LA FAC : COMMENT ÇA SE PASSE ? | TROIS CHOSES À SAVOIR
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue ! Aujourd’hui, je m’adresse à toutes les personnes qui s’apprêtent à aller à la fac ou qui y sont déjà et qui se sentent un peu déphasées. Oui, c’est normal de se sentir déphasé. La première chose à savoir concernant la fac, c’est que c’est grand, qu’il y a du monde, que les codes ne sont pas les mêmes qu’ailleurs et qu’on peut s’y sentir très seul. 1. Le temps Le temps, à l’université. Vaste sujet. Tu étais habitué.e jusque-là aux trimestres, désormais tu ne parleras plus qu’en semestres. Semestre 1, semestre 2, et l’année prochaine ce ne sera pas semestre 1 puis semestre 2 mais semestre 3 puis semestre 4. Oui, oui. L’emploi du temps, le planning. Tu vas avoir des heures de cours complètement éclatées, une heure par-ci, trois heures par-là. Au début, tu vas sûrement trouver ça super d’avoir si peu d’heures de cours, mais rapidement tu vas comprendre que c’est un frein énorme parce que ces plages horaires qui sont libres cassent sans arrêt ton rythme. Tu seras souvent tenté.e d’aller te promener entre deux cours, ou de rentrer chez toi, et le problème c’est que ta détermination pour repartir ensuite en cours sera sans arrêt mise à l’épreuve. Et crois-moi, en septembre c’est gérable mais quand arrivent les mois de décembre, de janvier, de février, il en sera tout autrement. Donc la gestion du temps, à l’université, c’est l’une de tes grandes épreuves. Je te conseille très vivement de planifier des activités sur tes heures libres : ça peut être du sport, du temps à la bibliothèque, ou même une balade au grand air, un petit chocolat chaud-lecture à la cafétéria que tu t’accordes telle après-midi de la semaine, mais je te déconseille vraiment de rentrer chez toi systématiquement, car c’est hélas mathématiques : il y a 100% de chances que tu décroches complètement après quelques mois. Les étudiants qui sont actuellement dans cette problématique énorme des cours à distance ne pourront qu’en dire autant. Ils ne supportent plus l’isolement, et il devient pourtant encore plus difficile pour eux de reprendre les cours sur site. En fait ils n’en ont pas envie, ils préfèrent être chez eux mais en même temps ils ne parviennent pas à travailler à distance car c’est trop monotone et en même temps trop distrayant. Beaucoup se sentent en échec et j’espère de tout coeur que les choses rentreront dans l’ordre à ce niveau-là dès la rentrée 2021. Le cas échéant, je ferai une vidéo consacrée justement à la gestion du temps en mode confinement spécialement pour vous étudiant.es. 2. Les cours Tes cours aussi seront différents à chaque semestre. Tu étais habitué auparavant à avoir un EDT pour une année complète, mais là ce sera au semestre avec des nouveaux cours tous les semestres. Ça peut être déroutant en première année, même si personnellement j’ai trouvé que cela dynamisait beaucoup le rythme de l’année. Quand tu n’aimes pas un cours, tu ne le subis pas trop longtemps, et quand tu en aimes un, tu n’as pas le temps de t’ennuyer et de faire le tour du sujet. De la même façon, je pense que ce changement radical à chaque semestre permet de repartir du bon pied en milieu d’année, du moins, moi qui avais tendance par exemple à manquer des cours en licence parce que j’avais un job à côté, ça me permettait vraiment de me remettre dans de bonnes résolutions à chaque fois et de ne pas avoir cette impression de couler et de décrocher. Ce qui est intéressant avec les cours de l’université, c’est que tu auras des cours obligatoires mais aussi une place importante donnée à des cours que tu pourras choisir, dans ton domaine ou dans d’autres. Par exemple, si tu es en étudiant.e en histoire de l’art, tu peux très bien choisir un cours d’option en littérature ou en histoire, en sociologie, en philosophie. C’est donc à toi de composer en fonction de tes affinités et de ta curiosité, et ça permet de « s’aérer » l’esprit aussi en s’ouvrant à d’autres approches et à d’autres disciplines. Tu auras, pour les cours obligatoires, un découpage en deux types de cours : les cours magistraux (CM) et les travaux dirigés (TD). Les deux sont complémentaires : dans le premier, tu auras cours dans des grandes salles (souvent ce sont les amphithéâtres) avec tous les étudiant.es de ta promo ; dans le second, la promo est divisée en petits groupes pour compléter le cours théorique. En histoire de l’art, nous avions par exemple un cours obligatoire d’histoire de l’art antique qui se composait de deux heures en amphi pour gratter le cours, accompagnées d’une heure de TD pour aller plus loin. C’était le même cours, mais ça pouvait être deux professeurs différents — généralement, le CM est donné par le maître de conférence ou le Professeur (ce sont des titres) et le TD est donné par la même personne ou par un doctorant qui prépare sa thèse de doctorat. 3. La vie sociale La vie sociale est très impactée par ces questions d’organisation des cours et du temps. Cela peut paraître secondaire, mais en réalité c’est tout ton fonctionnement habituel qui va s’en trouver bouleversé : comme tu choisis tes cours et que c’est l’administration qui répartit les groupes de TD, tu te retrouves rarement avec les mêmes personnes en cours. De même, beaucoup d’étudiant.es s’aperçoivent au cours de l’année qu’ils n’aiment pas leur filière et partent, ce qui peut être difficile à gérer quand on reste et qu’on s’entendait bien avec une personne depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. C’est très frappant en première année et je sais que c’est souvent beaucoup plus déroutant qu’il n’y paraît. C’est souvent difficile à gérer car la finalité, c’est que tu es souvent seul à l’université. Si tu n’as pas dès le départ des ami.es qui viennent du même lycée que toi par exemple, tu verras qu’il n’est pas aisé de se
FAUT-IL ÊTRE AMBITIEUX POUR RÉUSSIR SES ÉTUDES ?
C’est une question qu’on me pose souvent, et à laquelle il n’est pas aisé de répondre parce que tout dépend de ce qu’on appelle « réussir » et tout repose aussi sur la notion d’ambition, souvent perçue comme un péché ou comme une vanité : qu’est-ce que c’est finalement que de réussir ses études, et qu’est-ce que c’est qu’être ambitieux ? Ce sont des notions que je souhaite prendre le temps de questionner ici, de manière informelle, parce qu’à mon avis la réponse est bien plus riche et beaucoup plus porteuse que la question en elle-même. Alors, est-ce qu’il faut être ambitieux pour réussir ses études ? On serait tenté de répondre « oui » comme une évidence : comment réussir des études sans être ambitieux ? Et pourtant, tous les diplômés étaient-ils ambitieux ? Pas forcément. Alors, de quelles études parle-t-on, et de quelle ambition s’agit-il ? C’est ça, qui m’intéresse vraiment ici. 1. Réussir ses études et être ambitieux, c’est quoi ? Réussir ses études, ça peut simplement vouloir dire que le cursus s’est clôturé par l’obtention d’un diplôme. Mais je pense que réussir des études, c’est justement bien plus que ça. Réussir des études, c’est d’abord et par-dessus tout : choisir les bonnes études, la bonne filière. C’est être diplômé de ce qui sera vraiment porteur pour votre carrière. Je regardais un podcast d’InPower il y a quelques semaines, dans lequel Louise Aubery échangeait avec Sabrina Herlory au sujet des études. Louise disait à Sabrina qu’elle entendait beaucoup de personnalités dire qu’elles n’avaient pas fait d’études, et qu’elle se demandait si finalement ça valait la peine ou non d’en faire – elle-même étant étudiante à Sciences-Po et étant impatiente de terminer. Elle questionnait par-là une notion à laquelle on a déjà tous réfléchi : est-ce qu’on doit vraiment faire des études pour réussir, est-ce indispensable, est-ce un gage de réussite, etc. ? Et la réponse de Sabrina Herlory est géniale, en cela qu’elle a balayé tout ça naturellement en affirmant que ce n’est pas du tout la bonne question : faut-il ou non faire des études pour être heureux et pour s’épanouir professionnellement ? Peu importe, la question n’est pas là. Tu peux faire des études de droit des affaires ou sortir diplômé d’HEC, si ton kiff c’est l’histoire de l’art ou que ton rêve c’est de travailler à la NASA, tu es sûr à 100% qu’avoir fait ces études ne te permettra pas de t’épanouir par la suite. Dans la réussite, comme dans toute ambition, tout n’est qu’une question d’alignement avec toi-même et avec tes aspirations profondes. Comme le disait Sabrina Herlory, les études sont souvent synonymes d’attentes de la part de l’entourage et de projections qu’on a portées sur toi. Tes parents ont des attentes envers toi quand ils te paient HEC, ils ont des attentes quand ils te paient un loyer à Paris pendant cinq ans pour que tu fasses l’École du Louvre, ils ont des attentes quand ils te voient entrer en école d’ingénieur à la sortie de ta prépa. Là, ta réussite te renvoie à la pression qu’on te met, alors qu’en réalité la réussite n’a rien à voir avec le fait de coller à ce que les autres ont projeté pour toi. Et là, peu importe qui sont ces autres et ce qu’ils représentent pour toi. La première réussite dans les études, c’est juste de choisir les bonnes études, celles qui te correspondent vraiment. Faut-il être ambitieux pour réussir ça ? Je pense que oui, parce que cela requiert avant tout que tu croies en toi et que tu aies suffisamment de conviction dans ce que tu vas mettre en œuvre. Si ce n’est pas ton cas, alors tu feras comme la plupart des jeunes qui font des études sans s’être jamais posés la question de savoir ce qu’ils aiment vraiment et ce qu’ils aimeraient vraiment faire. Être ambitieux, c’est ça. C’est seulement faire l’effort de se demander ce qu’on veut faire, et se donner la chance de faire des études dans ce domaine-là, parce que ça a du sens et non parce que le prof principal de terminale ou l’opinion familiale ont jugé que c’était ce qu’il fallait faire. 2. Comment réussir ses études et devenir ambitieux ? Alors, d’accord mais on fait comment ? Cela paraît simple de dire qu’il faut aimer ce qu’on fait, qu’il faut faire les études qu’on aime, qu’il faut commencer par se battre contre les projections de ceux qu’on aime, mais c’est plus difficile à faire qu’à dire parce que concrètement, il ne va pas s’agir que d’annoncer à tes parents que tu veux faire des études de cinéma alors qu’ils te voient plutôt dans le commerce, ou que tu veux faire HEC alors qu’ils te voyaient plutôt aller faire de l’informatique à la fac. Non, il ne va pas s’agir que de leur annoncer, il va falloir le dire, le redire et le répéter, durant des années, à tous ceux que tu vas croiser. Pense à ça. Quand les autres vont te demander : « et toi tu fais quoi ? », qu’est-ce que tu vas leur dire, et quel écho cette réponse va-t-elle avoir en toi ? Parce qu’il ne s’agit pas seulement de le dire, il s’agit surtout de l’entendre ; parce que c’est ça, au fond, dont il est vraiment question. Qu’est-ce que ça veut dire justement, d’entreprendre et de réussir telles ou telles études ? Quel sens ça a, pour toi ? Comment tu le projettes, quel est ton plan, comment vas-tu y arriver, et qu’est-ce que tu fais en fait ? Être ambitieux c’est ça, et réussir c’est ça. Pour que ça marche, il faut que ces deux notions se nourrissent l’une l’autre en toi. Si tu veux réussir, il faut seulement en avoir envie, et pour en avoir envie, il faut seulement que ça te parle, que ça te corresponde, que ça matche. Ensuite, les bonnes questions viendront d’elles-mêmes. Interroge n’importe quelle personne qui « réussit », ce sera toujours une personne inspirante, et les personnes qui sont inspirantes ont toujours deux publics que je perçois très distinctement : tu as ceux qui lui demandent comment elle a
À TOUS LES ETUDIANTS DE 2021
Etudier en 2021, c’est se demander quotidiennement à quoi va ressembler l’avenir, sans savoir de quoi demain sera fait. Que vous soyez au lycée, en première année post-bac ou en fin de doctorat, votre quotidien c’est l’incertitude : on vous demande de faire des voeux sur parcoursup, sans vous dire ce qu’il en sera des cours en septembre. Pour les étudiants, à qui Madame Vidal vient d’annoncer que les cours allaient reprendre en présentiel à partir de mi-mai alors qu’une année universitaire se termine fin-mai, il y a eu toute l’année la question des cours à gérer en distanciel, et la question des examens terminaux qui ont été suspendus, puis annoncés en contrôle continu — mais ça change régulièrement et personne ne sait plus ce qu’il en est. Qu’en est-il de la question des logements, des frais de scolarité, des frais de déplacements et de la rentrée scolaire ? Nul ne sait. Combien d’étudiants ont repris un logement en septembre dernier, pour finalement repartir chez leurs parents dès le début de la seconde vague — qui était pourtant attendue depuis des mois ? Combien ont dû rendre leur logement, parce qu’un logement coûte très cher, pour finalement stresser à chacune des annonces du gouvernement, de peur de se retrouver dans l’incapacité de suivre des cours en présentiel sans plus avoir de logement. Combien ont perdu leur job et se retrouvent sans aucune ressource pour assumer leurs frais ? Combien sont seuls et complètement isolés ? Comment les étudiants et leurs parents sont-ils censés gérer tout ça ? Personne n’en parle. Alors que faire ? Que faire, lorsque les médias passent sous silence le taux de suicide des étudiants ? La TV est saturée d’annonces sur les services hospitaliers qui manqueraient de lits en réanimation covid, mais savez-vous qu’on manque de lits aussi pour accueillir les étudiants qui tentent de se suicider ? Que faire, lorsque les médias passent sous silence les lettres de détresse qui sont adressées à Emmanuel Macron, passent sous silence le mouvement des étudiants fantômes qui s’est constitué ces derniers mois, et passent sous silence l’augmentation dramatique de suicides chez les étudiants ? #etudiantsfantomes La réalité, c’est que le problème ne concerne pas que les étudiants, il concerne tout le monde. Comme chacun sait, la crise sanitaire ne fait que renforcer et exacerber des problèmes qui étaient déjà présents avant cette crise. La réalité, c’est que les membres de ce gouvernement sont occupés. Occupés à faire des soirées champagne-caviar, occupés à twitter, occupés à faire des déclarations mensongères à propos des vaccins, occupés à faire croire que nous sommes tous responsables de la propagation du virus et à monter les gens les uns contre les autres. Que les étudiants se suicident, ce n’est malheureusement pas une priorité, pas plus que la situation des restaurateurs, du personnel soignant et du chômage partiel. Sous prétexte qu’ils peuvent être pris en charge, alors que la réalité est tout autre, les jeunes sont sacrifiés dans le silence le plus total. Alors que faire, sinon déplorer l’incapacité de notre gouvernement à s’occuper de la jeunesse autrement qu’en payant des Youtubers pour leur faire croire qu’ils sont responsables de cette crise sanitaire ? #enjoyphoenix #mcflyetcarlito Que peut-on dire, nous jeunes adultes, à la génération qui nous suit ? J’aimerais vous dire, à tous, chers étudiant.es, que nous avons conscience de vos difficultés. Nous avons conscience, et nous pensons à vous tous les jours en nous disant que pour rien au monde nous n’aimerions avoir vingt ans cette année. En tout cas c’est ce que je pense. Je pense que vous devriez être mieux soutenus par nous tous, qui sommes responsables de vous et de votre futur. Je pense que vous devriez être entendus, que votre détresse le soit, et que nous ayons davantage de solutions à vous offrir. Je pense que les familles pourraient s’organiser pour accueillir ponctuellement des étudiants gratuitement notamment lorsqu’ils doivent se déplacer pour aller passer leurs examens. Tous n’ont pas les moyens financiers d’effectuer ces déplacements et de se loger pour plusieurs jours. J’en appelle donc à la solidarité de chacun pour s’organiser autant que possible afin d’aider les étudiants jusqu’aux vacances. Sachez que de nombreux étudiants étrangers sont également bloqués en France dans des logements minuscules, sans solutions ni égards dans ces longues phases de confinement. Ils ne peuvent pas rentrer chez eux, mais ils sont coincés dans des 9 m2 depuis plus d’un an. Que peut-on faire pour eux ? Est-ce qu’on peut au moins se le demander ? Avons-nous les ressources pour leur venir en aide ? Je pense que oui, pour beaucoup d’entre nous. Je pense que vous, étudiants, vous devez vous demander souvent à quoi bon continuer de faire des études. Je pense à tous ceux qui ont déjà abandonné, parce que ça devenait beaucoup trop compliqué. Je pense à tous ceux qui envisagent d’abandonner et je voudrais leur dire de continuer, de s’accrocher, de ne surtout pas renoncer à leur études supérieures. Je comprends que vous vous demandiez pourquoi faire des études, quand on voit l’état du monde, et s’il ne serait pas plus simple d’arrêter. Et c’est peut-être le cas pour un grand nombre d’entre vous : je ne doute pas qu’il soit possible de s’en sortir sans être passé par la case diplôme. Mais je pense vraiment que c’est risqué, et surtout, je pense que chacun d’entre vous devrait avoir le droit d’obtenir son diplôme, le droit d’étudier dans les meilleures conditions possibles, et d’avoir le choix tout simplement. Il s’agit d’avoir le temps de se former et de construire son avenir. Je sais qu’un grand nombre d’entre vous s’organisent déjà au quotidien depuis plus d’un an. Pour les autres, il s’agirait de vous rapprocher des groupes qui se sont constitués ici, sur les réseaux sociaux et partout où cela a été possible, afin de pouvoir récupérer vos cours, obtenir de l’aide, et avoir un lieu où vous exprimer. Faites-vous entendre, et dites-nous quels sont vos besoins, dites-nous comment vous
Pourquoi faire des études d’histoire de l’art en 2021 ?
5 choses que j’aurais aimé savoir avant de me lancer Pourquoi faire des études d’histoire de l’art ? C’est quoi ? A quoi ça sert ? Et la célèbre : « C’est pour faire quoi plus tard ? » Ces questions, je les ai gérées comme j’ai pu tout au long de mes études et par la suite, quand j’ai commencé à enseigner à l’université, à faire des conférences ou à publier dans des revues scientifiques, on a continué de me les poser, comme si ce n’était pas vraiment un métier en soi. Alors, si tu t’apprêtes à te lancer dans cette voie, ou si c’est le cas de votre enfant, ou même si vous avez commencé un cursus dans ce type d’études et que vous doutez de votre avenir, en somme, si vous avez peur notamment en raison des débouchés et de ce qui peut advenir… c’est tout à fait normal. Dans cette vidéo, j’aimerais aborder le sujet point par point, partager mon expérience d’ex-étudiante en histoire de l’art, et je vous donnerai aussi mon point de vue d’enseignante, puisque j’ai enseigné l’histoire de l’art à l’université durant cinq ans : Pour ceux qui préfèrent lire : D’abord, sachez que l’histoire de l’art est une discipline qui fait partie des sciences humaines et sociales, qui requiert donc à la fois des qualités littéraires et des connaissances scientifiques. L’histoire de l’art a pour objet l’étude des oeuvres d’art dans l’histoire. Donc étudier l’histoire de l’art revient à analyser ces oeuvres en tant que documents et il ne va pas s’agir de décrire des des formes ou des couleurs par exemple, mais de le les étudier au regard de l’histoire dans son ensemble. Cela veut dire qu’étudier l’histoire de l’art requiert de solides connaissances en histoire théorique, en histoire sociale, en histoire économique, idéologique et anthropologique. Par conséquent, l’étudiant en histoire de l’art a un goût pour l’art et pour l’histoire. Il peut pratiquer lui-même la peinture ou la sculpture, mais ce n’est pas du tout une obligation et aucun cours ne sera consacré à la pratique artistique – pour ça, il faut faire des études d’art plastique. A quoi ça sert, eh bien tout simplement à compléter notre savoir sur l’évolution humaine et les rapports que l’humain entretient avec la création. Pourquoi étudier ça en 2021 ? Voici 5 raisons implacables. 1. C’est passionnant Premièrement, c’est passionnant et oui, c’est une raison. Ça peut paraître bateau mais on a malheureusement tendance à trop souvent l’oublier : un étudiant passionné est un étudiant qui a de fortes chances de réussir dans son domaine, et ceci est vrai pour n’importe quel domaine. Si vous êtes un parent et que vous avez peur du projet de votre enfant de se lancer dans ce type d’études, demandez-vous tout simplement ce qui va se passer si votre enfant fait des études qui ne l’intéressent pas plus que ça, voire qu’il désapprouve. Est-ce qu’il va vraiment les faire, et si oui combien de temps ? On est aujourd’hui dans une société où on reste rarement dans le même métier durant toute sa carrière, mais dans laquelle reprendre des études sur le tard reste un challenge énorme. Se tromper d’orientation, c’est un problème que de plus en plus de français déplorent, et le décrochage à l’université concerne aujourd’hui sept fois plus d’étudiants qu’il y a dix ans. Beaucoup se trompent d’orientation et s’en rendent-compte assez vite, mais tous n’auront pas la chance de pouvoir recommencer un cursus après avoir été mal orientés. Si votre enfant sait ce qu’il veut faire, c’est déjà énorme. Beaucoup de jeunes ne savent pas vers quoi s’orienter après le bac, et si le domaine des arts vous intéresse sans que vous ne sachiez encore vers quoi vous diriger, faire une année d’histoire de l’art peut vous aider à mûrir votre projet. C’est ce qui m’est arrivé : après avoir fait un bac S – parce qu’on m’avait certifié que je ferais ce que je voudrais avec ça – j’ai essayé d’intégrer un cursus d’architecture d’intérieur. J’ai été refusée à cause de mes options scientifiques au lycée, et l’école m’a conseillé de faire une année d’histoire de l’art afin d’avoir de meilleures chances l’année suivante. Finalement, je suis restée en histoire de l’art. A tous les étudiants qui s’apprêtent à se lancer dans ce domaine : bravo. C’est clairement un choix courageux, et le fait que vous vous lanciez signifie que vous êtes prêt à assumer ce que ça implique, même si c’est encore timidement. Les études d’histoire de l’art sont passionnantes si l’art vous intéresse, et elles vont vous permettre en licence d’acquérir et d’approfondir toutes les notions de bases en histoire de l’art. Vous allez étudier l’art antique, l’art médiéval, l’art moderne et l’art contemporain. Vous aurez aussi des cours de langue, des stages si vous le souhaitez, et plein d’options au choix parmi un large panel de cours dans des domaines connexes, comme la philosophie des arts, la littérature artistique, les civilisations mais aussi les lettres ou l’histoire des religions. 2. C’est ambitieux Et oui. En fait, ce qu’on reproche souvent à ce type d’études c’est qu’elles ne mèneraient nulle part. Ça, c’est le reproche principal. Pourquoi ? Parce que souvent on imagine ce type d’études comme n’ayant que peu de portée, des études dans lesquelles on va apprendre des choses qui ne sont pas « vraiment utiles », par exemple dans le monde de l’entreprise. Et c’est malheureusement vrai : ne vous attendez pas, à la sortie d’une licence en histoire de l’art, à obtenir un poste à responsabilité en entreprise. Mais est-ce que c’est vraiment le but ? Bien sûr que non. Mais premièrement, ça ne veut pas dire que vous ne trouverez jamais votre place en entreprise (personnellement j’ai eu de nombreuses expériences en entreprises, certaines de plusieurs années et j’aurais pu évoluer dans chacune d’elles). Mais surtout, demandez-vous si vous avez envie de travailler en entreprise, et rappelez-vous qu’il n’y a pas que l’entreprise. Par exemple, la fonction publique est