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POURQUOI FAIRE UN DOCTORAT EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ?

Ce truc dont on ne parle jamais

Pourquoi faire ce genre d’études ?

Bonne question. Les sciences humaines et sociales, ce sont les sciences qu’on ne considère pas comme des sciences en France : la sociologie, les sciences politiques, l’histoire, l’histoire de l’art, la philosophie et j’en passe.

Quand je faisais mon doctorat d’histoire de l’art contemporain, j’ai tout entendu et si vous faites un doctorat dans le domaine des sciences humaines, ce sera votre quotidien : pourquoi ? Pourquoi tu fais ça, à quoi ça sert, c’est pour faire quoi après… sous entendu : ça ne sert à rien, et on va vous le faire sentir. Clairement, si vous pensez être un jour reconnu par votre entourage personnel et professionnel parce que vous êtes docteure dans un domaine des sciences humaines, abandonnez tout espoir : ça n’a aucune valeur aujourd’hui dans l’esprit des gens.

Du moins, c’est ce qu’ils vous diront.

Alors pourquoi ? C’est la question à laquelle on s’attaque aujourd’hui.

A quoi bon faire un doctorat en sciences humaines et sociales ? On en parle dans cette vidéo.

On m’a souvent demandé, quand j’étais aux prises avec mon doctorat d’histoire de l’art contemporain, à quoi ces études pouvaient bien servir et pourquoi je me prenais la tête avec ça en fait. 

Et je ne savais jamais quoi répondre. Pourtant, aller au bout de ce doctorat a été vraiment difficile et je me suis souvent posée la question moi aussi. Puisque les gens ne mesureront jamais ce que c’est, de faire et d’obtenir un doctorat, à quoi bon ?

Et je me suis accrochée, et je l’ai eu. Parce qu’évidemment, on ne fait pas un doctorat pour les autres ou pour ce qu’ils vont en penser, ce serait impossible car c’est trop difficile, il faut des raisons très solides si on veut réussir à aller au bout.

Et moi en fait, si j’étais mal à l’aise avec cette question – et je le suis toujours – c’est parce que pour moi faire ce doctorat était quelque chose d’intime en réalité. En mon for intérieur, c’était comme ça. Je le fais pour une raison, et ça m’appartient en fait.

Et puis, les raisons variaient au cours du temps, selon les jours. Quand mon travail avançait bien, quand je venais de faire une découverte majeure pour mon domaine, quand je terminais un chapitre d’écriture que je trouvais bien, quand je sortais de conférence, les raisons étaient évidentes : ça allait forcément déboucher sur quelque chose, c’était passionnant, j’étais à fond, je me sentais hyper bien, j’avais vraiment le sentiment de vivre quelque chose d’unique et que j’étais privilégiée en fait, d’avoir accès à ce genre d’émotion. Peu de gens les vivent, peu de gens savent l’effet que ça procure. 

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Ces émotions, ce sont elles qui donnent du sens au choix de vie qu’on a fait en suivant la voie de la thèse en sciences humaines. C’est la voie des intellectuels, de ceux qui savent, de ceux qui voient et qui comprennent les phénomènes humains. C’est quelque chose qui fascine encore beaucoup, tout comme l’art, et si je peux vous dire une chose c’est que les gens auront beau vous dire que ce que vous faites ne sert à rien, que ça n’a aucun sens et que ça ne mène nulle part, en réalité c’est tout le contraire. Non seulement c’est faux, mais ce n’est pas ce que les gens pensent.

C’est quelque chose qui fascine, qui intrigue, et la plupart des gens espèreront au fond d’eux que vous allez vous planter parce que si vous réussissez, vous atteindrez quelque chose qu’eux ne connaîtront jamais. Ça va les rassurer que vous vous plantiez. Ils se diront qu’ils ont bien fait de ne pas y aller, et que finalement ils ont été plus malins que vous. 

Ça peut paraître prétentieux, mais je sais de quoi je parle et j’ai aujourd’hui le recul nécessaire pour être en mesure de l’affirmer : si vous réussissez, vous atteindrez quelque chose que la plupart des gens n’atteindront jamais. Et ça, ils ne vous le diront pas. C’est comme un sommet, un niveau de conscience, une capacité à voir et à sentir que vous seuls connaitrez. 

Faire un doctorat et le mener à bien, c’est connaître ce sentiment récurrent, c’est très intime et difficile à décrire, mais cela va vous apporter une part très grande de votre identité pour le reste de votre vie. Vous n’allez pas le sentir immédiatement, cela ne va pas révolutionner votre vie, c’est simplement une saveur unique qui va s’installer peu à peu dans votre vie, que les autres percevront mais qui leur échappera en même temps et dont vous, vous profiterez pleinement.

Je pense, j’affirme, qu’il est courageux d’entreprendre un doctorat en sciences humaines et sociales, pour des raisons évidentes. Mais cela vous confèrera une valeur qui n’a pas de nom, une valeur anonyme, dont personne ne va vous parler mais que vous connaîtrez et que vous serez en mesure de reconnaître. Je ne vais pas vous sortir le couplet sur l’argent en vous disant que ça ne sert à rien, que ce qui compte ce sont les valeurs humaines et la richesse intérieure. Je ne vais pas vous dire que faire un doctorat en sciences humaines est plus noble et que c’est pour ça qu’il faut le faire, non.

Ce que je veux dire c’est que si les médecins gagnaient le SMIC, les gens diraient la même chose du doctorat de médecine que ce que vous entendez en histoire ou en géographie, en anthropologie ou en cinéma : ce serait trop de tracas pour rien. Les gens vont vous faire croire ce qui les arrange, ils vont vous laisser penser qu’ils n’ont pas de respect pour ce que vous faites et pour votre savoir, alors qu’en fait ils y seront tout sauf indifférents. 

Les raisons sont nombreuses d’aller chercher le plus haut diplôme qui existe, et ces raisons sont en vous, elles n’appartiennent qu’à vous.

Je pourrais vous les énumérer mais pour cette fois j’ai choisi d’éviter l’article en 5 bonnes raisons. Je ne vais vous en donner qu’une seule : si vous sentez que c’est quelque chose que vous devez faire, même si ça vous dépasse, faites-le. Si vous sentez que vous savez de quoi je parle ici, si l’idée d’atteindre simplement quelque chose de plus grand, de plus subtil et de plus vrai, si l’idée de vous dépasser vous plait, et que vous doutez seulement de pouvoir atteindre ce sentiment d’unicité, sachez que vous l’aurez.

Allez au bout, et vous l’aurez. Ensuite seulement vous réglerez les questions d’argent, de comment gagner votre vie, de comment vous servir de vos compétences et les faire reconnaître. Tout cela viendra. Ne lâchez rien, faites-vous confiance et suivez vos convictions les plus intimes.

Love,

Erika

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3 réponses

  1. ” si vous sentez que c’est quelque chose que vous devez faire, même si ça vous dépasse, faites-le.” Ça me parle ça !
    Merci beaucoup.

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