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COMMENT RÉUSSIR LE CONCOURS DU CONTRAT DOCTORAL ? Partie 2 – L’audition

🍀 COMMENT RÉUSSIR LE CONCOURS DU CONTRAT DOCTORAL ? Partie 2 – L’audition

L’audition lors du concours des contrats doctoraux est une épreuve très redoutée.

Si vous ressentez le besoin d’être rassuré(e) et de comprendre la manière d’aborder cette épreuve et de la préparer, cet article est pour vous.

Ici, je vous explique comment j’ai préparé les candidats au concours des contrats doctoraux SHS cette année, et tout ce que je leur ai confié pour optimiser leurs chances d’être sélectionnés.

Sachez une chose : tous étaient dirigés par des chercheurs HDR choisis avec soin et impliqués depuis plusieurs mois. C’est la clé, et tout ce qui est dit ici ne peut l’être qu’à titre indicatif.

Mon but est de vous donner une idée de ce qui est attendu le jour J en termes de préparation, et de vous confier la liste des questions qui ont été les plus couramment posées chez les candidats que j’ai préparés.

1. La présentation

La première étape de l’audition est celle de votre présentation. Généralement, le jury vous donne la parole durant 10 à 15 minutes.

Votre présentation doit donc être succincte. Je vous recommande de la préparer à l’écrit et de vous entraîner à en répéter le texte, de sorte à être à l’aise sans l’ensemble des notes le jour J.

Pour vous aider, vous pouvez respecter la structure suivante :

D’abord, présentez succinctement votre parcours d’études supérieures et votre parcours professionnel, si vous êtes en reprise d’études. Le jury a besoin de connaître les grandes lignes de votre trajectoire, mais attention : il a déjà consulté votre CV, il ne s’agit donc pas de tout redire mais bien de mettre en lumière le fil conducteur qui vous a mené jusqu’au passage du concours des contrats doctoraux. Votre objectif dans cette partie est de montrer la cohérence entre votre parcours et votre projet (2 à 3 min).

Votre présentation doit vous mener de façon logique à évoquer directement votre question de recherche : ce parcours vous a mené à ce projet de thèse. Par conséquent, la seconde étape de votre présentation contiendra la problématique de recherche que vous avez posée dans le projet de thèse. Cette partie ne doit pas être développée aussi longuement que dans le projet de thèse – le jury l’a déjà lu. Vous pouvez donc vous en tenir au seul énoncé de la problématique (30 sec à 1 min).

Ensuite, vous pouvez annoncer les grands axes de recherche de votre étude : sur quelles thématiques serez-vous amené(e) à travailler pour répondre à votre question de recherche ? Comment s’articule votre réflexion ? (1 min à 1 min 30)

Vous en viendrez ainsi naturellement à évoquer vos hypothèses dans la partie suivante : quel est le point de départ, qu’est-ce qu’on suppose pour le moment et pourquoi ? (30 sec à 1 min)

Ensuite, vous évoquerez les sources disponibles et la constitution de votre corpus. Sur quelle base allez-vous démarrer ? Quels sont les documents et la bibliographie disponibles ? Que savez-vous du terrain et de ses acteurs ? Quelles sont les données qu’il faudra collecter et analyser ? Soyez le plus précis possible pour démontrer la faisabilité du projet et la solidité des éléments que vous avez identifiés pour démarrer (3 à 4 min).

Dans la partie suivante, vous pouvez en venir à l’originalité de votre sujet et la portée de votre étude : malgré les sources disponibles, cette étude reste à mener. Pourquoi, dans quelle mesure, et dans quel objectif ? Quelle transformation cette recherche va permettre dans votre discipline ? Quel sera son impact ?

Vous en viendrez ainsi à poursuivre votre présentation autour de votre projet professionnel. Après la thèse, quels seront vos options ? Comment envisagez-vous votre insertion professionnelle post-doctorale ? Attention : même si ce n’est pas dans vos projets pour le moment, je vous recommande de signifier au jury que vous n’envisagez pas uniquement la voie de la carrière académique : ce ne sera pas considéré comme étant réaliste. Le jury aura à cœur de s’assurer que vous construisez votre projet de recherche en regard d’une insertion professionnelle certaine. Votre projet de thèse doit donc aussi faire ses preuves en ce sens.

Enfin, vous pouvez conclure en synthétisant l’ensemble des éléments qui démontrent la faisabilité, l’importance et la cohérence de votre projet de recherche doctorale : votre parcours, l’état de la recherche, et ce qui fait de vous la personne adéquate pour mener ce projet de taille en seulement trois ans.

Vous terminerez par une phrase de salutations et/ou de remerciements pour l’écoute du jury.

Pour résumer, la structure globale de votre présentation pourra être celle-ci :

1) Présentation de votre parcours

2) Problématique du projet 

3) Grands axes de recherche

4) Vos hypothèses 

5) Votre corpus 

6) L’originalité du sujet et la portée des résultats

7) Le projet professionnel en rapport

8) Un mot de synthèse en conclusion

9) Salutations et remerciements

Une mise en garde concernant votre présentation :

L’erreur que j’observe le plus couramment dans la préparation de cet exercice, c’est le fait que les jeunes chercheurs ne comprennent pas la dimension professionnelle de leur candidature.

Avant de démarrer, intégrez bien que le contrat doctoral n’est pas une aide financière ou une bourse à caractère social ou méritoire, mais un contrat de travail. Sous contrat doctoral, vous êtes sous contrat de travail avec l’université : ce n’est pas une métaphore, le contrat doctoral étant bien un CDD (temps plein) de 3 ans.

Chaque année, un grand nombre de candidats abordent ce concours sans être bien informés sur le contrat doctoral, qu’ils perçoivent comme une aide financière du fait que le doctorat soit envisagé comme une poursuite d’étude et non comme un emploi à proprement parler.

En conséquence, on voit des candidats mettre l’accent sur un parcours difficile en études supérieures, ou sur la qualité du parcours en termes de résultats scolaires – comme si le contrat doctoral était une bourse sociale ou une bourse au mérite. Ce n’est pas le cas, et c’est pourquoi il est recommandé de construire votre présentation autour de la notion d’adéquation entre vous et votre projet de recherche, et non sur vous uniquement.

En somme, votre présentation doit s’en tenir à montrer que votre projet de recherche est de qualité, et que vous êtes qualifié(e) pour le poste.

Cela signifie aussi que vous devez être prêt(e) à quitter votre emploi actuel s’il s’agit d’un temps plein, et à faire des aménagements s’il s’agit d’un temps partiel – si vous obtenez un contrat doctoral, l’université deviendra votre employeur principal et vous aurez besoin de son autorisation pour cumuler le contrat doctoral et un autre contrat.

2. Réussir le concours du contrat doctoral : les questions du jury

Les questions du jury ont pour objectif d’approfondir des points soulevés dans votre présentation, ou d’obtenir des éléments qui n’y figurent pas.

La priorité des jurés est de s’assurer que le projet de recherche est cohérent : la problématique doit être originale et en adéquation avec le programme de recherche du laboratoire. Le corpus et la méthodologie doivent être maîtrisés. Le projet professionnel doit être réaliste, et le candidat doit être solide.

Souvent, les questions portent donc sur :

A. Le projet de recherche en lui-même, avec des questions comme :

– Êtes-vous sûr que votre projet est réalisable en trois ans ?

– Que ferez-vous si vous n’avez pas soutenu votre thèse après trois ans ?

– Psychologiquement, vous sentez-vous capable de terminer en trois ans ?

– Êtes-vous certain que la réalisation de votre thèse sera prioritaire ces trois prochaines années ?

Ces questions ont été adressées à des candidats très jeunes, ayant une famille à charge, ayant des responsabilités d’ordre professionnel à gérer et/ou ayant évoqué des difficultés d’ordre psychologique au cours de leur parcours dans leur présentation.

Cela arrive fréquemment lorsque les candidats sont concernés personnellement par leur sujet d’étude – un parent d’enfant autiste préparant une thèse sur le système de prise en charge d’enfants autistes, un parent passionné par un modèle d’éducation peu étudié ou émergent, un candidat porteur de handicap qui s’intéresse au système de santé publique, un candidat investi dans une cause écologique ou pratiquant un sport de haut niveau, et ayant transformé ces intérêts personnels en projets professionnels.

Pensez donc bien, si vous décidez d’évoquer votre lien personnel à votre sujet, à vous assurer que l’argument ne se retourne pas contre vous, pour ainsi dire. Rassurez votre jury, et gardez à l’esprit que sa logique n’est pas la vôtre : vous êtes passionné, il recrute. Dosez.

Sur le projet de recherche en lui-même, d’autres questions ont été posées :

– Où en êtes-vous dans vos recherches ? 

– Avez-vous réfléchi à l’impact social et sociétal de votre travail de recherche ?

– Sur quel type d’échantillon comptez-vous réaliser votre étude quantitative ?

– Quel est votre positionnement sur le plan de la déontologie et du respect des données

personnelles recueillies ? 

– Que pensez-vous des travaux de [tel auteur] ?

– Êtes-vous certain que [telle source] se trouve complète à [tel endroit] ?

– Que pouvez-vous dire de votre terrain ? Qui connaissez-vous dans ce milieu ? 

Ici, le jury va chercher un complément d’informations qu’il n’a trouvé ni dans le projet de recherche, ni dans la présentation. La première question a été posée à un candidat passant le concours en fin de première année. Les autres ont mis en lumière un manque ayant fait naître un doute ou un besoin de précision dans l’esprit des jurés.

Il peut s’agir d’un auteur qui ne figurerait pas dans la liste des ouvrages bibliographiques, d’une source qui aurait été repérée via une recherche en ligne et non sur place, d’un échantillon qu’on cherche à mesurer (ici, le jury voulait savoir combien de personnes allaient être interrogées), ou d’un terrain de recherche réputé difficile d’accès ou opaque.

Face à ce type de questions, répondez toujours de manière simple et directe. N’interprétez pas les questions. Il ne s’agit pas de pièges. On ne cherche à pas à vous pousser à bout, à vous contredire ou à vous mettre en difficulté. Le jury ne doute pas de votre sérieux.

Ses questions doivent vous permettre d’identifier des éléments auxquels vous n’avez pas pensé. Une question doit vous mettre la puce à l’oreille : une partie des archives peut se trouver à l’endroit mentionné, mais cet endroit peut être connu pour n’héberger qu’une partie d’un ensemble archivistique. Un auteur a pu être oublié en bibliographie, et vous avez le droit de ne pas les connaître tous à ce stade du projet.

Ne vous laissez donc pas déstabiliser. Au contraire, n’hésitez pas à remercier brièvement le jury pour sa question avant d’y répondre, à lui demander de reformuler sa question ou à lui demander une précision si vous avez le moindre doute sur la compréhension de la question.

2. Le candidat, via des questions sur le projet professionnel :

– Pourquoi voulez-vous faire une thèse ?

– Qu’est-ce que la thèse vous permettra de faire ?

– Que comptez-vous faire après la thèse ?

– Votre thèse vous permettra-t-elle de faire une carrière par la suite ?

– Êtes-vous sûr de vouloir mener une carrière académique après la thèse ?

– À quels autres projets professionnels avez-vous pensé après la thèse ? 

– Êtes-vous sûr de la portée professionnelle de votre projet de thèse ?

– Que ferez-vous de votre poste actuel si vous obtenez le contrat doctoral ?

– Avez-vous des contacts sur le terrain professionnel que vous visez ?

Ces questions n’ont qu’un seul but : s’assurer que vous savez où vous allez. Certains jurés insistent sur la logique professionnelle des projets de recherche et sur la capacité des candidats à rebondir en-dehors du milieu académique.

Cela ne doit pas vous effrayer. Les places sont peu nombreuses à l’université. Un juré qui insiste sur ce point est un juré consciencieux. Son objectif n’est pas de briser votre rêve ou de vous faire peur, mais d’observer ce que produit sur vous l’idée que vous ne ferez pas de carrière académique ou que la voie professionnelle que vous envisagez n’est pas facile d’accès.

Ne pas vous montrer abasourdi(e), choqué(e) ou agacé(e) par des questions de cet ordre vous permettra de convaincre le jury que ce sujet n’est pas sensible : vous vous adapterez.

La plupart des comités en poste à l’université voient trop de candidats se bercer d’illusions à l’entrée et insistent sur le fait qu’une thèse n’est pas toujours utile à la progression de votre carrière. Par leurs questions, qui peuvent vous paraître insistante, ils cherchent à savoir si vous êtes solide et bien informé.

Si vous souhaitez être accompagné(e) sur la préparation d’une audition, n’hésitez pas à contacter à l’agence ou à réserver un appel de découverte (gratuit). Les résultats de cette année ont été exceptionnels, avec quatorze financements de recherche attribués aux candidats qui sont passés par l’agence. J’en suis très fière et très heureuse !

À bientôt,

Erika

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