REPRENDRE CONSCIENCE DE SON TALENT EN DOCTORAT – PODCAST “CHERCHEUR, RÉVEILLE-TOI” EPISODE 1
Le texte complet de l’épisode “REPRENDRE CONSCIENCE DE SON TALENT EN DOCTORAT” 👇 Bonjour et bienvenue dans le podcast « Chercheur, réveille-toi ! » ! Dans ce premier épisode, j’ai décidé de revenir rapidement sur mon parcours, à la fois pour me présenter et pour présenter l’essence des réflexions que je compte partager ici à compter d’aujourd’hui. Cette présentation, je vais l’aborder sous l’angle d’une erreur que j’ai commise en doctorat. C’est l’erreur qui, dans le long terme, m’a coûté ma santé et m’a envoyée deux fois à l’hôpital en dernière année de thèse. Mais c’est aussi l’erreur qui me permet aujourd’hui d’être totalement sereine dans mon activité professionnelle. Mon but n’est donc pas forcément que tu l’évites, mais que tu identifies plus tôt ce qui se joue pour beaucoup de jeunes chercheurs en doctorat – en particulier en SHS. Je vais aborder cela en quatre volets : d’abord, je vais revenir sur la manière dont j’ai abordé l’université puis le doctorat, avant d’aborder ce que l’université et le doctorat m’ont renvoyé de leur côté. Je vais parler ensuite de la façon dont j’ai rompu avec l’université, et je te livrerai enfin de manière plus directe une clé à utiliser de ton côté si tu vis une situation difficile en doctorat. Dans ce dernier volet, je t’inviterai à te poser un certain nombre de questions, et à faire un petit exercice qui pourrait bien changer le cours de ta carrière ! J’espère que tu es prêt(e), et je te souhaite une très belle écoute ! Aborder l’université et le doctorat Quand j’étais en licence, mes Professeurs me fascinaient. En histoire de l’art, c’est un monde à part dans lequel les Professeurs apparaissent comme de véritables sachants. Ils comprennent l’art, ils en parlent à longueur de journée, ils côtoient des gens intéressants et font des choses fascinantes comme des conférences, des vernissages ou des congrès. À l’époque, pas une once de mon âme n’envisageait d’atteindre un jour ce niveau. Moi, j’étais une étudiante paumée, habillée tout en noir, qui arrivait toujours en retard pour ne croiser personne et ne pas avoir à parler à qui que ce soit. Je travaillais en parallèle et ces études me faisaient galérer. À l’université, je ne tissais pas de relations, j’étais souvent absente – soit parce que je devais travailler, soit parce que j’étais trop fatiguée – et pour ces raisons, je me sentais en décalage avec mes camarades. J’étais loin de la maison. Je ne connaissais pas les codes de l’université, je ne savais pas qu’elle était beaucoup moins prestigieuse que les prépas et de toute façon, je me suis retrouvée là parce qu’avec mon Bac scientifique, je n’avais pas réussi à entrer en prépa d’école d’arts appliqués – j’avais été acceptée en prépa vétérinaire, qui était mon projet initial depuis l’enfance avant de changer complètement de projet au cours de mon année de terminale, suite à de graves problématiques familiales. Ce cursus à l’université était un donc choix par défaut pour moi, et un choix que je n’avais pas pu anticiper ou mûrir, c’était allé très vite. J’étais vraiment perdue et mon parcours en licence a été chaotique au début – j’ai d’ailleurs redoublé la deuxième année car je n’étais pas vraiment dedans. Les choses ont commencé à s’améliorer pendant mon année de redoublement, car j’avais validé plusieurs UE et j’avais déjà vu celles que je devais repasser. J’ai pu me poser un peu et le simple fait de « revoir » au lieu de découvrir totalement, m’a aidée à rebondir. En troisième année, j’étais enfin en piste et j’ai validé la licence avec une première mention. Petit à petit, je suis devenue un pur produit de l’université. Comme j’étais très précaire dès le départ, que j’étais seule, sans soutien parental et issue d’un milieu ouvrier, je collais en fait assez bien avec l’archétype de l’étudiante en fac de lettres. Dès lors que j’ai eu conscience de cela – consciente d’être à ma place en fait –, j’ai adhéré aux valeurs de cet univers et je me suis complètement identifiée au milieu universitaire. Mes études étaient la seule chose à laquelle me raccrocher pour espérer m’en sortir, et l’université était pour moi le seul lieu accessible pour ce faire. Vu ma situation, et vu combien j’en souffrais – parce que même si mes résultats étaient bons, j’étais dans un sentiment d’injustice en permanence – j’étais forcément contre les inégalités sociales, contre le capitalisme, contre ceux qui « profitent », contre les étudiants d’écoles de commerce, et contre toute forme de superficialité. Pour financer mes études, je n’envisageais pas une seconde de faire autre chose que de l’enseignement, de l’aide aux devoirs ou du soutien scolaire, et de l’accompagnement aux jeunes des quartiers où je vivais, moi aussi. C’est en baignant dans cet environnement, que j’ai créé ma zone de confort dans la précarité. J’ai travaillé comme une dingue pour relever mon niveau. Je voulais comprendre les discussions intellectuelles qui avaient cours sur des sujets qui m’étaient étrangers, autour de questions que je ne m’étais jamais posées. En master, je suis passée par une phase de mépris envers le manque de culture des autres, en m’appuyant sur eux pour me sentir un peu supérieure et pouvoir dire des phrases du genre : « attends, tu ne connais pas Pontormo ? » Voilà, je suis passée un peu par là. Puis, je suis entrée en doctorat. Pas un instant je n’ai envisagé de faire financer ma thèse. C’était trop compliqué et puis, il y avait des rumeurs sur les doctorants financés – c’étaient des chouchous, des privilégiés, des gens avec des passe-droits. Pas mon genre. En 2ème année, je n’avais plus de solution pour financer ma thèse. Mon contrat de travail avec l’éducation nationale ne pouvait pas dépasser six ans, donc je me suis retrouvée sans rien ou disons pas grand-chose, et puis je n’avais pas vraiment d’idées en fait. Les heures de soutien scolaire ne suffisaient pas bien sûr et je ne savais pas que j’avais le droit au chômage, puisque je croyais être encore étudiante. Mon meilleur