas mon genre. En 2ème année, je n’avais plus de solution pour financer ma thèse. Mon contrat de travail avec l’éducation nationale ne pouvait pas dépasser six ans, donc je me suis retrouvée sans rien ou disons pas grand-chose, et puis je n’avais pas vraiment d’idées en fait. Les heures de soutien scolaire ne suffisaient pas bien sûr et je ne savais pas que j’avais le droit au chômage, puisque je croyais être encore étudiante. Mon meilleur

« MON DIRECTEUR DE THÈSE NE ME RÉPOND PAS » QUE FAIRE ? 2 astuces pour améliorer ta communication avec ton DR (ou ton futur DR)

MON DIRECTEUR DE THÈSE NE ME RÉPOND PAS

Les deux problèmes dont les jeunes chercheurs me parlent le plus souvent sont : – « Mon directeur de thèse ne me répond pas, ou ne le fait que partiellement. » – « Les directeurs de thèse que j’ai contactés pour m’encadrer ne me répondent pas. » Vous me connaissez, je n’ai aucune complaisance envers les dérives bien connues en doctorat, dont celle des encadrants qui laissent leurs doctorants à l’abandon. Mais ici, j’aimerais vous partager le résultat de deux ans d’accompagnement de près de 400 jeunes chercheurs : La plupart du temps, sur ces deux problématiques-là, le directeur de thèse n’est pas (vraiment) en cause. Du moins, elles se sont résolues immédiatement dans 95 % des cas lorsque quelques conseils de base ont été appliqués. Ces conseils se résument en une phrase : Adaptez votre manière de communiquer avec les chercheurs. Ici, je vous donne quelques conseils pour améliorer votre communication, qu’il s’agisse d’échanges réguliers ou de premiers contacts. 1. « Mon directeur de thèse ne me répond pas » Quand j’ai commencé à accompagner des jeunes chercheurs, j’ai été choquée par le nombre de personnes qui me remontaient ce problème. Pour débloquer chaque situation, ce que je fais à présent c’est que je demande aux jeunes chercheurs de retrouver le dernier email envoyé, pour voir ce qu’il est possible de faire. Constat : la plupart des emails étaient très longs. Ils étaient souvent très descriptifs et incluaient soit de nombreuses questions, soit aucune question. a. Envoyez des emails courts Le premier conseil très simple qui a permis de régler le problème dans la plupart des cas fut de réduire la taille des emails. Oui, votre directeur doit vous suivre et il est parfaitement normal de lui dire où vous en êtes, de le tenir au courant et de lui poser des questions. Mais attention : des emails de 5 à 7 paragraphes longs ne sont pas adaptés à une communication efficace. Ne pensez-vous pas qu’une entrevue s’impose pour discuter de l’ensemble de ces points ? Montrer de l’égard pour le temps et l’énergie d’une telle interlocutrice est la base d’une collaboration fructueuse. Si vos emails sont souvent longs et que votre directrice de thèse a tendance à ne pas vous répondre, ou à ne le faire que partiellement, il est possible qu’un changement de stratégie s’impose. Avant toute chose, tentez de lui envoyer un mail concis pour solliciter une entrevue : Chère Madame, J’espère que vous allez bien. J’ai beaucoup avancé ces dernières semaines et un point avec vous s’impose à moi pour continuer. Auriez-vous un moment à m’accorder ces prochains jours ? Je suis disponible (choisissez deux jours où vous n’avez aucun engagement) à votre convenance. D’avance, je vous remercie. Cordialement, Prénom et nom Il est fort probable que votre directrice traite votre email rapidement au lieu d’avoir à le mettre en attente. Elle vous dira si elle est disponible sur les créneaux proposés ou vous en proposera un autre directement. Le jour du rendez-vous, vous aurez le loisir de lui exposer les points importants de votre avancement et de lui poser toutes vos questions. b. Posez une question Cela vaut pour les deux situations. Si vous avez tendance à poser de nombreuses questions dans vos mails, cela peut expliquer que la réponse reçue ne soit pas satisfaisante et je vous recommande d’appliquer ce principe de base : Un mail = une question. Si vous avez plus d’une question, je vous conseille de solliciter directement une entrevue, même courte. Ne multipliez pas les emails. Par ailleurs, si votre email ne contient pas de question, il peut sembler logique qu’aucune réponse n’arrive. Vous allez me dire que vous ne comprenez pas, que vous demandez toujours quelque chose à votre directrice. C’est ce que me disent 100% des doctorants qui rencontrent ce problème. Pourtant, lorsqu’on regarde ensemble, ils sont (très) souvent surpris de constater qu’en effet, aucune question n’apparaît dans leur email – j’entends ici une phrase qui se termine par un point d’interrogation. Souvent, vous pensez que soumettre le problème que vous rencontrez induit la question que vous posez, mais ce n’est pas le cas. Si je vous dis : « j’hésite à publier cet article », qu’allez-vous me répondre ? – Vous pouvez m’encourager à le faire – Me le déconseiller – Me donner votre avis avec des « pour » et des « contre » – Ne pas comprendre que je vous demande votre avis – Me dire de le publier le mois prochain – Me demander pourquoi j’hésite – Me raconter la fois où vous avez rencontré le même problème – En parler à tous vos amis qui pourraient avoir un complément d’avis – Etc. Alors qu’en réalité, je ne vous ai pas demandé votre avis. Et dans la mesure où je ne vous ai pas demandé conseil, la meilleure réponse était le silence. Sans question, toute requête est ambigüe. J’avais identifié cela quand j’enseignais à l’université, mais je ne l’ai réellement compris et intégré que quand j’ai commencé à faire du conseil. Il est impossible de conseiller correctement lorsqu’une personne nous soumet un problème. Tant que la question n’est pas formulée, il y a de fortes chances de répondre à côté. Ce qui se passe pour beaucoup de directeurs de thèse, c’est qu’ils doivent faire un effort considérable pour identifier vos besoins. Résultat : de nombreux mails restent sans réponse, ou les réponses ne sont pas satisfaisantes. Au bout d’un moment, les emails qui requièrent un effort considérable de la part de la personne qui les reçoit peuvent devenir chronophages pour elle, aussi sincère et impliquée soit-elle. Ici, si je souhaitais avoir votre avis, il me suffisait de dire : « que pensez-vous du fait que je publie cet article aujourd’hui ? » C’est tout bête, mais cela change tout. Exemple réel : Un doctorant contacte sa directrice pour lui soumettre un problème : il se sent dépassé par sa charge de travail car il travaille à temps plein en parallèle de sa thèse. Dans son mail, il rédige huit lignes exposant le problème à sa directrice, et lui dit à la fin : « je ne sais pas par où commencer ni si je devrais

COMMENT RÉUSSIR LE CONCOURS DU CONTRAT DOCTORAL ? Partie 2 – L’audition

comment réussir le concours du contrat doctoral

L’audition lors du concours des contrats doctoraux est une épreuve très redoutée. Si vous ressentez le besoin d’être rassuré(e) et de comprendre la manière d’aborder cette épreuve et de la préparer, cet article est pour vous. Ici, je vous explique comment j’ai préparé les candidats au concours des contrats doctoraux SHS cette année, et tout ce que je leur ai confié pour optimiser leurs chances d’être sélectionnés. Sachez une chose : tous étaient dirigés par des chercheurs HDR choisis avec soin et impliqués depuis plusieurs mois. C’est la clé, et tout ce qui est dit ici ne peut l’être qu’à titre indicatif. Mon but est de vous donner une idée de ce qui est attendu le jour J en termes de préparation, et de vous confier la liste des questions qui ont été les plus couramment posées chez les candidats que j’ai préparés. 1. La présentation La première étape de l’audition est celle de votre présentation. Généralement, le jury vous donne la parole durant 10 à 15 minutes. Votre présentation doit donc être succincte. Je vous recommande de la préparer à l’écrit et de vous entraîner à en répéter le texte, de sorte à être à l’aise sans l’ensemble des notes le jour J. Pour vous aider, vous pouvez respecter la structure suivante : D’abord, présentez succinctement votre parcours d’études supérieures et votre parcours professionnel, si vous êtes en reprise d’études. Le jury a besoin de connaître les grandes lignes de votre trajectoire, mais attention : il a déjà consulté votre CV, il ne s’agit donc pas de tout redire mais bien de mettre en lumière le fil conducteur qui vous a mené jusqu’au passage du concours des contrats doctoraux. Votre objectif dans cette partie est de montrer la cohérence entre votre parcours et votre projet (2 à 3 min). Votre présentation doit vous mener de façon logique à évoquer directement votre question de recherche : ce parcours vous a mené à ce projet de thèse. Par conséquent, la seconde étape de votre présentation contiendra la problématique de recherche que vous avez posée dans le projet de thèse. Cette partie ne doit pas être développée aussi longuement que dans le projet de thèse – le jury l’a déjà lu. Vous pouvez donc vous en tenir au seul énoncé de la problématique (30 sec à 1 min). Ensuite, vous pouvez annoncer les grands axes de recherche de votre étude : sur quelles thématiques serez-vous amené(e) à travailler pour répondre à votre question de recherche ? Comment s’articule votre réflexion ? (1 min à 1 min 30) Vous en viendrez ainsi naturellement à évoquer vos hypothèses dans la partie suivante : quel est le point de départ, qu’est-ce qu’on suppose pour le moment et pourquoi ? (30 sec à 1 min) Ensuite, vous évoquerez les sources disponibles et la constitution de votre corpus. Sur quelle base allez-vous démarrer ? Quels sont les documents et la bibliographie disponibles ? Que savez-vous du terrain et de ses acteurs ? Quelles sont les données qu’il faudra collecter et analyser ? Soyez le plus précis possible pour démontrer la faisabilité du projet et la solidité des éléments que vous avez identifiés pour démarrer (3 à 4 min). Dans la partie suivante, vous pouvez en venir à l’originalité de votre sujet et la portée de votre étude : malgré les sources disponibles, cette étude reste à mener. Pourquoi, dans quelle mesure, et dans quel objectif ? Quelle transformation cette recherche va permettre dans votre discipline ? Quel sera son impact ? Vous en viendrez ainsi à poursuivre votre présentation autour de votre projet professionnel. Après la thèse, quels seront vos options ? Comment envisagez-vous votre insertion professionnelle post-doctorale ? Attention : même si ce n’est pas dans vos projets pour le moment, je vous recommande de signifier au jury que vous n’envisagez pas uniquement la voie de la carrière académique : ce ne sera pas considéré comme étant réaliste. Le jury aura à cœur de s’assurer que vous construisez votre projet de recherche en regard d’une insertion professionnelle certaine. Votre projet de thèse doit donc aussi faire ses preuves en ce sens. Enfin, vous pouvez conclure en synthétisant l’ensemble des éléments qui démontrent la faisabilité, l’importance et la cohérence de votre projet de recherche doctorale : votre parcours, l’état de la recherche, et ce qui fait de vous la personne adéquate pour mener ce projet de taille en seulement trois ans. Vous terminerez par une phrase de salutations et/ou de remerciements pour l’écoute du jury. Pour résumer, la structure globale de votre présentation pourra être celle-ci : 1) Présentation de votre parcours 2) Problématique du projet  3) Grands axes de recherche 4) Vos hypothèses  5) Votre corpus  6) L’originalité du sujet et la portée des résultats 7) Le projet professionnel en rapport 8) Un mot de synthèse en conclusion 9) Salutations et remerciements Une mise en garde concernant votre présentation : L’erreur que j’observe le plus couramment dans la préparation de cet exercice, c’est le fait que les jeunes chercheurs ne comprennent pas la dimension professionnelle de leur candidature. Avant de démarrer, intégrez bien que le contrat doctoral n’est pas une aide financière ou une bourse à caractère social ou méritoire, mais un contrat de travail. Sous contrat doctoral, vous êtes sous contrat de travail avec l’université : ce n’est pas une métaphore, le contrat doctoral étant bien un CDD (temps plein) de 3 ans. Chaque année, un grand nombre de candidats abordent ce concours sans être bien informés sur le contrat doctoral, qu’ils perçoivent comme une aide financière du fait que le doctorat soit envisagé comme une poursuite d’étude et non comme un emploi à proprement parler. En conséquence, on voit des candidats mettre l’accent sur un parcours difficile en études supérieures, ou sur la qualité du parcours en termes de résultats scolaires – comme si le contrat doctoral était une bourse sociale ou une bourse au mérite. Ce n’est pas le cas, et c’est pourquoi il est recommandé de construire votre présentation autour de la notion d’adéquation entre vous et votre projet de recherche, et non sur vous uniquement. En somme, votre présentation doit s’en tenir à montrer que votre

COMMENT RÉUSSIR LE CONCOURS DU CONTRAT DOCTORAL ? Partie 1 – Le dossier

réussir le concours du contrat doctoral

C’est officiel depuis hier : une nouvelle personne que j’ai accompagnée cette année sur la préparation au concours du contrat doctoral l’a décroché. Elle commencera son doctorat en septembre avec un financement prestigieux au sein d’une équipe de l’institut français d’islamologie. Je suis extrêmement fière des résultats que l’ensemble des jeunes chercheurs que j’ai accompagnés cette année sur les candidatures aux financements a obtenus : tous sont lauréats, sauf un qui est premier sur liste complémentaire et en attente d’autres résultats, et deux qui sont toujours en cours de montage CIFRE avec une entreprise et une structure publique qui se sont engagées à leurs côtés. J’ai donc décidé de partager avec vous les process que j’utilise pour préparer les jeunes chercheurs que j’accompagne depuis 2021, en espérant que ces indications permettront au plus grand nombre de comprendre les attentes des jurys et d’y répondre efficacement. Les conseils que vous trouverez ici sont valables pour le concours des contrats doctoraux, mais aussi pour la plupart des offres de financements de recherche qui fonctionnent sur le principe d’une première sélection sur dossier suivie d’une audition de 10 à 20 minutes. Cet article vous sera également très utile si vous passez le concours en sciences dites « dures », le principe étant le même bien que le recrutement soit un peu différent. Je tiens enfin à préciser que l’ensemble de ces réussites n’est pas le fruit du hasard, et tient essentiellement en deux paramètres clé : la qualité du projet et le choix du directeur ou de la directrice de thèse ont été systématiquement déterminants. J’entends par là qu’en SHS, une candidature à ce type de financement passe toujours par une préparation globale du projet en amont. Le projet de thèse doit être cadré et rédigé avec le plus grand soin, jamais seul, et le choix de la personne qui dirigera votre projet doit être maîtrisé. La candidature aux financements ne vient qu’après ces deux étapes de préparation, qui auront souvent duré plusieurs mois et qu’il serait dommageable – sinon vain – de négliger. 1. Comprendre les pièces à joindre au dossier pour réussir le concours du contrat doctoral Avant de vous lancer dans la constitution de votre dossier, la première chose à faire avant de rédiger quoi que ce soit est de lire plusieurs fois l’appel à candidature que l’école doctorale a diffusé. Rien n’est omis par les équipes, rien n’est laissé au hasard ni demandé aux candidats sans raison spécifique : sous son apparence très « protocolaire », elle contient toutes les informations dont vous avez besoin et produit une réponse simple à la plupart de vos questions. Les modalités de la constitution des dossiers dépendent des écoles doctorales et varient selon les années : ce n’est jamais identique, mais les attentes sont très proches. Le plus souvent, les écoles doctorales vous demanderont de fournir les pièces suivantes : – une lettre de motivation – un projet doctoral – un projet professionnel – un CV – des pièces complémentaires comme vos relevés de notes de master et des lettres de recommandation Lorsque vous aurez pris connaissance de l’ensemble des pièces demandées, prenez encore le temps de bien comprendre l’enjeu de chaque pièce et de ne jamais oublier cette règle fondamentale : une pièce = une fonction. Cela signifie par exemple que votre lettre de motivation ne contiendra pas un condensé de votre projet professionnel et/ou l’ensemble de vos réalisations, comme on le voit trop souvent. Chaque pièce demandée n’a qu’une seule fonction, et ces pièces sont parfaitement complémentaires. Pour bien comprendre : – L’enjeu de la lettre de motivation est d’exprimer votre motivation à décrocher ce contrat doctoral, dans cette école doctorale en particulier, et non votre motivation à faire un doctorat ou à travailler sur votre sujet par exemple. – L’enjeu du projet doctoral est de démontrer la pertinence de votre projet de recherche, que vous aurez préalablement rédigé sous forme d’avant-projet – idéalement selon les recommandations que j’ai relayées et expliquées il y a quelques mois dans cet article. Nous verrons plus bas comment l’adapter dans le cadre de votre candidature à un financement de type contrat doctoral. – L’enjeu du projet professionnel est de développer autour de la cohérence globale de votre parcours : avant, pendant et après le doctorat. Il doit montrer que l’obtention de ce contrat doctoral est une suite logique et qu’elle conditionne en même temps la suite de votre carrière. Il doit dénoter également votre connaissance du terrain professionnel que vous envisagez, et montrer que vous considérez différentes options en cohérence avec votre envie de faire de la recherche. Nous développerons tout cela plus bas. – L’enjeu du CV est de montrer de façon très claire quel a été votre parcours. Les lecteurs doivent pouvoir visuellement identifier tout de suite quelle est votre trajectoire – d’étude et/ou professionnelle – et quels sont vos atouts pour aborder la recherche à cette étape de votre parcours. Utiliser les normes du CV académique pourra jouer en votre faveur, si vous avez déjà à votre actif des réalisations de type académique. Je les développerai également dans la partie suivante. – Concernant vos relevés de notes, l’enjeu est de s’assurer que vos résultats en master ont été suffisants. Assurez-vous au plus tôt de les avoir sous la main au cas où il faudrait faire une demande de duplicata. Idem pour les lettres de recommandation lorsqu’elles sont requises : demandez-les au plus tôt aux personnes concernées, n’attendez pas le dernier moment ! 2. Rédiger les pièces à joindre au dossier À présent, vous vous apprêtez à rédiger les premières versions des pièces demandées. Avant toute chose, un conseil : partez de documents vierges. Ne reprenez pas la lettre de motivation que vous avez rédigée l’année dernière pour un poste qui n’a rien à voir, ou même celle que vous avez faite pour un financement doctoral dans une autre institution. Ne reprenez pas non plus le CV que vous avez envoyé pour votre job d’été il y a deux ans, sauf pour vous remémorer quelques dates importantes. Il vaut mieux produire des documents inédits et à usage

COMMENT CADRER SON SUJET DE THÈSE ? 3 étapes indispensables

cadrer sujet de these

Cet article est le texte de la conférence que j’ai donnée à l’école CentraleSupélec lors de l’évènement organisé par le Gender Gap Reflection Club, le mardi 16 mai 2023. Un grand merci à Suzanne Martin pour son invitation. Un bon projet de thèse, c’est un projet qui est « bien cadré ». Aujourd’hui, vous avez certainement à l’esprit une idée de sujet de recherche qui vous passionne. Quel qu’il soit, il peut être porteur si vous parvenez à l’aborder de la bonne manière. C’est ce cadrage qu’il faut définir en amont pour que le parcours doctoral se déroule sous les meilleurs hospices – i.e. qui vous permette d’être actif tout au long des années doctorales. Votre idée doit mûrir. Elle doit intégrer des éléments tels que l’état de la recherche sur ce sujet, le besoin à laquelle elle répond ou la transformation qu’elle va permettre dans votre domaine, mais aussi tous les éléments concrets concernant la faisabilité de votre projet et l’avis des chercheurs qui sont les experts du sujet abordé. Je vous propose ici de vous montrer comment vous y prendre pour rédiger un bon projet de thèse, avec un cadrage pertinent. 1. Faire l’état de l’art La première chose à faire pour cadrer son sujet de thèse, c’est de faire l’état de l’art. Il s’agit de faire l’état des connaissances disponibles sur votre sujet et d’en faire un résumé critique – et non une énumération. C’est souvent une étape qui a été bien explorée en master de recherche, mais qui l’est souvent moins à l’issue d’un parcours en école d’ingénieur ou en master professionnel. Pour ce faire, il faut commencer par s’assurer que le sujet de thèse que vous avez en tête n’a pas déjà été traité. A. Votre sujet de thèse est-il inédit ? Pour le savoir, une simple recherche sur le site theses.fr vous permettra de faire une première vérification – il s’agit de la plateforme qui recense toutes les thèses en cours et soutenues en France depuis 1985. Souvent, c’est aussi le moyen de se rendre-compte que notre sujet peut se décliner en une infinité de sous-sujets, ou d’angles, par lesquels attaquer. Exemple : si je veux travailler sur l’art moderne anglais, je vais taper ces trois mots-clés sur theses.fr et analyser les résultats. Ici, je m’aperçois rapidement que mon sujet est beaucoup trop large, car tous les résultats qui sortent se concentrent sur des œuvres spécifiques et sur des questions très précises en rapport avec l’art anglais. Par conséquent, le fait qu’aucun résultat ne mentionne exactement mes mots-clés n’est pas forcément bon signe : il montre souvent que le sujet a été exploré selon des angles très variés qui ensemble traitent de l’art moderne anglais. Explorez donc le plus possible les résultats de cette première recherche – vous pouvez télécharger de nombreuses thèses directement sur ce site, je vous encourage à lire celles qui sont au plus près de votre centre d’intérêt. Votre objectif ? Tenter de définir si votre sujet est inédit ou s’il faut l’affiner, le reformuler et le préciser. B. Explorer les bases de données de la recherche Grâce à votre première recherche sur theses.fr, votre sujet a sans doute déjà évolué dans votre esprit. Il faut alors se demander où en est la recherche sur le sujet tel que vous le pensez à présent, et compléter votre connaissance du terrain par l’exploration des bases de données spécialisées. Je ne vais pas toutes les énumérer, mais sachez que chaque discipline a ses bases de données qu’il vous faut repérer au plus tôt en fonction de votre spécialité. En tant qu’étudiants à Centrale, vous avez déjà un accès à quelques bases de données comme Scholarvox, qui est assez généraliste, et des bases en sciences et techniques de l’ingénieur (regardez dans votre ENT). Si vous cherchez des informations sur des sujets précis en dehors des sciences de l’ingénieur, il existe aussi des bases de données ouvertes que vous pouvez explorer en complément, comme HAL et Google Scholar – pour les plus connues. Toutes ces bases vous donnent accès à un très grand nombre de publications de chercheurs dans toutes les disciplines. C’est dans ces bases de données que vous allez pouvoir explorer le terrain de la recherche, et lire de nombreux travaux qui vous permettront d’en apprendre davantage sur votre sujet. Faire une synthèse critique de tous ces travaux, c’est faire un état de l’art. Votre but, c’est d’avoir une idée la plus précise possible de ce qui a déjà été fait sur votre sujet, ce qu’il faut actualiser et ce qu’il reste à faire, de sorte à vous situer le mieux possible dans ce paysage. Faire ce travail fait parfois peur. On se dit qu’on risque de découvrir que notre idée est « déjà prise » ou qu’on va trouver la réponse complète aux questions qu’on se pose par rapport à notre sujet. C’est rarement le cas, et plus tôt vous effectuerez ces démarches, plus tôt vous saurez où placer le curseur pour avancer. La plupart du temps, il reste en fait beaucoup de choses à faire sur le sujet que vous avez en tête, et cadrer votre projet de recherche va nécessiter de mener des actions complémentaires pour affiner encore tout cela. 2. Rédiger un avant-projet de thèse Une fois l’état de l’art effectué, je vous conseille de rédiger un avant-projet de thèse. Pourquoi ? Parce que les projets de recherche sont tous structurés selon des parties communes quelles que soient les disciplines – il y a quelques variantes selon les disciplines, mais l’enjeu d’un projet de thèse est toujours le même : il faut démontrer que la recherche est pertinente et faisable en trois ans. Pour ce faire, il faut répondre à un certain nombre de questions auxquelles il est bon de répondre le plus tôt possible : – Quel est le titre du projet ? Comment résumeriez-vous l’étude que vous proposez en quelques mots ? – Dans quel contexte s’inscrit la recherche que vous proposez ? À quel moment avez-vous été confronté à une lacune scientifique sur un sujet, et pourquoi soumettez-vous

LE DOCTORAT SANS FINANCEMENT : POUR OU CONTRE ? Faire le point en 15 minutes

le doctorat non financé

Ah, c’est le sujet du moment ! En cette pleine période de montage des projets doctoraux 2023, la question se pose souvent et vous connaissez mon point de vue à ce sujet : Le financement d’un projet de recherche est déterminant. Jamais je n’encouragerai un jeune chercheur à se lancer sans penser au financement de son projet. Pourquoi ? Parce que même si le projet ne trouve pas son financeur pendant le doctorat, connaître les acteurs susceptibles de le financer est primordial. Chercher un financement, c’est rechercher ces acteurs, les identifier et les contacter dès la phase de montage du projet. C’est travailler en tenant compte de ces acteurs et des problématiques qu’ils rencontrent, et c’est contribuer au développement de la connaissance dans un domaine en tenant compte de lui. Vous devez connaître ces acteurs, et ils doivent vous connaître. Si ce n’est pas le cas, je peux vous assurer que votre parcours en recherche n’ira pas au-delà du doctorat – si d’aventure vous l’obtenez. Car rechercher un financement, c’est aussi repérer son potentiel lieu de travail après la thèse. Écartez les acteurs qui sont déjà sur le terrain professionnel que vous visez, et vous en paierez le prix tôt ou tard. Par conséquent, la question et l’objet de cet article ne sont pas de savoir s’il faut ou non chercher un financement : ma réponse sera toujours « oui ». Ici, il s’agit plutôt d’envisager le cas assez fréquent en SHS où une fois toutes les pistes explorées et le projet monté, le financement ne pointe pas le bout de son nez. Dans ce cas, est-ce qu’on lance l’inscription en doctorat pour commencer la recherche en attendant de trouver le financement, ou est-ce qu’on attend le financement ? Il y a des « pour » et des « contre ». Tout dépend de vous : vos besoins, vos ressources, votre capacité, votre détermination. Je vous propose de vous donner les éléments les plus importants dont il faut tenir compte pour prendre la bonne décision en connaissance de cause. 1. Contre une inscription en doctorat sans financement Par acquis de conscience – et par expérience – je commence par les « contre ». Patientez quelques mois pour vous inscrire en doctorat sans financement si : – Vous n’avez pas le revenu et/ou le job adéquats. Soyez sûr d’avoir d’abord un emploi compatible avec la conduite d’une thèse ou un support financier (familial, amical, de couple) qui vous permettra de subvenir à vos charges ET de faire les déplacements nécessaires à la collecte de vos données. Et oui : vous devez avoir une idée très précise des déplacements à effectuer et des coûts qu’ils représentent chaque année. Où sont vos sources ? Devez-vous rencontrer des acteurs pour conduire des entretiens ? Si oui, qui et où vivent-ils ? Devez-vous consulter des archives ? Si oui, où sont-elles conservées ? Devez-vous aller en observation, faire des expériences ou des relevés sur un terrain précis ? Où sont les ouvrages de votre bibliographie ? Vous n’avez pas tout chez vous, et la BU ou le réseau universitaire n’ont pas tout, j’en tiens le pari. Combien coûtent ces ouvrages ? Quelles bibliothèques les ont, et où sont-elles ? Si vous avez un emploi, attention au temps : combien de temps vos déplacements vont vous prendre ? Écrire votre thèse sur votre temps libre le soir et le week-end, c’est possible. Mais pour écrire la thèse, il faut avoir des données. Et pour avoir ces données, il faut prévoir du temps. Faire une thèse sur son temps libre, c’est possible quand les lieux qu’il faudra fréquenter sont ouverts sur ces plages de temps libre. Mais fréquenter des bibliothèques institutionnelles, des centres de recherche, des acteurs du milieu professionnel et des archives le soir et le week-end, ce sera très compliqué : vérifiez les horaires. De même, les cinq semaines de congés par an suffiront-ils, si vous êtes sur une configuration salariale classique ? Faites-vos calculs et vérifiez que vous pourrez réellement faire avancer votre projet dès la première année. Dans le cas contraire, je vous déconseille fortement de vous inscrire. Mieux vaut d’abord trouver un financement, prendre le temps de trouver un autre job ou engager des négociations avec votre employeur. – Vous vivez loin de l’université où vous comptez vous inscrire. Faire un doctorat à distance, c’est déjà très complexe à gérer lorsqu’on est financé. Lorsqu’on travaille, la distance va accentuer l’ensemble des problématiques qui se posent en recherche et complexifier sérieusement le déroulement du doctorat. Il faut savoir qu’en doctorat, le réseau va être aussi déterminant que le financement du projet pour la suite de votre carrière. Même financé, sans un réseau solide votre parcours doctoral et post-doctoral va être difficile. Si vous n’êtes pas financé, il est donc primordial d’être particulièrement attentif à ce conseil : soyez prêt à vous investir au maximum dans la vie du laboratoire, de l’école doctorale, de la recherche et du terrain professionnel associé. Votre financement se cache peut-être là, dans une opportunité liée au réseau. Il peut venir grâce à un échange très banal avec un chercheur ou un acteur quel qu’il soit. Il peut venir suite à une communication que vous aurez faite en France ou à l’étranger. Il peut venir grâce à une publication, que vous n’obtiendrez que si vous êtes présent au bon endroit et bon moment. Si possible, soyez donc proche de votre université : c’est là que se trouvent vos premiers contacts – le laboratoire, l’école doctorale, votre directeur de thèse, votre comité de suivi, votre équipe de recherche et les autres doctorants – ainsi que vos formations doctorales. Faire une thèse à distance sans financement, c’est vraiment délicat. Dans cette configuration, assurez-vous donc d’avoir un budget supplémentaire pour vous déplacer fréquemment à l’université. 2. Pour une inscription en doctorat sans financement À présent, nuançons un peu tout cela. J’ai déjà accompagné des projets de thèse qui n’ont pas abouti à l’obtention d’un financement assez vite. La question de l’inscription en doctorat s’est alors posée, et en fonction des profils et des discussions qui ont eu lieu, j’ai pu rester confiante face à la détermination de certains porteurs de

COMMENT PUBLIER ET COMMUNIQUER EN DOCTORAT ? (30 minutes)

comment publier et communiquer en doctorat

En doctorat, il est obligatoire de publier et de communiquer ses résultats. Les écoles doctorales sont très claires : 👉 Pas de publications, pas de doctorat. 👉 Pas de communications, pas de doctorat. Le problème, c’est la formation des doctorants à ces pratiques. Plusieurs écoles doctorales jouent le jeu et proposent des formations aux doctorants dès la première année. Mais ce n’est pas le cas partout, et force est de constater que les formations sont de qualité inégale selon les écoles. Les jeunes chercheurs inscrits en première année sont souvent démunis : Comment fait-on pour publier et communiquer en doctorat ? Faut-il écrire un article puis le soumettre, ou chercher des appels ? Qu’est-ce qu’un appel ? Où en trouver ? Comment faire une veille sur les appels ? Comment passer à l’action et envoyer son premier abstract ? Ces questions, tous les doctorants se les posent. Mais ce qui est incroyable, c’est que la plupart d’entre eux pensent avoir raté quelque chose en master ou en première année de thèse. C’est votre cas ? Rassurez-vous, ce n’est pas vous : la formation est absente en master, mais elle est considérée comme acquise en doctorat. Alors, on fait comment ? Pour vous aiguiller et vous transmettre les bases, j’ai créé pour vous cet article et sa vidéo qui vous permettront d’acquérir les outils les plus importants pour démarrer votre vie en recherche. 1. Publier et communiquer en doctorat : la théorie Acquérir le vocabulaire et comprendre les pratiques La première chose à savoir lorsqu’on veut participer à un colloque ou publier un article, c’est par où commencer. Le plus simple au début, c’est de repérer ce qu’on appelle des « appels à contribution ». Il peut s’agir d’appels à communication, ou d’appels à publication. Les premiers vous offrent la possibilité de venir participer à un congrès, à un colloque ou à une journée d’étude en tant que speaker – c’est-à-dire en tant que conférencier. Les congrès, les colloques et les journées d’études sont des évènements scientifiques qui sont organisés par les chercheurs des laboratoires, parfois en partenariat avec des institutions extérieures. Les seconds vous offrent la possibilité de publier vos résultats dans une revue scientifique. De même, ces appels à publication sont l’initiative de chercheurs qui souhaitent réunir un ensemble de publications sur un sujet ou une thématique. NB : certains appels à contribution invitent les chercheurs à communiquer lors d’un évènement qu’ils organisent, en précisant qu’il y a une publication à la clé. Cela signifie qu’après l’évènement, ils ont l’intention de publier les textes des intervenants dans une revue scientifique. Les participants font donc un « coup double » (1 com + 1 publication) et ce type d’appel est le plus intéressant pour les chercheurs. La grande majorité des appels à contribution sont sélectifs. Pour vous éviter de rédiger une communication ou une publication complètes sans savoir si votre proposition sera retenue, les équipes vous demandent d’envoyer ce qu’on appelle un « abstract », qui est un résumé de votre proposition. Cela répond en partie à l’une des questions de l’introduction : faut-il rédiger un article puis le soumettre à une revue ? En début de carrière, je vous conseille d’éviter cela et de privilégier la recherche d’offres. Pourquoi ? Pour éviter le risque de rédiger « pour rien ». Un article que vous allez cadrer sans savoir dans quel numéro de revue il pourrait paraître, c’est prendre le risque de le voir refuser : les revues scientifiques ont des lignes éditoriales et des programmes de publication qui sont définis au moins un an en avance – souvent plus. Il est donc très difficile de « faire passer » un article dans une revue, surtout si personne ne vous connaît. Plus tard, lorsque la recherche connaîtra mieux votre nom, il sera envisageable de rédiger en amont. Cela reste une pratique assez rare, même si de nombreux chercheurs rédigent des articles qu’ils gardent sous la main et qu’ils proposent lorsqu’une offre correspond. L’intérêt de privilégier la recherche d’offres, c’est que ces dernières sont cadrées par les équipes, avec souvent des axes très précis qui permettent d’indiquer quels sont les angles d’attaque possibles sur une thématique donnée. Répondre à une offre vous permet d’engager peu de temps au départ. Si vous êtes sélectionné, vous allez apprendre les règles et les usages qui sont de rigueur en recherche : comprendre le processus qui conduit à intervenir comme speaker ou à publier dans une revue, apprendre le vocabulaire, vivre une première préparation, travailler en équipe, préparer un éventuel déplacement, faire la communication le jour J et vivre la sortie de la première revue dans laquelle vous serez publié, sont des étapes d’apprentissage importantes de votre métier de chercheur. Combien de temps prévoir ? La durée de ces processus est plutôt longue : comptez 3 à 6 mois pour préparer une communication – entre le moment où vous trouvez une offre et le jour de l’évènement. Pour une publication, les délais sont de l’ordre de 12 à 36 mois (parfois davantage) entre le moment où vous trouvez une offre et le jour où la revue sort. Plus la publication sera prestigieuse, plus ce sera long. Une publication en ligne est généralement rapide car simplifiée, il n’y a pas de version papier ni de maison d’édition avec laquelle travailler et souvent, ces publications sont moins sélectives – et donc moins prestigieuses. Les revues à comités de lecture et les chapitres d’ouvrages collectifs sont les plus longs à paraître car chaque membre du comité de lecture va relire votre article et proposer ses corrections. Vous devrez ensuite procéder aux corrections, qui sont souvent conséquentes en début de carrière. Chaque membre du comité va ensuite relire et valider ou non les corrections apportées. Cela peut durer longtemps, et la publication reste « bloquée » tant que tous les articles de la revue ou de l’ouvrage ne sont pas passés au crible du comité, (re)corrigés et validés. Ces publications-là sont les plus sérieuses et sont considérées comme les plus prestigieuses. Tout cela est à prendre en compte au moment où vous allez rechercher une offre pour communiquer et publier vos travaux : cherchez-vous simplement à faire votre première communication

COMMENT FAIRE UNE RECHERCHE DOCUMENTAIRE ? Les bases de la recherche bibliographique (mémoire, thèse, état de l’art) en 15 minutes

faire une recherche documentaire

Ces derniers mois, j’ai été frappée par le manque de formation à la recherche documentaire des doctorants et des étudiants en master de recherche. Ce n’est pourtant pas nouveau : on le sait, les masters de recherche forment très mal les étudiants à la méthodologie de la recherche. Pourtant, j’ai été confrontée l’année dernière à des situations vraiment dramatiques, avec des mémoires de recherche ayant obtenu des notes supérieures à 17/20 sans que les étudiants n’aient jamais fait la moindre recherche documentaire dans des bases de données spécialisées. Les bibliographies comptaient essentiellement des liens internet vers Wikipédia, Youtube et vers des articles de journaux en ligne, ce qui est tout simplement « choquant » pour tout chercheur expérimenté. Autant vous dire que j’endosse souvent le mauvais rôle, expliquant à un grand nombre de jeunes chercheurs que j’accompagne que les bases de la recherche ne sont pas acquises, malgré la note obtenue au mémoire. L’année dernière, j’ai passé beaucoup trop de temps à expliquer la différence entre la méthodologie de la recherche académique et celle de la recherche Google, et à former des candidats au doctorat – et même des doctorants – aux bases de la recherche documentaire. J’ai donc décidé de concevoir pour vous un article et une vidéo consacrés à ces bases de la recherche documentaire, dans l’espoir que cela vous aide à mieux comprendre les enjeux de la recherche académique et ses outils. L’objectif est aussi de vous permettre de mettre en application les conseils que je vous donne au quotidien sur le montage et la conception de votre projet doctoral : vous ne pourrez pas créer des projets convaincants et construire des projets d’excellence si vous ne maîtrisez pas d’abord ces bases. 1. Qu’est-ce que la recherche documentaire ? La recherche documentaire, c’est la recherche du matériel qui existe déjà sur le sujet qui vous intéresse : les ouvrages spécialisés, les articles scientifiques, les thèses de doctorat, et tous les travaux scientifiques qui ont déjà été menés sur votre sujet par d’autres chercheurs. Vous devez obligatoirement faire une recherche documentaire pour réaliser votre mémoire de recherche, pour faire l’état de l’art de votre projet doctoral, et pour mener à bien votre thèse de doctorat. La recherche documentaire est nécessaire dans toutes les disciplines de recherche : que vous soyez en littérature ou en chimie analytique, vous allez forcément devoir faire une recherche documentaire pour rendre un mémoire de master ou une thèse de doctorat réussis. Pourquoi ? Parce que vous avez besoin de savoir où en est la recherche sur votre thématique avant de vous lancer, et parce que vous devez justifier tout ce que vous avancez. Si vous préparez un mémoire de recherche, votre but est de faire une synthèse des travaux qui existent déjà sur un sujet et d’en dégager un propos. Si vous préparez une thèse de doctorat, vous êtes censé avoir déjà fait cette synthèse des travaux existants, et vous en servir comme base de travail pour vos propres travaux – pour dépasser les travaux existants et aller encore plus loin que leurs auteurs. Sans la recherche documentaire en master, vous ne devriez donc même pas pouvoir rendre un mémoire de recherche, et sans recherche documentaire en doctorat, vous allez devoir réinventer la roue en permanence – répéter des expériences qui ont déjà été faites ou inventer des théories qui existent déjà : ce n’est vraiment pas dans votre intérêt. C’est parfois difficile à comprendre pour les très jeunes chercheurs, mais pour rendre un propos scientifique convaincant, il doit être irréfutable. Pour ce faire, il faut toujours citer les sources qui vous permettent d’avancer tel ou tel argument, même le plus anodin en apparence. Un exemple de phrase que j’ai pu lire dans un projet doctoral en droit l’année dernière : « Le détenu se voit enfermé dans un espace carcéral, cela a un impact sur lui dans la prison et quand il va sortir de prison cet impact va le suivre à l’extérieur. » En l’état, cette phrase n’est pas acceptable dans un document de recherche. Le propos paraissait évident à la jeune chercheuse qui l’a écrite – elles avait quelques connaissances sur le sujet. Mais il fallait impérativement justifier ce propos en insérant au moins deux références en note de bas de page : quels travaux ont démontré que l’espace carcéral a un impact sur les détenus, et quels travaux ont démontré que les effets se poursuivent en dehors de l’espace carcéral ? Si aucune source n’est citée, la lecture s’arrête-là pour un chercheur sérieux qui lit cette phrase sans références. Il n’ira pas plus loin dans la lecture de votre document et ne travaillera probablement jamais avec vous. Tout chercheur bien formé sait qu’il doit référencer son propos, et connaître parfaitement les travaux majeurs de sa thématique. Ici, le propos est invérifiable, la base de la recherche n’est donc pas acquise. Alors, où trouver les informations et les documents nécessaires à une bonne démonstration scientifique ? Le matériel est parfois en open source (c’est-à-dire librement accessible par tout le monde), et il est parfois mis à la disposition des chercheurs uniquement (il vous faut donc une inscription à l’université pour y avoir accès). 2. Mener une recherche documentaire lorsqu’on n’a pas accès aux bases de données spécialisées (professionnels, reprises d’études) Si vous n’êtes pas actuellement inscrit à l’université, vous n’avez probablement pas accès à des bases de données très spécialisées dans votre discipline de recherche. Pour autant, vous ne pouvez pas vous contenter d’utiliser Google et des sources internet « de base » qui ne sont pas vérifiables. Une source dite « sérieuse » est une source identifiable. Si vous ne pouvez pas déterminer quelle est la source exacte d’une information, c’est que vous ne pouvez pas vous en servir dans votre document. Wikipédia est l’exemple par excellence de cet état de fait dans l’univers académique. En tant qu’encyclopédie libre, tout un chacun peut la documenter, ce qui rend la crédibilité des informations qu’on y trouve discutable : vous ne pouvez pas vous en servir. Tous les chercheurs consultent Wikipédia dans la vie courante, mais aucun chercheur sérieux

Les 3 piliers d’une inscription en doctorat réussie : transformer son idée en projet

inscription en doctorat réussie

Conférence d’Erika Dupont, le 14 décembre 2022. Je sais que parmi vous, il y a des doctorants qui ont besoin de force, de conseils, de motivation. Et puis, il y a des futurs doctorants, qui veulent se lancer dans la voie de la recherche ou qui hésitent encore à le faire. Aujourd’hui, je vais m’adresser aux futurs doctorants qui sont là. Mon but, c’est de vous orienter au maximum pour vous éviter de faire les erreurs les plus courantes. J’accompagne beaucoup de doctorants qui sont en difficulté, et je vous assure que 99 % de ces difficultés trouvent leur origine dans une inscription qui a été mal maitrisée au départ – c’est pour cela que j’insiste autant sur la préparation à l’inscription, et que j’ai créé le programme Lauréats cette année. Je ne pourrai pas, malheureusement, répondre à toutes vos interrogations aujourd’hui. Mon objectif est de vous donner les grandes lignes qui vous permettront d’y voir plus clair, et si vous souhaitez aller plus loin je vous invite à vous rapprocher de moi après la conférence. Vous pouvez aussi visiter ma chaîne Youtube, où vous trouverez beaucoup d’informations et d’explications complémentaires sur l’inscription en doctorat. —- Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est que vous avez certainement une idée de sujet que vous aimeriez traiter en doctorat. La passion pour un sujet, c’est le principal moteur des doctorants et des chercheurs. C’est ce qui nous motive au départ. Le problème avec la passion, c’est qu’elle rend un peu aveugle. On a tendance à ne pas se soucier beaucoup du reste, et à ne pas écouter les conseils qu’on entend. Alors, faites attention à vous. Si vous voulez que cette passion reste saine et que vos débuts en recherche se passent pour le mieux, songez bien aux piliers d’une inscription en doctorat réussie. Ces piliers, il y en a trois. On va les détailler, et vous allez voir qu’ils vont vous permettre de travailler votre idée. Bien réfléchir à ces aspects, c’est ce qui va vous permettre de transformer votre idée en véritable projet doctoral. 1. Se questionner en profondeur sur ses motivations : le premier pilier d’une inscription en doctorat réussie Vous avez une passion pour un sujet et vous avez une réelle envie de faire de la recherche – je sais que parmi vous, certains ont cette envie depuis longtemps mais il y a beaucoup de peurs qui vous freinent. Pour avancer, je vous conseille de creuser en vous cette motivation : D’où vient-elle ? Depuis quand elle est là ? Souvent, on a une idée du métier de chercheur via des médias comme les films, les livres ou les reportages. On a une image d’un métier qui a l’air passionnant, mais tout ce qu’on entend sur le doctorat à l’université, dans la presse ou sur les réseaux sociaux donne une image qui est complètement différente et c’est ça qui fait que souvent, on hésite. On se demande si on sera vraiment à la hauteur et si on mesure vraiment ce qui nous attend. Là, il s’agirait de faire le tri en revenant à soi. Être au clair sur ses motivations et sur ce qui nous pousse vers la recherche, c’est ça, qui va nous permettre de surmonter les difficultés qui nous attendent. Parce qu’il y en aura, et qu’il ne s’agit pas de les éviter, il s’agit de pouvoir les gérer le moment venu : un doctorant qui est en réelle difficulté, c’est un doctorant qui ne sait plus pourquoi il s’est lancé là-dedans. Un doctorant qui au contraire surmonte toutes les difficultés, c’est un doctorant qui se souvient régulièrement des raisons qui font qu’il est là. Il sait ce qui le motive, c’est clair pour lui, et ça l’aide à pallier les problèmes qu’il rencontre. Donc préparez-vous, en rédigeant sur papier toutes vos motivations – ce n’est vraiment pas un travail facultatif : pourquoi vous voulez faire un doctorat ? Si vous avez envie d’impacter, écrivez-le. Si vous avez envie de changer le monde, écrivez-le. Si vous avez envie de faire un certain type de carrière, écrivez-le. N’ayez pas peur de vos motivations. N’ayez pas peur d’être naïfs, ou d’être trop ambitieux. On n’est jamais « trop » ambitieux – c’est mon avis, et on a le droit de vouloir impacter. C’est ça qu’on veut, c’est ça qu’on admire chez les autres : des personnes qui impactent. Et pour impacter, il n’y a qu’une chose à faire : se lancer, et faire un petit pas de plus chaque jour. Voilà. Il n’y a aucun autre moyen pour impacter que de se lever tous les matins et de faire de notre mieux. C’est ce que font tous les chercheurs que vous admirez. Les carrières ne se font jamais du jour au lendemain. Elles se font, petit pas après petit pas, et il n’y a rien de spectaculaire dans tout ça. Donc l’important, déjà, c’est de savoir pourquoi on fait ce travail, c’est de savoir ce qu’on veut sur le long terme. Et ce n’est pas à l’extérieur que vous allez trouver les réponses (dans les films ou sur les réseaux sociaux). Ça peut vous inspirer, et vous donner des informations. Mais les réponses par rapport à vos doutes, c’est en vous que vous devez aller les chercher. Prenez ce temps. Détaillez au maximum sur vos envies de carrière : déjà, quel type de carrière vous voulez faire ? Pourquoi ? Comment vous vous percevez dans 5 ans, dans 10 ans ? Et surtout : qu’est-ce que vous, vous avez envie de faire en recherche ? Comment est-ce que vous, vous aimeriez faire de la recherche ? Pourquoi c’est important de se demander tout ça ? Parce que c’est lié à votre sujet. Vous devez vous demander comment votre sujet va vous permettre d’atteindre vos objectifs de carrière. C’est-à-dire : comment aborder ce sujet en recherche, de sorte à vous permettre de faire la carrière que vous visez ensuite ? Par exemple – c’est un exemple complètement hypothétique mais qui vous permettra de visualiser ce que je veux dire : Si votre sujet préféré est l’art anglais, et que votre