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CE QUI CHANGERA TA VIE EN DOCTORAT | Gérer le temps, l’attente et l’incertitude en doctorat

Gérer l’incertitude en doctorat

La réputation du doctorat le précède : il est difficile à obtenir.

Les candidats à l’inscription en doctorat l’entendent, les doctorants le savent et les docteurs le disent, l’expérience doctorale est difficile voire douloureuse.

Et c’est vrai.

Mais qui vous dit comment bien vivre le doctorat ?

Est-ce possible ?

Oui, à condition de prendre du recul et de se décentrer au quotidien.

1. Qu’est-ce qui est si difficile en doctorat ?

Lorsqu’on se sent en difficulté, on lutte. On résiste.

Face à la notion d’obstacle, la plupart des doctorants procrastinent et finissent par agir dans la douleur. C’est ce que j’ai longtemps fait, et cette dynamique s’est insinuée jusque dans les plus petites actions du quotidien.

Cet ouvrage n’est plus disponible, j’avais besoin de cette référence, je n’avance plus.

Ma directrice n’a pas répondu à mon mail, j’ai besoin de sa réponse, je n’avance plus.

J’ai envoyé une candidature à un financement, j’attends la réponse, je n’avance plus.

J’ai commandé du matériel pour mener une expérience, il est en chemin, je n’avance plus.

Je n’ai pas de financement de recherche, mon contrat de travail se termine, je n’avance plus.

Cette liste pourrait s’éterniser mais je crois que vous voyez de quoi je parle.

D’ailleurs, je sais que vous êtes nombreux à rechercher des hacks pour vous organiser en doctorat et être plus productif en thèse.

Mais pourquoi faites-vous cela ?

Parce que les doctorants culpabilisent lorsqu’ils n’avancent plus. Quand cela vous arrive, vous pensez que c’est de votre faute : manque de travail, manque d’organisation, manque de rigueur, trop peu d’acquis, lacunes.

Et cette culpabilité nourrit votre sentiment de ne pas être à la hauteur. Elle fait grandir le syndrome de l’imposteur, et vous met en échec.

Ce qui peut changer votre vie en doctorat, c’est d’identifier et de comprendre ce mécanisme. C’est de comprendre qu’un rythme décousu est normal, intrinsèque à la recherche.

Il est vécu par l’ensemble des doctorants, dans toutes les disciplines de recherche.

Ce qui peut tout changer, ce n’est pas d’observer ou de résoudre un phénomène isolé ; c’est de comprendre les dynamiques entre les phénomènes. C’est de voir comment un phénomène impacte les autres.

Alors, commencez par vous-même.

Pour exceller en recherche, il ne s’agit pas de travailler plus mais de travailler mieux.

Un manque de travail se résout par un travail plus soutenu, n’est-ce pas ?

Pourtant, travailler plus en recherche ne résout pas votre problème initial.

Pourquoi ?

Parce que votre problème n’est pas la procrastination. Votre problème, c’est que l’attente et l’incertitude intrinsèques à la recherche soient pour vous des obstacles. C’est cela qui vous ralentit et engendre la procrastination.

Votre vie doctorale changera lorsque vous accepterez l’incertitude que l’expérience doctorale place au centre de votre vie.

Car c’est bien l’incertitude qui est insupportable en doctorat. C’est l’incertitude qui s’immisce et grandit dans l’expérience doctorale.

Cette incertitude en doctorat, qui se cache dans la recherche et se prolonge dans ces pauses qui vous empêchent d’avancer, rend le travail d’autant plus difficile qu’elle devient centrale et commence à se répercuter sur tous les aspects de votre vie.

Avez-vous remarqué comment cette incertitude se déplace en vous ?

Elle vient par les questions de recherche et soudain, elle s’applique à toute votre vie.

Où ce doctorat va-t-il me mener ?

Comment me projeter dans ma vie personnelle pendant le doctorat ?

Que faire après la thèse ?

Comment valoriser mon expérience alors que j’ai perdu toute confiance en l’avenir ?

Et là, c’est l’engrenage. L’incertitude est en train de vous dévorer.

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2. Comment reprendre le dessus et gérer l’incertitude en doctorat ?

En recherche, il est normal d’être confronté en permanence à ce qu’on ignore.

C’est nécessaire.

Il n’y a aucune corrélation entre l’incertitude et le manque de travail. L’attente fait partie de votre travail et lorsque vous attendez quelque chose en recherche, vous travaillez.

Alors, tout l’enjeu est de savoir gérer cette attente et cette incertitude en doctorat.

  • Vous n’êtes plus des victimes de l’attente et de l’incertitude, vous êtes des chercheurs

Bien sûr, à partir d’aujourd’hui, vous ne culpabiliserez plus jamais pendant le trajet d’un ouvrage, la réception de matériel ou la réponse de l’encadrant.

Non, ce ne sera plus jamais un sujet pour vous. Vous ne perdrez plus jamais d’énergie à culpabiliser pour cela. Vous ne vous sentirez plus jamais en échec pendant ce temps-là.

D’emblée, vous allez gagner du temps. Vous allez remonter en énergie. Vous allez vous démarquer.

  • Vous êtes des chercheurs, donc vous vous organisez en fonction de vos contraintes

À partir de maintenant, vous aurez une routine personnelle pour les moments d’attente. Tous ces temps morts où il vous faut prendre votre mal en patience, vous savez maintenant quoi faire.

Quelle est votre routine ?

Est-ce que vous profitez de ce temps mort pour rédiger une partie de votre thèse ? Ou bien, ne serait-ce pas le moment idéal pour prendre quelques jours de congés et vous reposer sans la moindre culpabilité ? Ou alors, n’en profiteriez-vous pas pour lire cette monographie qui traîne sur votre bureau depuis quinze jours ?

Mais encore, n’est-ce pas le moment d’aller voir l’actualité de la recherche ? De consulter les appels à contribution de votre discipline histoire de repérer d’éventuelles opportunités de publier ou de communiquer ? Depuis combien de temps n’avez-vous pas flâné sur les offres de financements, les appels à projet ?

Envie de nouveauté ? Pourquoi ne pas organiser votre première journée d’études ? C’est le moment d’inviter des personnalités de la recherche à discuter autour d’un thème. Le plus réjouissant, c’est que vous avez le choix de ce thème.

Si vous aviez huit personnalités de la recherche dans votre discipline et que vous aviez la possibilité, aujourd’hui, de les faire discuter autour d’un thème, quel serait-il ?

Et si, pour changer d’horizon, vous préfériez prendre ce temps pour aller respirer en formation doctorale ? Ce n’est jamais le moment, d’après de nombreux doctorants. Vous, vous savez que les formations doctorales vous font un bien fou.

Elles vous permettent de prendre du recul dans les périodes compliquées, de rencontrer des chercheurs d’autres disciplines, d’apprendre des choses que vous ne saviez pas, et d’avoir des idées que vous n’aviez jamais eues.

incertitude en doctorat

3. La réussite est un état d’esprit

Vous venez de transformer un obstacle en force.

Pourtant, vous n’avez pas plus de force qu’hier. Vous avez simplement transcendé l’obstacle initial en le percevant autrement.

C’est une compétence rare, et vous comprendrez vite qu’il suffit d’avoir cette capacité à s’arrêter pour prendre du recul.

Quelque chose vous fait souffrir en recherche ? Ne luttez pas.

Identifiez ce que c’est sans vous tromper de cible. Ensuite, observez comment cette chose fonctionne, comment vous y réagissez et pourquoi.

Vous l’aurez probablement résolue.

L’avantage, c’est que cela fonctionne pour vous aussi bien qu’en recherche.

Si quelque chose bloque dans vos travaux, ne vous acharnez pas. Souvent, ce n’est qu’un maillon, il manque une information pour relier deux paramètres ou deux résultats.

Dédramatisez.

Prenez du recul, cherchez la source manquante (ce peut être une manip à faire, un ouvrage à rechercher, une question à poser, un outil à prendre en main), et vous aurez la réponse rapidement.

Un blocage n’est rien de plus qu’une information en recherche. Il suffit de le comprendre pour mettre en œuvre une expérience plus linéaire, plus fluide, et cesser d’être déstabilisé en permanence.

N’organisez pas vos semestres, mais vos semaines.

Entourez-vous de jeunes chercheurs et de professionnels qui ont des stratégies efficaces pour avancer quoi qu’il se passe.

Identifiez vos difficultés et ne faites pas comme la majorité des doctorants : ne les planquez pas sous le tapis, mettez-les en avant, traitez-les pour ne pas qu’elles reviennent régulièrement – elles le feront toujours avec plus de force et finiront par vous épuiser.

Soyez proactif tous les jours.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Que vous décidez. Vous décidez d’organiser un colloque comme vous décidez que vous prenez du repos. Vous décidez de vous conformer aux attentes de votre directeur comme vous décidez de vos limites. Vous décidez de commencer la rédaction de la thèse comme vous décidez qu’aujourd’hui n’est pas un bon jour pour écrire, et vous décidez de savoir exactement quoi faire les jours où cela arrive.

En somme, ne cherchez pas à anticiper les obstacles, anticipez les actions à mettre en place lorsque les obstacles se présentent. C’est vous qui choisissez la façon d’y faire face et d’y réagir au quotidien.

Bon courage !

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